lundi 20 novembre 2017

En chacun de nous il y a Stalingrad


Le jeudi matin 19 novembre 1942, il y a 75 ans, les Soviétiques lançaient une opération militaire, téméraire voire insensée : encercler la 6 ème Armée Allemande à Stalingrad, qui depuis Juillet 1942 tendait de prendre la ville. Ce jeudi là, les Soviétiques ne conservaient plus que 10% de la ville en 3 ilots discontinus, dos à la Volga. Mais, depuis mi septembre, ils avaient massés 1 million d’hommes au Sud et au Nord de la ville. L’encerclement sera effectif le 23 Novembre, les branches Sud et Nord se rejoignaient à Kalatch, à 80 kms à l’Ouest de Stalingrad, y enfermant 300.000 soldats Allemands. Le 2 février 1943, les derniers nids de résistance Allemands se rendaient et le reste de la 6ème ème Armée Allemande, 90.000 hommes, partait en captivité. « Stalingrad, fut le signal de l’avenir » comme l’a si bien écrit Vassili Grossman, cela fut effectivement un tournant majeur de la Seconde Guerre Mondiale, la Wehrmacht avait pour la première fois reculé devant Moscou en décembre 1941, mais à Stalingrad c’était son anéantissement qui était programmé, le coup de grâce sera donné à Koursk en juillet 1943, la Wehrmacht perdant alors toute capacité offensive, et à partir du 21 juin 1944 elle sera écrasée et repoussée, jusqu’à Berlin en mai 1945.
Ce sont les Soviétiques et eux seuls qui ont portés l’estocade au Nazisme, l’aide Américaine (Le lend lease) sera réellement effective qu’à partir de Juillet 1943, les USA ayant fait le partage du travail : aux Etats Unis les armes, aux Soviétiques les morts. Rien qu’à Stalingrad c’est 400.000 morts militaires Soviétiques et 43.000 civils tués lors du bombardement du 23 aout 1943…A titre de comparaison les Anglais auront pour l’ensemble de la guerre 384.000 pertes militaires et 67.000 civils et les Américains 150.000 pertes sur le théâtre Européen et 1700 civils et les Soviétiques, au total,
8 millions de morts militaires et 13 millions de mort civils. Les chiffres ne sont pas arguments, mais ils donnent l’échelle humaine du sacrifice et montre la violence extrême de la guerre d’extermination menés par les Nazis contre l’URSS.
Alors que la victoire de Stalingrad et le Front de l’Est, ont été les fondements de la défaite du Nazisme et donc sont constitutifs indiscutablement de la liberté retrouvée en 1945, ils sont dans les consciences, le souvenir, Occidental oubliés, voir méprisés. Les Européens en général, et les Français en particuliers, idolâtrant le débarquement Anglo-Américain de Juin 1944, voyant en lui la libération de l’Europe alors qu’il n’eu lieu que pour des raisons idéologiques, non pas pour vaincre les Nazis mais pour s’opposer aux Soviétiques, et le chemin vers Berlin des Anglo-Américains fut rendu facile, et moins douloureux du fait que 150 divisions Allemands combattaient à l’Est et seulement 30 à l’Ouest et à partir de janvier 1945, les troupes Allemandes se rendaient en nombre pour ne pas être fait prisonnières par les Soviétiques. (Sans parler que les Anglo-Americans et au premier chef, W. Churchill, cet anti communiste compulsif et obsessionnel, favoriseront les redditions partielles imaginant, comme les Allemands, un renversement d’alliance, pour une lutte commune contre les Soviétiques.)
Mais les faits Historiques sont là ; mais les faits historiques sont têtus ; mais les faits historiques sont solidement établis ; mais les faits historiques sont bien documentés : ce sont les Soviétiques qui ont vaincus le Nazisme et qui nous ont libérés de cette obscurité terrifiante. Ce n’est pas d’être pro-Stalinien que de dire et penser cela, ni de nier la terreur Stalinienne, c’est simplement de rende justice, de rendre hommage, à ces hommes et à ces femmes Soviétiques qui à Stalingrad se sont sacrifiés pour nous. C’est entendre en nous les « Hourrah » de ce 19 novembre poussés par les milliers de soldats montant à l’assaut. Ces hommes et ces femmes se battaient contre le Nazisme mais aussi espéraient que leurs sacrifices puissent ouvrir une nouvelle ère pour leur patrie.
C’est s’incliner devant leur âmes, leur rendre hommage, chaque 19 Novembre et 2 Février en les évoquant par des mots ou du moins en pensée. Ils ne peuvent pas être oublié, ni leur rôle minimisé, voire mésestimé, par une réécriture mensongère de l’Histoire faite par les Anglo-Américains qui est devenu la doxa de la culture historique d’après guerre. Ce sont eux qui ont écrits l’Histoire et la notre en tant qu’individus. En chacun de nous il y a Stalingrad, nous nous devons de le vivre ainsi.
Mon long métrage EST évoquera Stalingrad et le Front de l’Est, si vous souhaitez suivre ou aider se projet à se réaliser, retrouvons sur la page qui est consacré à ce film.
https://www.facebook.com/ESTLEFILM

mercredi 30 août 2017

Eloge du plan fixe

Le plan fixe enracine le regard dans le désir d’écrire. Il a la force du sens. C’est un point de vue, une proposition, un parti pris. A contrario, les images mouvantes, bougeantes ad nauseam (slider, steadycam, GoPro et autres drones….), ne sont qu’une accumulation, une juxtaposition de visions, une logorrhée visuelle refusant un possible, se complaisant dans le déni de montrer, de s'engager. Le véritable travelling est la sagesse du mouvement, il accompagne le regard, il est l’expression d’un désir, il est l’écriture d’un plan fixe se développant, se déroulant dans l’espace, parcourant le paysage de la narration.  Le plan fixe c’est le mouvement de la main qui écrit.

