mardi 1 décembre 2015

Aux larmes Citoyens !





Lors de son discours lors de la commémoration des attentats du 13 Novembre, Mr F.Hollande a dit  que “cette jeunesse était le visage de la France”. Les lettrés dévoyés, défroqués, qui écrivent les discours présidentiels ont pris cette phrase et notre Président en était conscient, au beau discours (un brin granguignolesque ) d’André Malraux pour le transfert au Panthéon de Jean Moulin, le 19 décembre 1964. C’était la dernière phrase avant  les roulements de tambour pour le chant des Partisans : “Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France”...

Qu’elle obscénité, quelle manipulation  de l’histoire de comparer ainsi un résistant torturé qui n’a rien dit alors qui savait tout , à ces jeunes dont l'assassinat est tragique mais qui ne faisaient que d’aller à un concert, ou boire un coup en terrasse... Mais il en va ainsi dans la République de la compassion, du “live”, et des effets de manche, on mélange tout, on oblitère le sens des choses, des mots...Ce dévoiement des symboles et des mots n’est que le début de l’obscurité.

Et puis ces jeunes n’étaient  pas LE visage de la France, loin de là,  mais d’une partie, d’une toute petite partie de la France, cachant celui des chômeurs en fin de droits, des licenciés, des femmes célibataires, des travailleurs précaires, des banlieue en déshérence, des 6 millions de Français vivant sous le le seuil de pauvreté, des mal logés, etc… Ce discours était pour les élites et électoraliste pour notre Président en vue de 2017…

Dans la république compasionnelle,” La jeunesse s'empare des symboles républicains” dixit le Monde,  mais savent ils encore que ce drapeau Français est celui des Colonies, de la Collaborations, des Dreyfusards, de Setif, de la torture en Algérie, d’octobre 61, du Ministère de l’information de De Gaulle, et plus récement des mises en résidence surveillée et des perquisition sous Etat d’Urgence de militants écologiques en 2015 pour la durée de la COP 21. Le vénérer ainsi à tout bout de champs, comme un hochet pour Facebook, c’est comme cracher sur ses victimes passées..

Dans la saturation du réel organisé par les medias,  dans la sidération comme moyen de contrôle des masses, dans cette tristesse sans fin, heureusement que des dissonances appellent à la raison : celle d’une soeur et d’un père  de victimes du Bataclan qui expliquent leur non participation à cette commémoration car pour eux le gouvernement et les politiques sont largement fautifs et ont une part de responsabilité dans cet attentat…


dimanche 15 novembre 2015

Parfois je la revois






























Vers la fin de “Echoes of silence”, le film de Peter Emanuel Goldman, il y a un plan très beau. Etrange. Court. 5 secondes. Une femme habillée de blanc, se tient debout. Dos au mur. La caméra la filme en plongée. Elle émerge de l’obscurité dense de la rue. Elle se détache. Elle en blanc. La rue en noir. Elle a sa main gauche posée sur sa hanche. Dans une pose langoureuse. Elle est en robe. Manche courte.  C’est une nuit d’été. A son poignet gauche elle porte une montre. Elle ne sait pas qu’elle est filmé. Elle est adossé au mur d’un porche. Elle attend. Peut être est ce une prostituée ? Elle attend. Son corps est attente. Son corps a une certaine nonchalance dans sa pose. Oui c’est une prostituée. Certainement. La caméra la filme en plongée. Elle la filme  à son insu. En plongée. Tout a coup. Comment le sait elle ? Elle tourne sa tête vers la caméra, un bref instant. On découvre son visage. Son beau visage.  Son regard. Son beau regard.  Cette femme est belle. Extraordinairement belle. Elle  a une robe  avec des fleurs imprimées.  C’est un film des années 60. Elle a des cheveux courts. Elle regarde la caméra. Un bref instant. Un bref instant, on dirait quelle sourit. Elle regarde la caméra. Surprise. Puis son regard se baisse. Comme honteuse que l’on la filme ainsi. Dans l’attente. Elle a des cheveux courts qui laisse sa place, toute la place , a son visage. A son regard. Elle baisse la tête et pivote sur son côté droit, pour entrer  sous le porche. Se cacher. Se soustraire au regard. De la caméra. Pour disparaître. Elle nous laisse qu’un profil. Une ligne d’elle même. Une tache blanche de souvenir. J’aimerai la retenir. La connaître. Etre la nuit qui l’enveloppe. Être la pellicule dans laquelle son image est imprimée. Retenue. Embaumée.
Parfois je la revois.

lundi 9 novembre 2015

Auschwitz Saison 1





















Le torrent médiatique qu’accompagne la sortie du film “Le fils de Saul” et le story telling journalistique autour de son réalisateur (Premier film, sa jeunesse, presque palme d’or, sa production refusée en France) engloutit quelque peu la réflexion, voire l’intelligence.

