lundi 25 octobre 2010

De l'intérêt du ciel gris de Paris



Samedi dernier (23 octobre 2010) à Paris, vers les 17H, le ciel devint un camaïeu de gris, avec des touches de noir. Parfois de bleu, en trouée. L’orage se préparait. Lumière étrange, comme filtrée. Avec le gravier blanc du Jardin des Tuileries, la lumière devenait pâteuse, immobilisant, peu à peu, le paysage. La couleur disparaissait, ne laissant voir que les nuances de luminance. Le ciel gris était devenu comme une immense Charte de Gris qui s’offrait à la mesure de mon Spotmetre. Je saisis cet instant étrange de lumière, presque obscure, au bord du noir. Parfaite mesure, sans retouche, capter à même l’instant, ce paysage en déliquescence de lumière. Et pour la première fois de ma vie, j’ai aimé le ciel gris Parisien.

lundi 18 octobre 2010

Les échancrures du réel



Première visite (car j’y retournerais) à l'exposition Monet du Grand Palais. Un peu frustré car certaines toiles aimées et vues en reproduction n’y sont pas (Mais Monet a été si prolixe que le Grand Palais est pardonné !) mais aussi subjugué par le grand nombre de tableaux présents, offrant une immersion dans l’oeuvre, un voyage dans la lumière. Car c’est d’elle que vient l'émotion, sa présence qui fait vaciller comme dans «Femme au jardin». Et ce vert. Je ne sais pourquoi mais le vert que Monet utilise dans ce tableau et aussi dans «La vague verte» et «Paysage d’usines», m’attire, me trouble, comme un rappel, une mémoire abandonnée.


Devant la puissance de la série sur les Cathédrales (ou des Peupliers, des Meules de Foin, du Pont d’Argenteuil...), cette exploration du rendu de la lumière, la photographie HDR fait pâle figue, non pas en terme d’intérêt mais en terme de recherche et de créativité. Et de facilité. Loin de la création presse-bouton imposé par le marketing, Monet lutte, combat. Sa peinture si légère nécessite détermination, énergie, persévérance, travail,réflexion, expérimentation, erreur, engagements, errements, questionnements, recommencements. C’est cela la lumière.

Ainsi la mort en devient lumineuse ( Camille sur son lit de mort), un parquet un reflet d’eau (Un coin d'appartement), un bras de la Seine, le début du monde (Matinée sur la Seine).


Au fil des tableaux, en une lente dérive lumineuse, je me à rêver de pouvoir un jour filmer des paysages avec une caméra possédant une grande plage dynamique (comme l’ARRI Alexa) pour capter les nuances des hautes comme des basses lumières, et une fois cette matière captée, engrangée, à l’étalonnage la travailler comme un forcené, et de vibrations en résonances, de fractales de couleurs en touches de vision, de rentrer dans la lumière comme Monet l’a fait dans ses toiles, échancrures du réel, car il peint ce que l’âme voit.

mercredi 6 octobre 2010

L’homme sans flou


Belles photos que celles d’André Kertész (Exposition au Jeu de Paume).Etonnamment presque aucune composition à un flou d’arrière plan (à part quelque unes, comme «Jambes», " Enfants Tziganes»). Des photos sur un seul plan, d’un seul tenant, un morceau brut de temps. Bien que le flou fasse partie de mon esthétisme, les photos de A.Kertész, m'émeuvent, me touchent, m’attirent. L’homme sans flou isole ma vision. La rend pure.


Un autre homme sans flou, Raymond Depardon, et ses photos de «La France» (Exposition BNF). Ici, la netteté apporte l’ennui, le déjà vu, le déjà revu, le déjà rerevu. Mais comme c’est Raymond Depardon, c’est génial, bien sûr. De plus, en terme de démarche, il me semble que dans les années 50/60 il y avait un corps de photographes au Ministère de l’Agriculture qui étaient chargé de photographier «La France», il faudrait pouvoir confronter ces regards. Ceux de ces photographes anonymes et celui de Raymond. Car le Raymond est à la photographie ce que le Marcel est à l’habillement : un esthétisme figé. Alors le regard se détourne, affamé, vers d’autres horizons.

Quant à son usage de la chambre 20x25, ils ne fait que copier, ce Raymond, bien d’autres photographes paysagistes qui le font depuis bien longtemps avant lui aux Etats-Unis ou en France. Pour les amoureux de la chambre photographie, le site www.galerie-photo.com leur ouvrira la porte de la photographie grand format, tant au niveau technique qu'esthétique. Un régal des yeux, loin de Raymond.