mercredi 23 août 2017

Stalingrad, un dimanche d’été




Il y a 75 ans, le dimanche 23 aout 1942, la VIème Armée de Paulus étant aux portes de Stalingrad, la ville est bombardée par la Luftwaffe : 1600 sorties, 1000 tonnes de bombes sont larguées avant l’offensive proprement dite. 80 % de la ville est rasée. 40.000 morts civils. Guernica n’était qu’un entrainement. Ce bombardement n’a pas de place dans la mémoire, le souvenir. Il est effacé comme les murs des maisons de Stalingrad. Il faudrait des nouveaux Picasso pour raviver ce souvenir, honorer ces 40.000 victimes. 

En détruisant la ville, les Nazis ont construit sans le savoir leur tombeau, dans ces ruines les Soviétiques vont mener une guérilla urbaine, où chaque maison éventrée, chaque lambeau de mur seront autant de batailles à livrer pour conquérir la ville. L’Armée de Paulus va s’épuiser physiquement et moralement dans ces combats, et quand bien même les pertes Soviétiques s’élèvent à 300.000 morts, qu’en octobre Paulus occupe 90% de la ville, Stalingrad résiste, s’arc-boute aux rives de la Volga, s'accroche à sa steppe aux paysages infinis.

L’aube du jeudi 19 novembre 1942 apportera la récompense à ces sacrifices. L’Armée Rouge lance son opération Uranus. Le 23 Novembre, les 300.000 hommes de Paulus sont encerclés. Dans deux mois et demi, les 90.000 survivants se rendront aux Soviétiques. Ça sera la première défaite de la Wehrmacht depuis 1939, « le signal de l’avenir » comme l’a écrit Vassili Grossman.

mercredi 5 juillet 2017

A l’Est, notre lumière.

Il y a 74 ans, le 5 juillet 1943, la Wehrmacht lançait l’opération Citadelle pour réduire l’immense saillant de Koursk. Le 2 février de cette même année, la 6 ème Armée de Paulus s’était rendue, à Stalingrad, à l’Armée Rouge. C’était la première fois de la guerre les Allemands étaient vaincus. Vassili Grossman a écrit que Stalingrad fut le signal de l’avenir. La Bataille de Koursk est à l’instar des batailles du front de l’Est, démesurée, titanesque : la Wehrmacht regroupe 900.000 hommes, 10.000 canons, 2000 avions, 2700 chars, les Soviétiques y opposent 1,9 millions d’hommes, 20.000 canons , 4900 chars, 2700 avions..… La Wehrmacht se heurte à une défense Soviétique bien organisée, opiniâtre, combative. Le 23 aout la bataille cesse sur une défaite Allemande, le saillant n’est pas réduit et l’Armée Rouge a repris deux villes importantes Orel et Kharkov. Ca sera la dernière offensive Allemande, à partir d'août 1943 face à la poussée Soviétique, la Wehrmacht ira de retraite, en défaite, le coup de grâce sera donné le 22 juin 1944 par l’offensive Soviétique Bagration, qui conduira les Soviétiques jusqu’à Berlin. Après Moscou en décembre 1941, Stalingrad en février 1943, Koursk change le cours de l’histoire, l’Allemagne est vaincue militairement car humainement et matériellement elle ne peut plus lancer d’offensive. Il faudra encore 1 an et 1/2 pour la vaincre au prix de sacrifices Soviétiques tout aussi démesurés que les batailles. Ces âmes soviétiques, ne les oublions pas, gardons les dans nos mémoires, ce sont elles qui ont effacés les ténèbres Nazies, et qui nous ont apportés la lumière qui encore aujourd’hui, bon gré, malgré, nous éclaire.