La forme narrative et fictionnelle du cinéma traditionnel est elle la forme la plus pertinente pour parler d'Auschwitz ? 
“ Nuit et brouillard “ était un regard d’auteur posé sur l’Histoire. Celui de “Le fils de Saul”  est celui des poncifs scénaristiques et esthétiques du cinéma commercial.  C’est un film d’aventure qui, toute honte bue, se passe à Auschwitz  et il est fort à parier qu’une chaîne Américaine en rachètera les droits pour en faire une série : Auschwitz Saison 1 ; Auschwitz Saison 2, ça aura de la gueule sur les publicités  de Netflix…. 

Et puis le recours à la fiction narrative n’est il pas une faiblesse idéologique ? Un aveu de l’intégration de son propos dans le système marchand, avec comme corollaires l’acception des contraintes marketing de l’industrie cinéma au détriment d’Auschwitz comme Histoire. 

En terme d’écriture cinématographie, ce film est terriblement  marqué par la patte de la génération « Gopro » : Steadycam ad nauseam comme unique réflexion sur l’image, et on se ressent quand même comme un rescapé de l’image car on évité  le ralenti et le time lapse…

D’autres formes de cinéma existent pour évoquer d’Auschwitz, pour regarder Auschwitz, pour réfléchir Auschwitz. Mon court métrage « Le Ruisseau » adapté d’un texte de Charlotte Delbo extrait de “Auschwitz et après / Une connaissance Inutile” ; Editions Gallimard, sera projeté le mercredi 25 novembre 2016,  lors de la soirée de projection de court métrages organisée  par « Les bobines du Loup », au Lou Pascalou, 14 rue des Panoyaux 75020 Paris, métro Ménilmontant. Entrée libre à partir de 20H. Projection à 21H

lundi 19 octobre 2015

Lamentations de lumière













Je viens de découvrir  « Echoes of silence » de Peter Emanuel Goldman tourné en 1964 à New York. Noir et Blanc 16mm . Quelle beauté.  Quelle force. Pas de dialogue. De la musique. Tout est dans l’image. Rien que l’image. Le cadre. La lumière. C’est la caméra qui parle. Qui fait parler les visages. Qui transcrit les émotions. C’est l’image et elle seule qui porte le récit.  Cinema de pur désir. De Pure image.  On rentre par l’image dans l’errance de Miguel, personnage principal, cadrages somptueux de lumière, de fort contraste. Gros plans de visage. Raccord dans l’axe. Les lamentations de Miguel, devient lamentation de lumière. 

A la vision de ce film, tout à coup Taxi Driver, tourné seulement 10 ans plus tard, devient ridicule. Petit. Médiocre. On n’est plus  dans l’émotion pure, mais celle reconstituée du cinéma commercial. Les plans sont du déjà vu. Du bon gros cadrage hollywoodien. On se demande comment a pu aimer  cette soupe  visuelle,  ce New York de pacotille, cette errance qui n’en est pas une, ce scénario à grosses ficelles.  Cette image loin du cinéma. La camera capte mais ne crée pas, on est plus dans le désir, mais l’application des lois, des règles. Des recettes.

Même Robert de Niro me semble fadasse, par rapport à Miguel Chacour qui interprète le rôle principal de « Echoes of silence ». Son visage est image. Il nous dit son désarroi, ses démons, ses espoirs, ses errances intérieures, sa désespérance, magnifiquement. Robert de Niro, joue, Miguel Chacour vit. Voila l’intense différence, que la camera de Peter Emanuel Goldmann saisit, transfigure.

