mercredi 30 août 2017

Eloge du plan fixe

Le plan fixe enracine le regard dans le désir d’écrire. Il a la force du sens. C’est un point de vue, une proposition, un parti pris. A contrario, les images mouvantes, bougeantes ad nauseam (slider, steadycam, GoPro et autres drones….), ne sont qu’une accumulation, une juxtaposition de visions, une logorrhée visuelle refusant un possible, se complaisant dans le déni de montrer, de s'engager. Le véritable travelling est la sagesse du mouvement, il accompagne le regard, il est l’expression d’un désir, il est l’écriture d’un plan fixe se développant, se déroulant dans l’espace, parcourant le paysage de la narration.  Le plan fixe c’est le mouvement de la main qui écrit.

mercredi 23 août 2017

Stalingrad, un dimanche d’été




Il y a 75 ans, le dimanche 23 aout 1942, la VIème Armée de Paulus étant aux portes de Stalingrad, la ville est bombardée par la Luftwaffe : 1600 sorties, 1000 tonnes de bombes sont larguées avant l’offensive proprement dite. 80 % de la ville est rasée. 40.000 morts civils. Guernica n’était qu’un entrainement. Ce bombardement n’a pas de place dans la mémoire, le souvenir. Il est effacé comme les murs des maisons de Stalingrad. Il faudrait des nouveaux Picasso pour raviver ce souvenir, honorer ces 40.000 victimes. 

En détruisant la ville, les Nazis ont construit sans le savoir leur tombeau, dans ces ruines les Soviétiques vont mener une guérilla urbaine, où chaque maison éventrée, chaque lambeau de mur seront autant de batailles à livrer pour conquérir la ville. L’Armée de Paulus va s’épuiser physiquement et moralement dans ces combats, et quand bien même les pertes Soviétiques s’élèvent à 300.000 morts, qu’en octobre Paulus occupe 90% de la ville, Stalingrad résiste, s’arc-boute aux rives de la Volga, s'accroche à sa steppe aux paysages infinis.

L’aube du jeudi 19 novembre 1942 apportera la récompense à ces sacrifices. L’Armée Rouge lance son opération Uranus. Le 23 Novembre, les 300.000 hommes de Paulus sont encerclés. Dans deux mois et demi, les 90.000 survivants se rendront aux Soviétiques. Ça sera la première défaite de la Wehrmacht depuis 1939, « le signal de l’avenir » comme l’a écrit Vassili Grossman.