mercredi 21 juin 2017

22 Juin 1944, la victoire se lève à l’Est



Il y a 73 ans, le 22 juin 1944 commençait l’opération Bagration, la grande offensive Soviétique qui allait les amener à Berlin en mai 1945 : 1000kms de front, 2,3 millions d’hommes engagés , 6500 chars, en 15 jours 30 divisions Allemandes sont anéantis, 600.000 morts…C'est l'opération militaire la plus importante de 1944 loin devant celle du Débarquement en Normandie. En Juin 1944, l’enjeu de la guerre, la défaite des Nazis, se jouait à L’Est pas à l’Ouest…Les Américains n’ont pas débarqués pour libérer l’Europe ils ont débarqués pour ne pas laisser la victoire aux Soviétiques… Faisant fi des sacrifices Soviétiques les Anglo-Américians on fait de l’Allemagne leur alliée dès mai 1945, sans une dénazification en profondeur de la société Allemande et bien au contraire les officiers de la Wehrmacht, les cadres de la SS qui agissaient dans les ministères se sont retrouvés aux commandes de la RFA sous la houlette protectrice des Américains. Le Plan Marshall de 1947, parachèvera cette stratégie faisant couler les milliards de dollar (équivalent à 130 Millards d’Euros) au prix d’une annexion économique et sociale au modèle Américain. Libérer la France était le cadet des soucis des Anglo Américains, au contraire ils voulaient imposer un protectorat sur la France, un AMGOT ( Allied Military Government of Occupied Territories), les billets de la monnaie de ce protectorat étaient déjà imprimés et convoyés par bateau dès le 6 juin…Et ce n’est que grâce à la hargne, la foi, la force, le courage de De Gaulle, agissant contre Churchill et Roosevelt, qui a réussi à imposer un gouvernement de la France Libre. Il est temps de rendre hommage aux Soviétiques civils et militaires qui ont été les vrais vainqueurs oubliés de cette guerre. C’est eux qui nous ont sortis des ténèbres du Nazisme, au prix de sacrifices effarants : 8 millions de soldats Soviétiques et 13 millions de civils Soviétiques ont péris dans la guerre d’extermination, la colonisation génocidaire menées par les Nazis contre l’URSS. L’après guerre aurait été certainement tout autre, si les Américains auraient reconnus et respectés les sacrifices Soviétiques, au lieu d’en faire leur nouvel ennemi et l’Allemagne, encore Nazie, leur nouvel allié. (A titre de comparaison les Américains ont eu 150.000 pertes en Europe et autant dans le Pacifique)

lundi 15 mai 2017

La nourriture du regard


















Pour l’industrie agro alimentaire et son complément la grande distribution, la nourriture doit se plier à la nécessité des profits et donc aux impératifs de production nécessaires pour générer le maximum de marge, l’aspect nutritif disparaissant devant celui de produit. 
Au delà des méfaits écologiques et sanitaires que ces produits apportent, de la perte du goût des aliments, ils désacralisent la nourriture, en la rendant uniforme visuellement : �les carottes sont oranges et droites, les tomates sont rouges et rondes, les pommes jaunes et calibrées par rapport aux taille des palettes utilisées dans les transports, les salades coupées et empaquetées, la nourriture est moche avant d’être mauvaise… 
Mais depuis le mois de mars, chez Boutiques Terroirs d'Avenir rue Jean Pierre Timbaud, j’ai renoué, comme étant enfant faisant les courses avec ma mère, avec le plaisir, l’étonnement devant des textures bigarrées des feuilles, des formes biscornues, des imperfections et des irrégularités des couleurs, des légumes peu connus… Le plaisir est déjà visuel avant d’être gustatif, c’est déjà beau avant d’être bon ! et puis on parle avec les vendeurs et les vendeuses, on n’est pas claquemuré dans l’absence bruyant des supermarchés.. La nourriture c’est aussi les mots et le regard …

lundi 8 mai 2017

Les grands hommes et les hommes ordinaires



Voila 72 ans le 9 mai 1945 à 1H01 heure de Moscou (8 mai 23H01 heure de Berlin) entrait en vigueur la Capitulation de l’Allemande Nazi . A partir de cette date, l’Allemagne n’était plus l’ennemi des Anglo-Américains mais son alliée face aux Soviétiques et démarrait le storry telling de la réécriture de l’Histoire : grâce aux Anglo-Americains l’Allemagne était vaincue et l’Europe Libérée.
Le Front de l’Est disparaissait de l’Histoire ainsi que ces 13 millions de morts civils Soviétiques et ces 8 millions de morts militaires, et un territoire, de la Vistule à la Volga, transformée en terre brûlée. 
Naissait aussi les légendes ; Winston Churchill en était une : l’homme qui a tenu tête à l’Allemagne avec son flemme Britannique et son éternel cigare, un grand démocrate pourfendeur du fascisme. Nonobstant que l’Empire Britannique dont il était le Premier Ministre ne brillait pas particulièrement par sa démocratie, cet homme avait 2 ennemis : l’Allemagne et l’URSS.
Déjà en 1940, avant la déconfiture Française, il avait envisagé avec les Français d’attaquer (rien que cela !) l’URSS (Intervention au Nord lors de la guerre Russo-Finlandais, intervention au Sud en bombardant les champs Pétrolier de Bakou, depuis le nord de l’Irak) et au début 1945, planifia une guerre contre l’URSS (opération Unthinkable) qui devrait se déclencher en juillet 1945, avec l’aide des divisons Allemandes qui s’étaient rendues aux Anglo-Américains mais qui n’étaient pas démilitarisée, au cas ou..… 
Donc, l’invasion Nazie de l’URSS en juin 1941 était vu presque comme une aubaine, une fois la menace Soviétique éradiquée par les Nazis, des négociations pourraient être mené avec le IIIème Reich…Quand la victoire Russe advint à Stalingrad en février 1943, suivit en Juillet de la victoire à Koursk et que l’Armée Rouge commença sa marche de reconquête de son territoire en visant Berlin, pour Winston Churchill le second front, tant attendu par les Soviétiques depuis 1941, devint une priorité, moins pour libérer l’Europe, que pour ne pas laisser la victoire complète à l’URSS. Alors en 1945, les sacrifices humains des Soviétiques n’ont pas peser lourd dans la balance pour faire passer l’Allemagne encore Nazie d’ennemi à alliée. Ainsi sont les grands hommes.
SI Churchill avait 2 ennemis, le Soldat Soviétique, avait aussi deux ennemis : le Nazisme et le Stalinisme. Il se battait contre le premier en espérant que ces sacrifices puissent amener à la libération, une autre forme de Socialisme, sans terreur. Staline alla dans ce sens tant qu’il avait besoin de cette énergie, mais hélas en 1945, peu de choses évoluèrent, et les convois vers Magadan étaient remplis de Soldats fait prisonniers par les Allemands et qui avaient survécus. Ils avaient vaincus les Nazis, libérés l’Europe, mais pas leur propre pays. Ainsi sont les hommes ordinaires.
Alors en ce jour de souvenir, que ces hommes et ces femmes ordinaires sachent, dans leurs lointains, qu’ils ne sont pas oubliés.