Dans son autre film «  Pestilent City », un court métrage documentaire sur le New York de 1965, sa misère, ses déchus du sytème, sa saleté, ses sans espoirs assit sur les bancs, trainant dans les rues, ses regards d’âme vidée par la malheur. Le regard de Peter Emanuel Goldmann est sans concession, mais en les filmant avec tant de désir, de beauté, on dirait qu’il leur donne une dignité que la Société leur a  refusé. La musique est composé principalement de piano désaccordé mais à certains courts moments, (en 5’0’’), une musique plus orchestrale apparaît avec un son sourd, lent, une sorte de souffle grave, qui fait écho à la musique de Bernard Herrmann pour Taxi Driver, écrite 10 ans plus tard…Etrange résonances, comme si la ville engendrait ces sons.


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samedi 26 septembre 2015

Impudeur





















Consultation cardiologique pour ma mère. 92 ans. Pré Alzheimer. La consultation se fait torse nu. Je déshabille ma mère. Je vois sa poitrine nue. Ma mère n'est pas gênée. Comme si la pudeur avait disparue. Comme si le corps, n'existait plus. Ou bien qu'il était presque cadavre. Sans âme. Abandonné. En partance.  Un corps en dérade. En retrait. En effacement.

mercredi 12 août 2015

C'est le soleil qui filme









Le rapport entre l’ombre et la lumière est antinomique chez les Occidentaux, pour les Japonais ils sont complémentaire, l’un est issu de l'autre, l’un vit par l’autre, l'un est dans l’autre, l’un est l’autre.

Les Japonais ont la prescience du N&B, les Occidentaux n'en ont que  la conscience. Leurs ressentis sont de l'ordre de la perception, de l'instinct. La notre est de l'ordre de la construction intellectuelle. Ils perçoivent, nous ne faisons que ressentir.

L'unicité qui prévaut dans la culture japonaise est le terreau de leur sensibilité englobante, enveloppante, alors  le noir et blanc est la lumière de l'âme. Les plans en plongée très courants dans les films Japonais est une vision zénithale, c'est le soleil qui filme. le regard qui devient lumière.

Pour eux le flou n’est pas l’opposé du net. Le flou ne corrompt pas le net. Ils sa propre existence, sa signifiance propre.Il structure le regard, s’offre à lui. C’est un univers unifié que nous propose le regard Japonais où lumière et netteté s’unissent : le flou est la pénombre de la netteté, la pénombre est le flou de la lumière.

jeudi 4 juin 2015

22 Gia Long Street, Saigon












Je n'avais jamais vu, ou alors je m'en souviens pas, les scènes filmées montrant l'embarquement des privilégiés Sud Vietnamien dans les hélicoptères Américains sur le toit du bâtiment de l’USAID à Saigon, au 22 Gia Long Street, dont le dernier étage était réservé au responsable de la CIA au Vietnam.

Je ne connaissais que la fameuse photographie prise par le photographe Hugh Van Es d’UPI. Je la connaissais par l'intensité dramatique de cette vision, sa symbolique forte de la victoire du Viêt-cong par la fuite des nantis dans l’affolement. Cette dramaturgie reposant sur plusieurs aspects ; d'abord la dimension de cette file d’attente, son allongement qui suite les structures du bâtiment ; puis sa disproportion de sa taille avec celle de l'hélicoptère Huey UH -1B (emport de 8 personnes), l'étroitesse de la plateforme (toit de la machinerie d’’ascenseur ?) où se pose l’hélicoptère, le cadre serré qui fixe le regard sur cet embarquement.

Vingt ans de guerre et cette évacuation dans la précipitation sur un mouchoir de poche seul territoire restant aux mains des États Unis. Vingt ans de guerre pour en arriver là, peut on penser. Cette photographie est encore plus iconique de la défaite Américaine que celle des chars du Viet Cong, envahissants le palais présidentiel. C’est cet instant figé, que la mémoire retient et sur lequel elle bâtit son pathos, établit sa conscience.

