dimanche 26 février 2012

Le cinéma immobile


La Grande vadrouille, Bienvenue chez les t'chi, The Artist, Intouchables, comme disent les journaleux, le cinéma français se porte bien. A pleurer.


Le cinéma, c'est a dire le nombre d'entrées, se porte bien, mais la créativité, l'image, (rendons justice au beau travail du chef opérateur de The Artist, Guillaume Schiffman ), la recherche, le complexe, qui s'en préoccupe ? C’est le cinéma marchandise, le cinéma TF1 qui assène ses (anciens) records d’audimat comme seul justificatif de la qualité de ses émissions. C'est le cinéma immobile.


Petit milieu clanique du cinéma commercial français et international qui s'auto congratule, s'auto promeut dans une sorte d’inceste perpétuel qui amène la dégénérescence intellectuelle car dire que The Artist est le meilleur film n’est ce pas là un signe annonciateur de la défaillance du sens ?

Ou bien ceux qui sacrent Omar Sy meilleur acteur l’auraient il fait si Intouchable n'avait pas fait 19 millions d’entrées ? Leurs critiques sont dénués de sens, et montrent leur propre incompétence, pour une même prestation d'acteur (encore faut il penser qu’il joue bien) dans un film a 50.000 entrées l'auraient ils, ne serait ce que repéré ?


Les Césars, les Oscars, le Festival de Cannes, nous traversons la période annuelle du deuil de l'image. Faut il perdre son temps à enculer ce cinéma français là comme l'énonce Mathieu Kassovitz ?


Non, il nous faut continuer à avancer, à créer, à imaginer, à désirer, à partager, à échanger, à construire, à diffuser, à expérimenter autrement, dans une alternative non pas naïve mais juste et forte, belle et émouvante.

L'indicible analogique


Tombant par hasard sur les photographies d'Anders Petersen "Café Lehmitz, 1967-1970", un café de Hambourg lieu de rencontre de prostituées, junkies, marginaux....


Certainement prises au Leica. Certainement prises avec du Tri X. Ces photographies ont une densité de vie sur ces visages burinés par le malheur, une sorte de patine, un rendu particulier de la pellicule qui fait sens. Il y a le regard du photographe. Il y a l'objectif Summicron. Il y a le rendu de la Tri X. Trilogie sainte du sens et qui dégage une humanité profonde, prenante.Troublante.


En regardant ces photos un doute m'envahit. Je ne sais pas si aujourd'hui, avec un Canon 1DX ou une Alexa nous pourrions capter cette densité, cette matière, cette abstraction de vie que l'électronique ne sait pas capter ou traiter. Et que tous les plateformes d'étalonnage ne savent pas simuler, leurs algorithmes étant aveugle à l'imperfection.


Nous sommes peut être rentré dans un monde d'illusion où l'indicible est lissé. Entre les pixels de nos images, il y a l'absence.