dimanche 19 mars 2017

Cadrer c’est écrire

Découverte du film « Chemin de croix » de Dietrich Bruggeman ; au delà de l’histoire, la quête d’absolu d’une adolescente élevée dans une famille catholique intégriste, servie par une interprétation sidérante de la comédienne Lea van Acken qui joue le rôle de cette adolescence, c’est la forme qui m’a troublé. 

Le film est structuré en 14  séquences, rappelant les 14 étapes du Chemin de croix. Chaque séquence est un plan fixe, filmée en CinémaScope 2:35, qui fait de chaque séquence autant de tableaux. Cette fixité, cette simplicité donne une image puissante, profonde. Elles donnent un cadre, un territoire aux mots, au sens, aux émotions pour qu’elles puissent y naître et s’épanouir au regard. Cadrer ce n’est pas poser la caméra, c’est se poser des questions. Cadrer ce n’est pas seulement voir une image, c’est aussi l’écouter, la ressentir. Cadrer c’est écrire.

lundi 20 février 2017

Les tombes de l’oubli






























Quasiment après les accords de Postdam en Aout 1945, divisant l’Allemagne vaincue en 4 zones d’occupation, pour les Américains l’Allemagne passe du statut d’ennemi à celui d’allié. Alliés contre le Communisme de Staline  mais aussi tête de pont du marché Américain en Europe. En effet, le Plan Marschall de 1947 impliquait l’importation de produits Américains du montant du prêt accordé. Par contre l’aide matérielle et de  nourriture  (Prêt-bail) accordée par les Américains à l’URSS cesse elle dès le 11 mai 1945. 

Certes le Communisme Stalinien est à honnir car partageant des modèles, des actions, des buts identiques au Nazisme en terme de dictature, mais les Américains oublient  bien trop vite les sacrifices humains de l’URSS (13 millions de Civils et  8 millions de pertes militaires), leur territoire ravagé par la politique de terre brûlée. Ils ne cherchent pas à dialoguer ne serait ce que par respect pour ces sacrifices, alors que ces derniers ont grandement facilité  leur progression en Europe, y compris lors de la Bataille des Ardennes où les Anglo Américains ont, sans vergogne, demandés aux Soviétiques d’accentuer leur pression sur la Wehrmacht en Hongrie pour soulager le front occidental.

Cette rapidité du basculement d’ennemi à allié de lL’Allemagne, n’est en fait qu’une continuation de l’attitude Anglo Américaine durant la guerre (et c’était la lubie du grand Démocrate Winston Churchil « de contenir ces barbares Russes »)  : confiner l’URSS le plus à l’Est possible quitte à s’allier avec l’Allemagne et ses généraux « honnêtes » comme Rommel, un peu comme la volonté Américaine de gérer la France,  après la victoire, avec un régime de protectorat (A.M.G.O.T) »  en s’associant avec des Vichystes « bon teint » : comme les généraux Weygand et Giraud et l’amiral Darlan,  Evidement cette réflexion ne diminue en rien les mérites des soldats et des officiers alliées qui ont combattu, sans être au courant des intrigues et machinations de leurs Gouvernements.


Cette rapidité de changement de statut a aussi une répercussion sur la rigueur, la profondeur de la dénazification de la société Allemande. Il a bien eu les procès de Nuremberg en 1945/1946, la tentative du « Questionnaire » qui devait classer les Allemands en 5 catégories en terme d’adhésion à l’idéologie Nazi, mais devant la complexité de mise ne oeuvre, la difficulté de vérifier  les réponses,  cette démarche fut abandonnée, la priorité étant la remise en marche de l’économie Allemande.

Ainsi ce qui sera l’Allemagne de l’Ouest, la RFA,  se reconstitue en intégrant en son sein, les ex nazis, comme un mal nécessaire pour rétablir la prospérité en Europe, condition du déploiement du marché Américains en son sein, et aussi moyen de faire  barrage au Communisme Stalinien… C’est dans cette démocratie balbutiante, issue de 15 ans de National Socalisme, que dès les années 50 les  généraux de l’ex Wehrmacht forgeront le mythe de la Wehrmacht chevaleresque, étrangère aux crimes de guerre, rejetant la responsabilité sur la SS. C’est aussi dans cette période que les réseaux d’entraides des anciens SS, recyclent leurs membres dans les administrations, les instituons, les entreprises. Car la SS n’était pas seulement les Waffen SS,  la partie combattante, qui a forgé dans notre mémoire l’image du SS violent, exalté, sans foi ni loi. Les SS c’était aussi la Haute Administration Nazie qui créait, planifiait, administrait, mettait en oeuvre en oeuvre la Solution finale,  la Politique de famine à l’Est, les Lois Raciales, l’industrie de guerre.… Ces SS étaient des universitaires, des docteurs en droit, en économie,  des professeurs , des ingénieurs qui se sont recyclés sans réels problèmes dans l’Economie Allemande de l’après guerre. 