La séquence filmée est tout autre. Elle ne donne pas cette charge émotive que la photographie apporte. Elle ne semble donner qu'une information, loin du symbole. Évidement l'oeil est sollicité par le mouvement : celui des palpes de l’hélicoptère, celui des gens entrant dans l'hélicoptère, celui, nerveux, de ceux qui attentent dans la file et  le  bruit si caractéristique et hypnotisant de l’Huey.
 Bien sûr il y a tout cela, mais aussi peut être que la perceptive moins tassée du film (tourné avec une caméra 16 mme comme on peut l’imaginer), son cadre plus large par rapport à celui du Nikon utilisé par la photo avec un 300mm,  contribue à effacer la dimension symbolique de la prise de vue, ne laissant que celle de l'information, que l'on a oublié…

Dans cet instant, la fonction d’icône revient à la photographie, celle du film est le factuel. C’est la dimension du capteur ( Nikon 24mm x 36 mm / Camera 16mm : 10,2 x 7,42 mm) qui confère à la photographie sa dramaturgie. Le 16 mm, même  avec un fort téléobjectif ou zoom équivalent mais avec une MAP à grande distance, n’offre pas ce tassement des perpectives qui permet de modeler le regard, de créer une tension.

Les caméras du » Nouveau Documentaire » avec leur capteur S35 (ARRi Amira, Black Magic URSA Mini, Sony FS7) offrent ce tassement de perspectives, ce découpage, même imperceptible, du plan de netteté et celui de l’arrière plan; Il est probable que la scène de l’embarquement au 22 Gia Long Street, Saigon, captée par ce type de caméra lui aurait conférer émotion et intensité et aurait rivalisé, en terme symbolique, avec sa contrepartie photographique...

Si la débauche technique que le numérique nous offre parasite le regard, certaines évolutions, comme celle de la démocratisation des capteur S35, lui apporte une nouvelle vision, une nouvelle arme, que nous devons utiliser.

jeudi 28 mai 2015

Resister



A l'occasion de l'entrée au Panthéon de quatre resistant(e)s  (donc deux cercueils étaient remplis de  terre comme certainement celui de Jean Moulin), le discours de F.Hollande a été un grand moment de bla bla intello, comme seul un conseiller en « grands événements »  (titre officiel à l’Elysée de l’ex journaliste Pierre-Louis Basse ) peut en faire et qui pointe encore le déni de réalité de nos politicards.
Car, de droite comme de gauche, ces politicards qui nous gavent des grands sentiments, nous sature de l’esprit de résistance,  foulent sans vergogne les rêves de la Résistance Française et son programme des jours heureux, avec comme triste résultat, 10 % de la population française qui vit sous le seuil  de pauvreté dans la sixième puissance économie mondiale, 70 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. 
Et pour ce peuple berné, l’obscénité des discours grand-guignolesque des politicards n'a d’égale que l’obscénité qu'ils ont à les tenir sans honte.

jeudi 23 avril 2015

Petit précis quantique de photographie

Nous portons nos photographies en nous.  Comme des naissances latentes. Ce sont des images potentielles. L'instant du déclenchement n'est que la matérialisation de ces images en gestation. Nos photographies sont fécondées par le hasard.  L'instant photographique est une sorte de décohérence spirituelle, l’instant du déclenchement est celui de la réduction de nos fonctions d’ondes de nos images intérieures.

Le désir photographique, la prise de vue, est notre quête insensée de féconder nos images qui sont en nous, particules spirituelles de réalité, que nous instancieons par nos désirs. Nos photographies pré-existent en nous, héritage fécond d’un Unus  Mundus qui nous contient. Elles sont nos matins sans fin et nos nuits infinies. Le Monde est en nous.

jeudi 19 mars 2015

La décolorisation


Ayant dans l'idée de faire un film à base de paysages minéral en N&B, je me suis rappelé de Porcherie de Pasolini, dont une des 2 histoires est filmé sur les pentes de l'Etna. J’ai ripé le DVD pour pouvoir le passer en N&B dans Resolve pour donner du terreau à mon imagination… Moments étonnants et émouvants , l’image se transforme, comme si on enlevait une gangue de vision erronée,  une autre réalité apparaît, la beauté de PIerre Clementi devient spirituelle, il rayonne comme un saint.


