lundi 31 janvier 2011

Le flou, comme un haïku visuel


J’ai été voir «Carte des sons de Tokyo» de Isabel Coixet. Film attirant. Au delà de quelques longueurs, de steadycam parfois mouvants, d’une lumière un peu trop quelconque, c’est l’usage du flou (celle de la profondeurs de champs) qui est dans ce film un vrai parti pris esthétique, un élément constitutif de la grammaire autant narrative que visuelle. Une construction. Un désir. Une peinture.

Le regard navigue dans cet univers flou et net, lointain et proche où parfois les personnes se dissolvent peu à peu dans l’abstraction pure. Ici le flou n’est pas juste une conséquence technique, encore moins un hochet esthétique ( le flou des lumière de voiture la nuit par exemple..) mais un vrai manifeste, une démarche, une construction avec une réflexion sur la répartition de l’avant et de l'arrière plan ; sur la constitution architecturale de cet arrière plan sur le rendu du flou.

Nous sommes à Tokyo. Dés lors, difficile, ne ne pas penser à «L’Empire des Signes» de Roland Barthes, disant au sujet du haïku «La justesse du kaïku qui n’est nullement peinture exacte du réel, mais adéquation du signifiant et du signifié...» c’est ce que nous donne à ressentir Isabel Coixet. Le flou est sens.