L’Allemagne n’a pas expié ses crimes, elle les a refoulés dans sa réussite économique. Après le pont aérien en 1948 pour ravitailler Berlin bloqué par le blocus Soviétique faisant suite à la décision de la création de la nouvelle monnaie, le Deutsche Mark, les Etats Unis se posent en libérateur face aux Soviétiques, forgeant le mythe qu’ils sont les libérateurs de l’Europe, les vainqueurs des Nazis, un story-telling hollywoodien, une oeuvre de propagande qui efface des consciences les sacrifices Soviétiques.

Au sein de la Société Allemande et cela est à sa décharge, il y a eu différentes démarches pour souligner cette intégration d’anciens Nazis dans la société et les entreprises d’après guerre. Le « Livre Brun » édité en 1965 par la RDA donnait le nom de 1800 nazis à différents postes dans l’Administration l’Armée, la Justice les Sciences de la RFA. Considéré à l’époque par l’Ouest comme un oeuvre de propagande, cette liste et ces faits se sont avérés évidement exacts…En 1997, l’exposition de l’Institut d’’Histoire de Hamburg « Les crimes de la Wehrmacht » qui récusait preuves à l’appui le mythe d’une Wehrmacht chevaleresque, d’une armée propre sans participations aux crimes de guerre souleva un tollé général …. Plus proche de nous l’article de Peter Jahn de « Die Zeit » en 2007 soulignant le rôle primordial de l’URSS dans la défaite Nazie et rendant hommage aux sacrifices Soviétiques…. et les historiens Allemands qui sans cesse explorent les méandres du Nazisme, de leur Histoire…

On ne peut que saluer ces démarches, en France la Haute Administration un peu, beaucoup, collaborationniste a été aussi recyclée après guerre, comme par exemple Maurice Papon, préfet collaborationniste, qui  est devenu préfet de Police à Paris en 1958 et ministre du Budget du gouvernement Raymond Barre (1978 à 1981). Il a fallut du temps pour pouvoir parler du rôle de la police Française dans la déportation des Juifs (Le chagrin et la pitié , 1974) et on attend toujours ( et on peut attendre encore longtemps..) une exposition sur les crimes de la Milice Française et celle de l’Armée de la République en Algérie.

Cette dénazification  superficielle, la réécriture de l’Histoire faisant des Américains  les vainqueurs du Nazisme et les libérateurs de l’Europe  ont fait que le refoulement des crimes resurgit sous la forme de névroses,  comme l’attrait, voire la fascination, pour la Wehrmacht,  les SS, invincibles guerriers injustement mis au pilori, que l’on peut trouver, sans même aller dans le « dark web » sur certain groupes utilisateurs de Facebook ou des blogs de Tumblr.  

Ou bien l’ignorance, certainement en partie idéologique, qui fait que l’article « Génocide » de Wikipedia comporte une entrée pour la « Terreur rouge » des Bolcheviques et une autre pour le massacre des  Haïtiens en 1937 en République Dominicaine,  mais aucune pour les 13 millions de mort civils Soviétiques, pourtant victimes d’une colonisation génocidaire dans ses objectifs et ses moyens. (La politique de la Famine- édicté par Herbert Bracke, l’Ost Plan, les directives de combat de la Wehrmacht,  la planification des  actions des Einzagruppen)….
Bien peu de livres d’histoire français évoquent cela (il y a des exceptions, comme le remarquable livre de Christian Baechler «Guerre et exterminations à l'Est : Hitler et la conquête de l'espace vital 1933-1945 » Editions Taillandier), et  il faut se tourner vers les historiens Américains, Anglais et Allemands (un comble !), pour y trouver, études, analyses, recherches sur la réalité de la  guerre à L’Est.

L’incommensurable sacrifice humain et matériel des Soviétiques, les seuls vainqueurs du Nazisme, est tombé dans l’oubli des consciences et a été effacé de la mémoire des peuples à qui ils doivent la liberté, par un mensonge érigé en dogme d’Etat :  les Américains ont vaincus le Nazisme et libérés l’Europe. Les victimes Soviétiques sont ensevelies dans les tombes de l’oubli ; fleurissons les de notre souvenir, qu’elles sachent qu’au delà du temps, nos âmes pensent aux leurs et  que nous veillons sur elles.