La colorisation entre autre des documents filmiques de la première et seconde guerre mondiale à donner l'occasion à  nos journaleux de parler d’une nouvelle vision des événements plus vrais, plus réelle.  On peut être dubitatif sur cette apport de la colorisation, qui est fondamentalement une approche marketing de l’Histoire. La décoloration de films perturbe la perception de la réalité,  on croyait avoir vu le film, et nous en voyons  un second avec un nouvel espace de réalité, de beauté, de réflexion. La décolorisation  est une sorte de la décolonisation de la réalité, celle-ci  s’extirpant du joug  de la marchandise et de la doxa de la couleur comme unique référent du réel.

vendredi 6 mars 2015

Cinéma Codex












C'est la narration qui casse l’image. L'image est à la solde de la narration et non au service de l'émotion, du ressenti. Elle n'existe pas par elle même, elle est assujetti à la narration, celle çi amenuise sa portée, étouffe son audace, la prive de son aura, la castre de sa beauté, la maintient dans le rôle subalterne de captation, d'enregistrement. Comme l'imprimerie a réduit à néant la beauté des codex et leurs enluminures, cet entrelacement, porteur de sens, de l’image et du texte, l’emprise de la narration sur l’image, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, a appauvrit notre perception, obscurci nos sens et obombré nos désirs. La narration a réduit l’image à un rôle de faire valoir, à un rôle d’un pantin servile et obéissant de la narration.

Quand l'image retrouve sa place pleine et puissance, alors on parle de cinéma expérimental, alors qu'il est n'est que l'essence même du cinéma. Qu’il n'est que cinéma.

vendredi 13 février 2015

Les temps sombres













Il faut créer du beau, car pour les temps sombres qui s'annoncent, qui s'amoncellent, il sera notre seule lumière.
Notre seul lueur.

Créer du beau non pas pour contrebalancer la laideur de l'Humanité, tache disproportionnée, irréalisable, mais pour laisser des traces, des fragments, des brisures, pour que ceux qui viendront après nous, après l'obscurité, puissent les voir, les percevoir. Et qu'ainsi ils raniment nos beautés vacillantes.
Nos rêves éteints.

samedi 24 janvier 2015

Abolir la trinité














Fascination toujours renouvelée que de regarder Glenn Gould au piano. Une forme d'extase. Une possession. Une transmutation de la vie intérieure en musique. Une vision faite chair. Une spiritualité. L'engagement du corps dans la musique. Le corps fait musique. L'instrument devient l'extension de l'esprit. L'instrument n'existe plus en temps que tel, il se fait chair. Le piano, le pianiste, la musique ne font plus qu'un, la trinité est abolie. La dissonance du partage, de l'écartèlement s'efface  pour faire place à l'unicité, à l'harmonie retrouvée. Et pourtant que de répétition, d'humilité, de volonté, de concentration, d'isolement consentis pour la pureté simple et ineffable de l’instant éblouissant. L’engagement, la confrontation à la musique, la faire sienne, s’insinuer en elle. C'est cela jouer. Filmer comme Glenn Gould joue du piano.

lundi 12 janvier 2015

Les nouveaux accords de Munich ou l’effondrement de la raison



Les réactions aux événements de la semaine dernière, de la marche de dimanche 11.01.15, par leur ampleur, pourront être considérer, plus tard, comme le  basculement de la société dans une période de  post démocratie, par la consécration, comme moyen de diriger les peuples, de l’émotion et de la compassion et son corollaire l’effondrement de la raison, de la réflexion.

Ce que nous venons de vivre, c’est le remplacement du « Je pense donc je suis » , par « Je twitte  donc je suis ». 

L’hystérie compasionnelle comme moyen d’assujettissement des masses.

L’objectivation comme organe de gouvernance, de la caste des journalistes.

Le langage publicitaire (je suis charlie) comme seule possibilité d’expression de la révolte.

L’effacement de la notion de classe au profit de l’unité nationale.

La saturation du réel comme moyen de contrôle de la pensée et de sidération de la volonté.

La chute de l’écrit au profit de l’image comme support à l’objectivation du réel.

La perte de soi et son transfert dans les médiateurs (journalistes, animateurs télé, artistes) de la représentation de sa propre pensée. 

L’accaparement de la douleur par ces médiateurs ; eux seuls souffrent, leur douleur est sacrée. (les 6 millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté n’ont pas la voix aux chapitres).

L'affirmation obscène des valeurs des pays développés comme références universelles (pays du tiers monde, vos milliers de morts en guerre civile, en désastres économiques ou naturels ne sont rien comparé aux vies de nos 8 journalistes). 

L'oblitération consciente du Passé, de l’Histoire, pour façonner un Présent comme un perpétuel renouveau, où le réel se dérobe à la raison pour transformer les actions en reflexes Pavloviens.

Comment peut on être aveugle à tout cela ???

