vendredi 28 octobre 2016

Le chasseur de lumière

Avec mon Sigma SD Quattro a capteur Foveon, je suis devenu un chasseur de lumière. Plus dans le registre du chasseur de papillon que celui du tueur de grand fauve.  Avec ce filet à lumière, je capte avec délicatesse ombres, couleurs, pénombres, hautes  lumières, tout un dédale, un lacis de nuances, de subtilités, de dégradés.  Me rendant au Père Lachaise pour une courte promenade profitant d’un soleil d’hiver, à la lumière rasante et douce, après 5 jours passer à étalonner dans la quasi obscurité,  j’ai photographié les vitraux de certaines sépultures. 

Au retour épinglant mes prises sur mon écran, je fus de nouveau éblouis par le rendu que cet appareil me donne. J’avais ramené ces instants de lumière que des « passeurs de lumière » (1)  avaient créés. Ce qui éblouissait mon regard c’était la vérité éminemment subtiles, des couleurs, des dégradés, des ombres, des entre deux car le capteur spécifique du Sigma fournit  des couleurs qui ne sont ni calculées, ni  interpolées avec un rendu obligatoirement approximatif , comme avec une capteur à grille de Bayer, mais seulement captées. Simplement. Comme un peintre capte la couleur. La vie. 

Dans une société dominée par l’image, il est étrange que celles çi , depuis l’avènement du numérique, représentent le monde d’une manière, fausse, du moins faussée, car chaque image est un mensonge colorimétrqiue, une altération du regard que l’on porte sur ces instants. Comme vivre bien dans un Monde où sa représentation est mensonge et enlaidie ?
Les marketeurs nous abreuvent de réalité augmentée, mais nous vivons dans un monde à la réalité diminuée, où la simple réalité est atrophiée par sa technologie de représentation photographique et filmique.  Si la beauté du rendu du Sigma serait celle de la majorité des photographies prises, peut être que sa transmission de la beauté qui nous entoure, aurait une influence sur nos comportements…

Après ces quelques essais, j’aimerais  avec mon filet à lumière, partir à l’assaut des Cathédrales, ramener dans ma besace numérique, ces lumières de vitraux, ces éclats de lumière, d’âme.



1) Titre du livre de Bernard Tirtiaux

lundi 10 octobre 2016

Ce n'est pas un film


C’est une maison. C’est un film. C’est un film dans une maison. Une maison avec des miroirs. Et des couloirs. Un film avec des miroirs. Et des couloirs. Un jardin aussi. Avec un petit étang. Une lumière aussi. Douce, alanguie. Une lumière d’automne. Qui rentre par les fenêtres. Il y a deux femmes. Et deux enfants. Deux filles. Ce n’est pas un film. C’est une maison. Il est question de la violence d’une des filles à l’école. A mille lieux de la maison. Du jardin. Du bois des meubles. Du tissus des nappes. De la lumière des vitres. Il y a un homme qui arrive. Les personnages adultes passent dans les couloirs. Ce n’est pas un film. C’est un couloir. Un passage. Un fleuve qu’ils traversent. Un voyage intérieur. Il y a une voix à la radio. Elle parlent de deux jeunes tueurs encerclés par la police, non loin de la maison. Du film. Les dialogues sont des mots. Pas des paroles. Ce n’est pas un film. C’est des mots. C’est en noir et blanc. Les cadres sont beaux. La photographie est belle. Mélange de lumière et de flou. De peau aussi. De nervures de bois aussi. Ce n’est pas un film. C’est du noir et blanc. La musique. Oui la musique qui revient. Quelques notes de musique. Quelques notes de silence. Il y a un piano. Des mais d’enfants sur le clavier. Des mais d’enfants que des mains adultes guident sur les touches. Elles les guident avec force. Elles font mal. Violence de ces mains autoritaires sur ces mains d’enfants. Des visages qui regardent le jardin. A travers les vitres. La musique accompagne le regard. Ce n’est pas un film. C’est une musique. Des miroirs. Beaucoup de miroirs. Mais des miroirs doux. Ils reflètent que le temps qui passe. On y voit les visages, le corps des personnages. Mais le miroir ne les reflètent pas, il les montre. Ce n’est pas un film. C’est un miroir. Les deux jeunes tueurs encerclés par la police sont adolescents. Ils ne sont pas encore homme, mais ils ont déjà tués. Il y a un chat. Un chat noir. Il vit dans la maison. Dans le jardin aussi. Dans le couloir aussi. Il passe. Le suit. Déambule. Disparait au coin. L’homme parle. Il est grand. Il est fort. Mais c’est un enfant. Il joue l’homme, mais c’est un enfant. Les deux femmes l’écoutent. Elles regardent l’homme et écoutent l’enfant. Ce n’est pas un film. C’est un enfant. Une enfance. L’eau. L’eau de l’étang est un autre miroir. Un miroir vivant. Vaguelettes. Ondulations. Ridant le souvenir. Ce n’est pas un film, c’est un souvenir. La petit fille est recroquevillée sur le canapé. C’est la fin de la journée. La lumière est sur le départ. On distinct à peine son corps sur le divan. A coté des cousins, un corps. Son corps. Dans une pénombre de solitude. Cette petite fille s’appelle Nathalie Granger. C’est un film. De Marguerite Duras.
Nathalie Granger
Scénario et réalisation Marguerite Duras
Avec Lucia Bosé, Jeanne Moreau, Gérard Depardieu
Photographie : Ghislain Cloquet

La beauté retrouvée du photon



La photographie ou le film numérique est étrange. Le capteur qui équipe la plupart des appareils photos et caméra, ne sait pas enregistrer la couleur car il ne capte que l’intensité lumineuse (la « luminance ») ; pour  réaliser une image couleur, on superpose au capteur une grille dites de Bayer composées de filtre Rouge / Vert / Bleu.  Comme chaque pixel ne recevant  pas l’intégralité des composantes B/V/R, il va falloir interpréter mathématiquement « l’intensité » de la couleur de chaque pixel avec ceux adjacents pour déterminer sa couleur. La couleur n’est donc pas capturée mais calculée. Elle n’est pas réelle, mais construite sur des approximations. 