samedi 18 février 2017

La beauté hasardeuse de la réalité


L’approche du Foveon, le capteur qui équipe les Sigma est de transformer les grains d’argent du film argentique en grain numériques, c’est une approche philosophique, douce, qui respecte la lumière car il ne fait que la recueillir. L’autre technique, utilisée majoritairement dans les appareils et les cameras numériques, le capteur avec filtre de Bayer a été crée par un ingénieur (W.Bayer) travaillant chez Kodak en 1970. C’est une approche technologique, mathématique, dure, qui ne respecte pas la lumière, puisque il va reconstituer la totalité de la réalité à partir d’un échantillonnage de 30% via sa mosaïque RVB.
Les algorithmes « debayerisant » ont beau être complexes et puissants ils n’en sont pas moins simplistes et faibles par rapport à la réalité, à sa beauté hasardeuse. Ces algorithmes ne connaissent que les pixels adjacents du pixel qu’il sont en train de calculer, il n’y aucune vison d’ensemble d’une zone. Ils voient la réalité par le petit bout de la lorgnette. Les aplats de couleur plus ou moins marqués sont les plus interpolés, car l’échantillonnage de la vraie couleur est plus faible et donc nécessite le plus d’interpolation. Même avec des approches de « gradient bidirectionnels », le « nec plus ultra » actuel des algorithmes de debayerisation, la restitution des subtilités est bien moindre et bien loin de la réalité.
La beauté est analogique et complexe et le Foveon captant l’ensemble de la couleur vraie, capte ainsi les subtiles variations d’intensité, de lumière, d’ombre, leur relations spatiales et leurs mille et une imperfections, restituant ainsi la richesse de l’agencement des subtilités de la lumière du sujet. Avec un filtre de Bayer, puisque l’on déduit, interprète les couleurs à partir d’un échantillon de 30% de la réalité, ces subtilités vont être gommées, lissées, réduites. L’image perd donc la richesse de sa subtilité originelle, elle va être remplacé pas une subtilité approximative, car lissée et de ce fait proposera à notre regard un ersatz de réalité, en simplifiant sa complexité et sa beauté.
Le filtre de Bayer est insensible au hasard des reflets de lumière, à celui des interactions de la géométrie des lentilles et de celle des formes de l’arrière plan, aux imperfections du rendu des lentilles, à la densité de l’air, à la légèreté de la pénombre, au mouvement indistinct de la brise, à l’irisement mystérieux des flous, à l’insensée fusion de la lumière et du flou, à la transcendance spéculaire des formes et des imperfections de sujet, à l’égarement de la pensée au moment de la prise de vue. 
Le capteur Foveon, lui capte tout cela, il appréhende la réalité, son hasard, ses imperfections, ses surprises, ses oublis. Ce qui fait la beauté, ce que le regard désire, ce pourquoi je photographie.

mercredi 15 février 2017

Le silence

















Je regarde par la fenêtre et je me surprend à écouter le silence. Juste à écouter. Le silence. 
Le ressentir. Comme on entre dans la mer, se laisser envelopper. Le corps au repos s’écoute. Comme dans le jeûne, le corps n’étant plus sollicité par l’extérieur, il revient à lui, il reprend possession de lui même.
Ce silence est étrange, car il n’est pas le rien, il n’est pas le vide, non il est l’indistinct, une forme de flou. Le silence est une force, car l’ouïe n’est plus sollicitée par les milles bruits extérieurs, mais par seulement les murmures intérieurs, les froissements de l’air sur la peau, le reflet de lumière sur la table. Je voudrais jeûner dans ce silence, m’en nourrir l’âme.

Ne pas vouloir

L’écriture est lente, par à coup, titubante parfois; absente aussi, perdue. Et puis elle revient comme si elle avait été masqué par un nuage de vie..J'apprend à être patient avec elle, à l'attendre, à l'attendre sans la vouloir. Abolir la volition d’écrire, être dans la posture de l’attente Une attente simple , épurée, une attente de rencontre. Ne pas vouloir. Attendre. Presque disparaître. C’est l’attente qui nourrit l’écriture. C’est l’écriture qui fixe le temps
La patience, le repos, l’inerte. Je me souviens; un après midi d’orage. L’air est lourd, gluant. Allongé je ne bouge pas, tant mes gestes seraient déplacés dans cette immobilité parfaite, dans cette lumière figée. La chaleur enserre la peau qui étouffe. Je me laisse aller à la moiteur, je me glisse dans l’attente. Il va pleuvoir.

mercredi 8 février 2017

Une inquiétante étrangeté





















Depuis 1 mois et 1/2 l’écriture du Synopsis de EST stagnait, voire régressait…pourtant je ne ménageais pas ma peine, mais rien de consistant naissait, des bribes tout au plus… A ma décharge c’est la première fois que j’ai à structurer un long métrage d’une façon non narrative et à « mettre en histoire » une si grande quantité d’informations, de récits, de notes au sujet de Stalingrad et du Front de l’Est…Ne perdant pas courage, mais en accusant le coup quand même, je continuais à avancer, péniblement, avec effort..…Et puis en milieu de semaine dernière, je ne sais ni pourquoi, ni comment, l’écriture s’est débloqué, la structure devenait évidente, la dramaturgie prenait corps, les personnages trouvaient enfin leur stature, les scènes apparaissaient…Instants jubilatoires (bien que fragiles il reste tant à faire ! ) où l’écriture, les mots deviennent évident comme si ils avaient toujours existé en moi, comme si cette histoire je n’avais pas à l’inventer, mais juste à l’invité à sortir de moi… A ces instants (que j’ai connus déjà quelques trop rare fois), je ressens profondément que je suis une sorte de médiateur, un lien entre des entités de temps disjointes, une résurgence d’un passé, d’une histoire. Des mots et des images qui à la fois je crée mais qui ne m’appartiennent pas en propre mais qui me sont légués et dont j’ai la charge de transmettre. L’Ecriture est une inquiétante étrangeté.