L’éditorial de Mr L. Joffrin de Libération de ce lundi 12 janvier 2015,  a le goût amer du discours de Neville Chamberlain à son retour à Londres après la signature des accords de Munich. On connait la suite.

Editorial de Libération
http://www.liberation.fr/societe/2015/01/11/un-elan-magnifique_1178617?xtor=EPR-450206&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=quot

vendredi 9 janvier 2015

Je suis Charlie mais bien d'autres aussi...





















Cette hystérie compassionnelle presque obscène quant à l’attentat contre Charlie Hebdo me trouble et m'écœure à la fois, tant de choses se trouvent mélanger…

A la révolution, le peuple était le tiers état, sur son dos trônait le clergé et la noblesse. De nos jours le peuple est le quart état et sur son dos trône les politiciens, les patrons et les journalistes. Ces derniers, sont une sorte caste supérieure qui seule sait analyser, qui seule sait penser, qui seule détient la vérité, qui seule décide où est le bon et le mal, qui seule peut parler et dont le prix de la vie est sans commune mesure avec celle d’un citoyen ordinaire. La vie d'un SDF, d’un chômeur en fin de droit, d’une mère célibataire adolescente, d’un des 210 enfants tués dans une école au  Pakistan par des djihadistes, n’est rien par rapport à la vie d’un journaliste, évidement... (Les 4 personnes tuées dans la prise d'otage à "l'hyper casher"  ne font même pas le quart d'un entrefilet dans les journaux de ces fabuleux journalistes héros de la liberté...)

On nous rabâche la liberté de la presse, mais la grande majorité des journaleux sont des chiens de garde du pouvoir. N’est ce pas choquant que « 20 minutes » ce torchon qui fait des articles de fond de 5 lignes et vend  3 fois sur 5 sa une à de la publicité puisse  se revendiquer sur le dos de Charlie Hebdo de la liberté de la presse ?  Comme les journaleux d’Europe 1, de RTL, France Inter, de TF1, d’A2 qui du temps de Sarko on fait la courbette devant le pourvoir, sans parler de cet abruti sans fond d’Hanouna, sans parler de la rédaction de M6 info qui se pavane avec des pancarte « je suis charlie » alors  qu’ils font de l’info marchandise, sans parler de BFM TV cloaque de l’information en direct, sans parler du Huffingtonpost aux unes racoleuses et au contenu proche du vomi qui mélange avec art people, insolite, news, avis  éclairés de blogueurs, de startupers, de coachs de la vie quotidienne...... Quelle obscénité ! Tout comme les appels du Président de la République à l’union nationale, alors que la Société, le Gouvernement fait tout pour diviser. Tout à coup faut tout oublier. Mais non ! Il faut rester sur ces positions.

Et les politicards qui en appellent aux valeurs fondatrices de la République, mais avoir 6 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en France 6ème puissance économique mondiale au 21eme siècle cela les mobilise pas, alors que cela défigure aussi la République  et brisent les idéaux de nos jours heureux.. mais  pour cela  pas de hastag sur Twitter #nousommeslespauvres, ni de téléphones allumés dans la nuit, ni de bandeaux en une des pages web. C'est trop compliqué, pas assez symbolique...faut du simple, du prêt à penser, du prêt à twitter...

Et ce leitmotiv que la France est un pays de liberté, encore plus,  c’est LE pays de LA liberté… Mais entre le lointain 1789  et aujourd’hui  il y a eu Robespierre, le Code Noir, la Colonisation, la Cagoule, la Collaboration, Vichy,  la déportation des Juifs de France par la Police Française, la Milice, Setif le 8 Mai 1945, la réintégration de Papon à la Préfectorale, le 17 octobre 1961, la torture en Algérie, le putsch des Généraux,  l’OAS, tuerie de la station Charonne, le Ministère de l’Information de 58 à 68,   l’ennemi de l’intérieur des années 1970, les écoutes du Canard Enchaîné, le Rainbow warrior,  les ghettos de banlieue, un membre de l'extrême droite (Patrick Buisson) comme conseiller d'un Président de la République Française… Comment  avec ce glorieux passé, peut on oser dire que la France est le pays de la liberté, de la tolérance ??????


J’ai le sentiment que c’est une douleur de nantis, de classe, de bourgeois, de pays développé… Mais cet attentat est odieux bien sûr il me fait mal. Ce Monde est désespérant.