dimanche 27 juin 2010

L’avant garde du passé



Le Studio Harcourt met en ligne ces prestigieux (dixit le www.monde.fr) portraits. Franchement les portraits Harcourt c’est le label Qualité France des films des années 50, la photographie percluse de tradition, l’avant garde du passé.


Le design de la vidéo proposant ces portraits est pathétique : tout empreinte d’un obséquieux esthétisme, qui se veut élitiste mais qui n’est que l’expression de stéréotypes du beau de la Bourgeoisie où rien ne bouge. Rien ne vit.


Ces portraits dégagent un incroyable immobilisme dans la composition, une extraordinaire nécrose de l’expression artistique, une fantastique sclérose de la création.

On peut gausser à satiété sur la qualité de la lumière, la mise en scène qui font la griffe des Studios Harcourt, de donner dans le «révéler à la lumière la quintessence de l’âme» ou «inventer l’invisible» (extraits du site d’Harcourt www.studio-harcourt.fr), les portraits Harcourt ne relèvent pas de la photographie mais de son absence.


Dans nos veines coulent nos rêves.

mardi 15 juin 2010

Mauvais temps sur l’Image


Apres le Festival de Cannes et Rolland Garros et avant le Tour de France, la Coupe du Monde de Football, c’est mauvais temps sur l’Image tous les jours.


Un mois de photo de visages en sueur. De bouches vociférantes. De mains levées. De figures peinturlurées. De bouches criantes. De houle de la foule. De la couleur. Du gros plan. De la double page. Du ralenti. Du portrait.


Il n’y a pas de "culture foot" (une de Télérama), ou de Foot attitude, la glorification de l'effort, la célébration des sports de masse, le culte de la personnalité ( Z.Zidane) sont les ingrédients de l’Image qui contrôle la pensée, asphyxie la volonté et l'apanage des Sociétés Totalitaires ou du moins Policières.


Le déluge d'images dirigées ne relève plus du ««Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda» de J.Goebbels, mais c'est plus pernicieux : maintenant c’est cool de communier dans l’effort pour la Nation, et d’ailleurs nos «Bien Pensants» ne font pas la fine bouche, ne froncent pas les sourcils, ne se bouchent pas le nez devant cette Image au service du comportement, à cette occlusion de la pensée par l’Image oblitérante.

Pourtant, les mêmes sont bien prompt à faire de Leni Riefenstahl le parangon de la compromission de l’Image et de la Politique. Leni Riefenstahl, avait au moins (hélas) du talent par rapport à nos faiseurs d'image d’aujourd’hui.


A nos yeux fatigués nous léguerons nos souvenirs.

dimanche 6 juin 2010

Enter the color


Je ne suis pas attiré par les couleurs mais par leurs usages. Pourtant, ou à cause de cela, j’ai été voir «Enter the Void» de Gaspar Noé.

Des longueurs (beaucoup). Des faiblesses (beaucoup). Des facilités (beaucoup). Mais indubitablement une écriture de peintre narratif.


Ici le flou devient un élément constitutif de la narration. (Quel beau plan que celui où Linda apprend la mort de son frère). Un flou, mais pas seulement celui de la profondeur de champs, un flou total, maîtrisé, qui donne à voir.

Et la couleur, manège des regards, chemin de sensations. Pourquoi n'accepterions pas cette vision, cette déclinaison du Fauvisme dans le Cinéma ? Le réel devrait il être la réalité ?

Dans cet univers pictural, étonnement, la bande son m’a semblé toujours être présente, accompagnant le regard, sans l'interrompre, se faufilant entre les couleurs, le son coulant de séquence en séquence.


Film peinture, la post production représente les 2/3 des effectifs, d’une manière identique à «Avatar», les images captées ne sont que de la matière, le support pour peindre l’image. Dans «Enter the Void», la veille écriture cinématographique de la sémantique des valeurs des plans, du triptyque champs / contre champs / plan de coupe est brutalement effacée, mortellement blessée par la couleur et le flou.

Certainement, même à l’heure du numérique, cette écriture désuète aura une longue agonie, mais, on le voit, son renouvellement est déjà annoncé. Et sa fin est inéluctable. Elle périra.