jeudi 2 février 2017

Que leurs âmes brillent











Aujourd’hui, ce mardi 2 février 1943, est un jour étrange, ici à Stalingrad.
Le silence se pose sur la ville, il nous enveloppe d’une manière si douce et pourtant si brutale. Nos oreilles ne le connaissent plus, il avait disparu de notre vie. 6 mois que nous ne l’avions plus entendu, 6 mois où il s’était effacé de nos sens, de nos souvenirs, où la mort n’était pas silencieuse mais vociférante de vacarme de bruit d’explosion des grenades, des crépitements de mitrailleuse, des cris de nos camarades tombés morts ou blessés, des cris poussés par ceux qui montaient à l’assaut. Le silence se répand tout autour de nous, monte dans le ciel clair, ne craint pas les -31° de cette journée. Nous sommes éberlués de l’entendre de nouveau, et ce sont nos sacrifices, notre désir de vaincre qui a crée ce silence, où vont naître les jours nouveaux ici et aux confins  de l’Europe. Vassili n’est plus là pour l’entendre, et pourtant ce silence il aurait aimé l’entendre car il en a été un des créateurs. Je lui écrirai cette après midi, pour lui dire que Stalingrad et son silence pensent à lui…..
 
Il y a donc 74 ans, ce 2 février 1943, les derniers nids de résistance Allemands se rendaient ou étaient réduits par l’Armée Rouge, le Maréchal Paulus s’étant rendu le 30 janvier, la 6 ème Armée allemande n’existait plus : 380.000 tués, 91.000 prisonniers. L’audacieuse opération Uranus, lancée le 19 novembre pour encercler cette 6 ème Armée se terminait par une victoire totale. Cette victoire est un événement majeur de la Seconde Guerre Mondiale, c’est là que l’Allemagne Nazie est pour la première fois défaite, déjà en décembre 1941 devant Moscou elle avait faibli, mais cette fois çi c’est son anéantissement qui est programmé. Ce retournement historique, l’URSS a en supporté tout le poids humain, c’est à elle et elle seule qu'en revient la postérité.
 
C’est une grande tristesse que cet événement ne soit pas célébré comme le débarquement Anglo-Américain de Juin 1944. Celui çi arriva bien tard, l’Allemagne Nazie à cette date, est virtuellement vaincue. Les Soviétiques avaient déjà libéré l’Ukraine et lançaient le 22 juin l’opération Bagration, sur une ligne de front s'étendant sur 1 000 km, ils avancent de 600 km en deux mois, arrivant aux portes de Varsovie, c’est la plus importante opération militaire en cet été 1944, bien loin devant le débarquement.
 
C’est une grande tristesse et une grande injustice, car dans la guerre d’extermination humaine, militaire, économique, culturelle menée par les Nazis sur le front l’Est, l’URSS a gagné au prix de 15 millions de morts civils (dont 1,5  millions de Juifs) et 11 millions de pertes militaires, les Américains ont eu 200.000 pertes sur le front européen, 6000 pertes civiles, un pays jamais occupé. Et tous les ans, en juin, le grand show mediatico-politique bat son plein et pas un mot, pas une pensée, pas un regard pour Stalingrad.
 
C’est une grande tristesse, une grande injustice et une grande blessure pour le peuple Soviétique, que cet oubli de leurs sacrifices et de leurs ampleurs. Un oubli raisonné, édifié sciemment par les Américains qui dès mai 1945, sans vergogne ont joué les Allemands contre les Soviétiques sans même tenter un dialogue ne serait ce que par respect du prix payé par les Soviétiques dans l’anéantissement des Nazis, et qui du jour au lendemain (même si il y eut les Procès de Nuremberg) ont passé l’éponge sur 15 ans de National Socialisme dans la société allemande.
 
Voila pourquoi aujourd’hui dans mon âme et mon coeur, je me souviens de ce mardi 2 février 1943 et je rend hommage à ces hommes et à ces femmes, qui nous ont permis de sortir des ténèbres Nazies. Que leurs âmes brillent.

lundi 30 janvier 2017

Lettres d'amour photographiques

















Au travers d’un livre, pour l’instant, en auto édition, j’ai pu découvrir le travail de Sylvie R. Robert que j’avais entre-aperçu et déjà aimé sur Facebook
Les photographies de Sylvie Robert sont de l’amour. Un amour immense. Ses photographies sont des lettres d’amour. Des lettres d’amour à ses filles, aux paysages, à la lumière. A la vie.
C’est une photographie d’âme, une photographie du tréfonds, de l’intérieur. C’est son âme qui voit, qui photographie. Elle pose un regard, comme on fait une caresse. Elle a le temps du regard, ce temps ni long, ni court, à la fois instantané et émanant d’un désir lentement construit. Le temps de l’émotion et du souvenir. Le temps de l’écriture. 
Elle possède l’art du flou, celui çi s’intègre dans l’image comme un élément primordial. Ce n’est pas seulement le flou d’arrière plan c’est aussi et surtout celui de premier plan, qui capte la fragilité du moment, celui du regard intime qui n’ose pas embrasser la totalité de la scène, et qui fait une pause sur le chemin de l’émotion. Un flou de questionnement, de peur peut être, d’infinie douceur aussi. 
Ses photographies possèdent un rapport étrange et beau entre le premier plan et l’arrière plan. Il donne une sensation ambivalente de distance et de proximité, comme si l’auteure voulait d’un seule geste abolir, effacer la séparation de la perception du loin et du près, de l’instant et du souvenir. On retrouve aussi cette écriture de la confusion de la séparation et de l’unité dans ces cadrages élaborés de dos, de nuques comme autant de visage sans visage. 
Dans ces photographies la présence de l’auteure est palpable. On sait qu’elle est là. On sait aussi qu’elle s’efface devant son propre regard. C’est une photographie incarnée, et là aussi elle nous perturbe et émeut par son désir de réunir en un seul instant, en une seule matière, la photographe et son sujet. Peut être que les photographies de Sylvie Robert sont en fait des autoportraits, des reflets d’âme.
Sylvie Rober donne à voir. Elle donne. C’est une photographie d’offrande. Que nous prenons dans notre regard avec mille précautions, mille plaisirs et mille remerciements pour ces instants passés avec ses photographies.

