samedi 27 février 2016

DRAME AUX GALLERIES NEW LOOK

Vu les progrès de Boston Dynamics dans la robotique (voir sur le web leur video montrant un Robot qui se relève après qu'on l'au fait tombé volontairement) peut être que dans 50 ans on lira cela :


L'indicible est arrivé ce samedi 27 février 2066, un robot de la Garde Automatisée (G.A) des Galeries New Look, Boulevard Haussman, a ouvert le feu sur les clients faisant 52 morts et prés de 84 blessés donc 22 sont en urgence ultra absolue, 10 en urgence quasiment absolue, 8 en urgence absolue relative et 5 en urgence relativement absolue. 

Selon les premiers indices de l'enquête, ce G.A serait passé en mode attaque suite à une mise à jour, aux premières heures du matin fatidique, de son système RobotOS de Microsoft Robotics Inc (NYSE : MIRO) : il aurait confondu la poignée de main d'un collègue Humain en geste agressif à son égard. 

Selon nos informations il se serait mis ensuite en mode survie défensive et retranché  au fond du magasin, entre le rayon bricolage et celui de la lingerie féminine. Le GIGH (Groupement d'Intervention de la Gendarmerie Humaine) est aussitôt intervenu, en coupant l’électricité et les transmissions sur l'ensemble du quartier afin de le déconnecter et de le sous alimenter.

 Le Robot s'apercevant qu'il ne pourrait pas se recharger s'était mis en mode veille, il a fallut attendre 72 heures, le temps que ses batteries se déchargent, pour en venir à bout, des négociations avec des psychologues spécialisés en commutation robot humain, n'ayant pas abouties. A la demande du Juge de la Brigade de Répression des Erreurs Logicielles (B.R.E.L), une autopsie de sa carte mère sera effectué dès demain matin, pour tenter d'identifier le parcours du bug dans les réseaux neuronaux de son I.A (intelligence Artificielle).

En début d'après midi dans un communiqué de presse, Microsoft Robotics Inc, s'excusait pour la gêne  occasionnée et annonçait une nouvelle mise à jour  qui corrigerait la précédente (la 123 eme depuis le début de l'année)  et qui sera elle même corrigée par la suivante, assurait il.

Bien qu'une cellule de soutient Psychologique aux Robots a été mise en place pour permettre aux collègues du G.A de surmonter ce traumatisme , le Syndicat des Robots et des Machines Associés (S.R.M.A) s'associait à la douleur des proches des tué(e)s et blessé(e)s et demandait que des cas isolés comme ce  G.A ne devait pas altérer la confiance des Humains  à leur égard, la grande majorité des Robots étant d'une perfection absolue. 

Enfin, en début de soirée, on apprenait que le sénateur suprême Nicolas Sarzyko déposera  dès demain matin un projet de loi  visant à déconnecter  les robots ayant eu plus de 3 erreurs de comportement envers les Humains, car selon lui " il était insupportable que des bugs de gauche altèrent l'intelligence artificielle de droite".




mercredi 17 février 2016

Ma mère est printemps






















En 4 mois ma mère a perdu 10 kg. Elle est toute ténue, tout chiffonnée, toute perdue dans le grand cocon de son lit. Enfermée dans sa démence vasculaire, elle n’est que logorrhée d'angoisse jaillissant de sa bouche, comme une bile de mots,  les yeux fermés, les sourcils froncés. En souffrance intérieure. Muette.

Quand je lui demande d'ouvrir les yeux, ou pour la faire boire, d’ouvrir sa bouche, elle obéit, mais ses mouvements ne sont pas progressifs, ni proportionnés à l’action à venir ; elle ouvre grand sa bouche, grand ses yeux, une réponse musculaire plus qu’une réponse de la pensée. Comme si cette dernière s'effaçait déjà d’elle.

Ses petites mains sont décharnées ; sur ces os elle n’a mit qu’un gant fin, frêle de  peau. Faible, elles arrivent à peine à tenir un verre, et leurs mouvements lents, comptés, ne se font que dans un périmètre restreint, autour de son corps. Bras repliés. Sur son ventre. Sa poitrine. Son visage . A tâtons. 
Ces mains presque transparentes, si fragiles, si légères, savent encore caresser, parfois. Une caresse qui se termine par la préhension d’un de mes doigts, comme le nouveau né a ce reflex archaïque pour s’accrocher à sa mère, avec une telle  force, une force violente, que l’on est étonné de la resentir, tant ce corps paraît faible, déjà loin.

Dans l’obscurité  de cette angoisse, dans ce labyrinthe de peurs qui surgissent hors d’elle, parfois, rarement, jaillissent en ce flot halluciné, des fulgurances de conscience (“je dis n’importe quoi hein ?” ; “couvre toi bien, il fait froid”) qui me laissent abasourdi, sans voix, aux bords des larmes. Tout près. Des fulgurances, comme ces giboulées au printemps, aussi violentes qu’inattendues. Aussi belles, par le déchirement du ciel en bleu gris, que brèves. Comme cette pluie qui nettoie les trottoirs à grand coups de gouttes, ces mots de vie effacent ma tristesse. Un instant.