dimanche 27 mars 2011

Visite au pays des étalonneurs et à celui des avant-gardes


La fête de Holî se déroule en Inde pour célébrer le printemps. Durant les 2 jours de cette fête, les gens se jettent l’un à l’autre des couleurs sous forme de pigments. Au delà du fait que c'est du pain béni photographique pour les pages monde des journaux (papier ou web), il y a une telle joie et énergie chez les participants que l'on dirait que la couleur est leur seconde peau ou peut être bien la première. Et puis recevoir ces couleur doit être d’une volupté infinie ; jouir du plaisir de la matière. Assez éloigné de la rigidité numérique !


Aux antipodes de ce pays de couleur vibrantes et vivantes, il y a celui de l'image de l'avant garde vidéo, du moins celle d’une partie de la video d'art, du moins celle contenue dans les vidéos primées au festival Videoformes 2011 diffusées lors de la soirée du palmarès à laquelle je participais.


Dans ce pays l'image est laide, mal exposée, mal étalonnée, mal cadrée. Mais qu’importe l’image, puisque le concept est tout. Voila une bien triste affaire, car si déjà dans les années 1950, Isidore Isou, voulait supprimer l’image ce n’était pas par sa négation mais par son dépassement. Quand la perception est instrumentalisée, la technique fait partie de la beauté.


On a peine à croire qu'un peintre ne sachant pas peindre puisse créer une oeuvre, mais c’est pourtant ce que font ces Artistes video, ne maîtrisant en rien la technique de prise de vue. Mais cette dichotomie ne gêne rien ni les créateurs, ni les critiques patentés et autres membres de jury, car pour eux le concept prime sur l’image laide. Et pourtant dans la laideur du monde, c’est la beauté qui est subversive.

mercredi 16 mars 2011

Nourriture visuelle


Dernièrement j'ai étalonné des vidéos de recette pour Carte Noire. Ces films ont été réalisés par Philippe Lhomme et Michaël Roullier. Ce dernier, photographe et vidéaste a assuré aussi la pris de vue. Michaël Roullier est un homme de talent, possédant un vrai regard associé à une exigence tant esthétique que technique. Car en photo / video comme en peinture, la maîtrise technique est une composante de la beauté.


Ces 4 vidéos de 2 minutes forment effectivement un produit commandité mais son esthétisme, et avec quelques plans tournés mais non montés, en ferait un film abstrait digne de concourir à plus d'un festival. Car ici on est dans la matière, le ressenti. Dans la lumière. Belle, posée. Dans le temps. Celui du regard qui rentre en résonance avec le temps de la préparation culinaire. Une sorte d’image gourmande, aux flous alléchants, au travelling appétissants, aux gros plans affriolants. Des mouvements doux et onctueux. Une image de tentation, pour une nourriture épurée, une nourriture dépouillée de sa signification d’aliment, de son carcan de marchandise. Une nourriture sans âge, sans référence. Une peinture.


Ici on dirait que la nourriture se dévoile, se transforme, qu’elle quitte son enveloppe matérielle, pour devenir abstraction à la fois sensuelle et spirituelle. Sans aucun doute, ces vidéos nourrissent l’âme avant le corps.

dimanche 6 mars 2011

Quitter la couleur


Au détour d'un paysage entrevu d'une voiture, d'un seul coup un désir de revenir au noir et blanc. De quitter la couleur. Y revenir. Plus tard. Plus loin sur mon chemin. Plus tard dans le regard.

Pourquoi ce besoin soudain de se soustraire à la couleur ? Pourquoi cet abandon brutal ? Presque une chute. Un vacillement. Peut être pour revenir à la composition pure. Aux formes. Aux densités de la réalité. Ressentir plus que voir. Appréhender plus que capturer. Peut être que la couleur est elle la cécité de la sensation ? Revenir à une photographie d'ombres, porteuse d'abandon, de dérives lointaines. Une photographie du peu et de l'essentiel à la fois. Une photographie du sous-jacent. De l’intérieur.

La photographie en noir et blanc est celle de l'exil. Une photographie du départ. De l'oubli.