lundi 19 octobre 2015

Lamentations de lumière













Je viens de découvrir  « Echoes of silence » de Peter Emanuel Goldman tourné en 1964 à New York. Noir et Blanc 16mm . Quelle beauté.  Quelle force. Pas de dialogue. De la musique. Tout est dans l’image. Rien que l’image. Le cadre. La lumière. C’est la caméra qui parle. Qui fait parler les visages. Qui transcrit les émotions. C’est l’image et elle seule qui porte le récit.  Cinema de pur désir. De Pure image.  On rentre par l’image dans l’errance de Miguel, personnage principal, cadrages somptueux de lumière, de fort contraste. Gros plans de visage. Raccord dans l’axe. Les lamentations de Miguel, devient lamentation de lumière. 

A la vision de ce film, tout à coup Taxi Driver, tourné seulement 10 ans plus tard, devient ridicule. Petit. Médiocre. On n’est plus  dans l’émotion pure, mais celle reconstituée du cinéma commercial. Les plans sont du déjà vu. Du bon gros cadrage hollywoodien. On se demande comment a pu aimer  cette soupe  visuelle,  ce New York de pacotille, cette errance qui n’en est pas une, ce scénario à grosses ficelles.  Cette image loin du cinéma. La camera capte mais ne crée pas, on est plus dans le désir, mais l’application des lois, des règles. Des recettes.

Même Robert de Niro me semble fadasse, par rapport à Miguel Chacour qui interprète le rôle principal de « Echoes of silence ». Son visage est image. Il nous dit son désarroi, ses démons, ses espoirs, ses errances intérieures, sa désespérance, magnifiquement. Robert de Niro, joue, Miguel Chacour vit. Voila l’intense différence, que la camera de Peter Emanuel Goldmann saisit, transfigure.

Dans son autre film «  Pestilent City », un court métrage documentaire sur le New York de 1965, sa misère, ses déchus du sytème, sa saleté, ses sans espoirs assit sur les bancs, trainant dans les rues, ses regards d’âme vidée par la malheur. Le regard de Peter Emanuel Goldmann est sans concession, mais en les filmant avec tant de désir, de beauté, on dirait qu’il leur donne une dignité que la Société leur a  refusé. La musique est composé principalement de piano désaccordé mais à certains courts moments, (en 5’0’’), une musique plus orchestrale apparaît avec un son sourd, lent, une sorte de souffle grave, qui fait écho à la musique de Bernard Herrmann pour Taxi Driver, écrite 10 ans plus tard…Etrange résonances, comme si la ville engendrait ces sons.


Le magasin RE:VOIR est une mine de précieux joyaux cinématographiques

http://re-voir.com/shop/