Photographie © Sylvie Robert 2017

jeudi 26 janvier 2017

Révolution Treblinka




Sur mes chemins de l’Est, Vassili Grossman m’a fait bifurqué vers Treblinka, dont il est le premier à rendre compte en septembre 1944 dans un récit « L’Enfer de Treblinka ».
Treblinka est un camp d’extermination, comme Sodibor, Belzec, Chemino, dédié à l’extermination des Juifs, c’est à dire qu’une partie d’un convoi, soit environs 2500 personnes arrivait à l’entrée du camps, 3 heures plus tard elles brûlaient sur les buchers à ciel ouvert.

Les Nazis prélevaient dans les convois des jeunes hommes forts pour servir de main d’oeuvre esclave : pour trier les bagages, couper  les cheveux des femmes, sortir les cadavres des chambre à gaz, arracher les dents en or, jeter les cadavres dans les fosses et en 1943, pour déterrer des centaines de milliers de corps décomposés et les transporter sur les buchers pour faire disparaître toute trace du génocide. Un des ces hommes, Chil Rajchman, a réussir à survivre 10 mois à Treblinka. Quand la dernière fosse fut presque vidé de ces cadavres, présentant qu’ils seront tous assassinés et que personnes pourraient témoigner, ces hommes se sont révoltés et évadés de Treblinka, le 2 août 1943.

Après guerre il devait avoir une dizaine de survivants sur les 800.000 juifs assassinés à Treblinka. Child Rajchman fit parti de ces survivants.  Il réussi à rejoindre Varsovie fin 1943, qui était à 90km de Treblinka et se cacher chez un ami jusqu’à la fin de la guerre. Durant cette période, c’est à dire alors que la guerre n’était pas encore finie, il a écrit son témoignage , « Je suis le dernier Juif » qui a été édité très tardivement, après sa mort en 2004. 

C’est une écriture d’apocalypse, une écriture caméra qui enregistre, restitue sans fard la vérité nue, qui nous submerge. Nous envahit. Une écriture à perdre haleine, une écriture qui courre sans arrêt comme ces hommes étaient obligés de le faire dans l’exécution de leurs tâches, ne pas courir assez vite c’était les coups de fouet et de cravache, s’arrêter c’était une balle dans la tête. 

Une écriture étrangement belle dans son aridité, son bousculement des mots, sa discontinuité narrative, sa fragmentation  émotionnelle,  son incomplétude et dans la description de ce temps de mort, des éclats de mot « les wagons tristes m’emportent vers ce lieu… », qui surgissent on ne sait comment, on ne sait d’où.

C’est une écriture cinglante, dégoulinante comme le sang qui sortait des fosses, à mille lieux de celle de Charlotte Delbo par exemple, tout aussi belle, toute aussi profonde et émouvante mais plus posée, plus littéraire. L’écriture de Chil Rajchman est à l’unisson de la vitesse de disparition d’un convoi à Treblinka et quand ces Hommes se sont lancé à l’assaut des barbelés le jour de la révolte, le 2 aout 1943, c’est aux cris de « Révolution Treblinka ! ». Ces cris résonnent dans ma mémoire comme un appel.

Je suis le dernier Juif de Chil Rajchman / Le Livre de Poche

lundi 16 janvier 2017

Glissement de la lumière sur le temps

















Jeûne de 7 jours.
Le jeûne rend léger, le corps est en jachère. Au repos. Au silence.
Le corps redevient lent. On le sent.
Perception plus fine, plus pure de la lumière, comme si un filtre avait été ôté, un voile levé, étrangeté d’un nouveau regard.
La pensée, l’écriture deviennent plus facile, comme libérées de la gangue du corps, comme elles se seraient extraites de la matière, de la chair, le corps n’étant plus alors un obstacle, une déchirure.
Respiration, ample, profonde, lente, reposante, au rythme millénaire.
Le temps du jeûne est un temps long, un temps qui s’étend, un temps fluide, un temps où la hauteur du soleil redevient importante, où l’on perçoit l’importance de l’ombre qui s’étend sur le mur, où l’on entend le glissement de la lumière sur le temps.

jeudi 5 janvier 2017

La mort est là


La mort est là. Là dans ma main. La mort est là dans ma main. 
La Tottenkoffe, l'insigne des SS est là dans ma main. La mort est là dans ma main. Je la regarde. Je regarde la mort, là dans ma main. Je l’observe. J’observe la mort. Là dans ma main. Là dans mon souvenir. Cette mort jouera dans « EST ». La mort est là. Là dans ma main vieillie. Là vivante dans mon histoire.