La réparation physique des filtres RVB de la grille Bayer sur le capteur fait que seulement 25% du rouge et du bleu  et 50 % du vert du sujet est utilisé pour déterminer la couleur « réelle » . Donc le rendu colorimétrique des belles images que nous voyons, n’est qu’une partie  de la réalité photographiée et sur laquelle on va appliquer des algorithmes d’interprétation pour calculer l’ensemble la couleur de l’ensemble des pixels. La couleur ainsi construite ne peut être celle réellement du sujet, c’est une approximation. 

Ce qui est extraordinaire c’est que c’est un formidable bond en arrière par rapport au film argentique, dont chaque partie élémentaire ( que l’on pourrait comparé à un pixel), recevait lui l’’ensemble des composants R/V/B de la couleur du sujet. De plus quelque soit la puissance des algorithmes mathématiques, sur des sujets possédant une même couleur mais avec des millions de nuances, de part la structure même de la grille de bayer il y aura une perte irrémédiable des nuances et détails.

Donc depuis des lustres les industriels de l’image numérique  nous fourguent une image dont les couleurs  sont une approximation de ce qu’elles sont  en réalité. Et par nos regards floués, nous croyons percevoir le monde.

Cette réalité construite à partir d’algorithmes mathématiques me troublait et le temps passant  le rendu colorimétrique de mes images m’attirait de moins en moins, et leur transformation en N&B me décevait…Par hasard sur le WEB, je suis tombé sur des images N&B étonnement belles, leurs nuances de lumière, leur dégradés étaient un festin pour le regard. Approfondissant ma recherche, je découvrais que ces photographies avaient été prise avec un appareil SIGMA équipé d’un capteur « Foveon » dont le fonctionnement est radicalement différent de celui des capteur à grille de bayer.  En effet, il utilise la propriété du silicium à absorber plus ou moins profondément le bleu, le vert, le rouge.
Alors, comme un film argentique, chaque pixel reçoit sa vraie quantité de R/V/B ce que implique que le rendu colorimétrie n’a pas à être interprété mathématiquement, car il représente la réalité de la lumière et la colorimétrie du sujet. La couleur est capturé pleinement, totalement, dans une sorte de fusion analogico-numérique. Les images sont somptueuses car elles ont les millions de nuances de la réalité,  cette richesse de nuances, donne un N&B fastueux avec une palette de noirs, de gris, de blancs très proche  de ce qu’un film argentique fournissait. Sans parler de la Balance des Blancs qui est d’une précision sidérante, car le blanc est capté et non calculé comme avec un capteur à grille de Bayer. 

A mes yeux, c’est une sorte de renaissance de la lumière photographique et étonnement c’est sa subtilité qui donne la force à l’image et ce rendu particulier n’est pas seulement beau, mais il est émouvant.

J’ai donc fais l’acquisition d’un SD Quattro avec un 30 mm ART. Les dimensions du boitiers contraste avec la petitesse du Sony A7 par exemple. Mais la main trouve sa place naturellement sans contorsion inutile  et maintient fermement le boitier. L’ergonomie des commandes est parfaitement pensé, et le bouton On/Off sur le fut du boitier m’a tout de suite séduit, car ayant manipulé souvent des Black Magic,  cet endroit m’a toujours paru parfait pour ce type de bouton ! 
L’ergonomie des menus et de l’écran complémentaire est là aussi étonnement bien pensé. Sur ces brochures et site web Sigma se dit être un artisan, confectionnant des instruments de photographie et non des boitiers et bien pour une fois, ces dires marketing sont vrais !  

On ressent dans l’usage que ce boitier a été pensé, réfléchi. Cela fait tellement du bien, de se retrouver avec un boitier que l’on aime, avec lequel on va faire corps. 
Evidement avec un tel boitier, fini la » photographie Lucky Luke » (la street photographie..)  où on sort son appareil plus vite que son ombre. Je l’ai pratiqué encore récemment, mais il me semble que  l’instant décisif cher à Henri Cartier Bresson, n’est pas dans la rapidité, mais dans la construction de son regard. 

Ce n’est pas l’instant décisif du sujet, mais celui du regard qui fait la photographie. Et celui là demande maturation, lenteur en quelque sorte. Il émane peu à peu de notre esprit, grandit, s’épanouit. Il faut du temps pour capter l’instant. Et puis, la beauté des images du Sigma et du 30 mm ART me donne envie que de ramener que celles la.



Nous sommes dans un monde où l’image numérique est reine et pourtant notre regard s’éloigne de la beauté par la confrontation quotidienne à la laideur du rendu colorimétrie  de la télévision, de youtube, du web, des appareils compacts, des smarphones et particulièrement dans ce dernier domaine, l’image  est sous la férule du marketing où le traitement logiciel semble être la pierre philosophale de l’imagerie numérique et qui nous impose une beauté qui n’est que marchande.


L’appareil photographique Sigma, redonne aux images  une émotion quelque peut émoussée par les  algorithmes, le marketing  l’industrialisation de l’image. Alors, la lumière, la couleurs redeviennent ce qu’elles ont toujours été des ondes aux formes douces vent s’échouer sur nos rétines, et la photographie une poésie visuelle.