Quasiment après les accords de Postdam en Aout 1945, divisant l’Allemagne vaincue en 4 zones d’occupation, pour les Américains l’Allemagne passe du statut d’ennemi à celui d’allié. Alliés contre le Communisme de Staline mais aussi tête de pont du marché Américain en Europe. En effet, le Plan Marschall de 1947 impliquait l’importation de produits Américains du montant du prêt accordé. Par contre l’aide matérielle et de nourriture (Prêt-bail) accordée par les Américains à l’URSS cesse elle dès le 11 mai 1945.
Certes le Communisme Stalinien est à honnir car partageant des modèles, des actions, des buts identiques au Nazisme en terme de dictature, mais les Américains oublient bien trop vite les sacrifices humains de l’URSS (13 millions de Civils et 8 millions de pertes militaires), leur territoire ravagé par la politique de terre brûlée. Ils ne cherchent pas à dialoguer ne serait ce que par respect pour ces sacrifices, alors que ces derniers ont grandement facilité leur progression en Europe, y compris lors de la Bataille des Ardennes où les Anglo Américains ont, sans vergogne, demandés aux Soviétiques d’accentuer leur pression sur la Wehrmacht en Hongrie pour soulager le front occidental.
Cette rapidité du basculement d’ennemi à allié de lL’Allemagne, n’est en fait qu’une continuation de l’attitude Anglo Américaine durant la guerre (et c’était la lubie du grand Démocrate Winston Churchil « de contenir ces barbares Russes ») : confiner l’URSS le plus à l’Est possible quitte à s’allier avec l’Allemagne et ses généraux « honnêtes » comme Rommel, un peu comme la volonté Américaine de gérer la France, après la victoire, avec un régime de protectorat (A.M.G.O.T) » en s’associant avec des Vichystes « bon teint » : comme les généraux Weygand et Giraud et l’amiral Darlan, Evidement cette réflexion ne diminue en rien les mérites des soldats et des officiers alliées qui ont combattu, sans être au courant des intrigues et machinations de leurs Gouvernements.
Cette rapidité de changement de statut a aussi une répercussion sur la rigueur, la profondeur de la dénazification de la société Allemande. Il a bien eu les procès de Nuremberg en 1945/1946, la tentative du « Questionnaire » qui devait classer les Allemands en 5 catégories en terme d’adhésion à l’idéologie Nazi, mais devant la complexité de mise ne oeuvre, la difficulté de vérifier les réponses, cette démarche fut abandonnée, la priorité étant la remise en marche de l’économie Allemande.
Ainsi ce qui sera l’Allemagne de l’Ouest, la RFA, se reconstitue en intégrant en son sein, les ex nazis, comme un mal nécessaire pour rétablir la prospérité en Europe, condition du déploiement du marché Américains en son sein, et aussi moyen de faire barrage au Communisme Stalinien… C’est dans cette démocratie balbutiante, issue de 15 ans de National Socalisme, que dès les années 50 les généraux de l’ex Wehrmacht forgeront le mythe de la Wehrmacht chevaleresque, étrangère aux crimes de guerre, rejetant la responsabilité sur la SS. C’est aussi dans cette période que les réseaux d’entraides des anciens SS, recyclent leurs membres dans les administrations, les instituons, les entreprises. Car la SS n’était pas seulement les Waffen SS, la partie combattante, qui a forgé dans notre mémoire l’image du SS violent, exalté, sans foi ni loi. Les SS c’était aussi la Haute Administration Nazie qui créait, planifiait, administrait, mettait en oeuvre en oeuvre la Solution finale, la Politique de famine à l’Est, les Lois Raciales, l’industrie de guerre.… Ces SS étaient des universitaires, des docteurs en droit, en économie, des professeurs , des ingénieurs qui se sont recyclés sans réels problèmes dans l’Economie Allemande de l’après guerre.
L’Allemagne n’a pas expié ses crimes, elle les a refoulés dans sa réussite économique. Après le pont aérien en 1948 pour ravitailler Berlin bloqué par le blocus Soviétique faisant suite à la décision de la création de la nouvelle monnaie, le Deutsche Mark, les Etats Unis se posent en libérateur face aux Soviétiques, forgeant le mythe qu’ils sont les libérateurs de l’Europe, les vainqueurs des Nazis, un story-telling hollywoodien, une oeuvre de propagande qui efface des consciences les sacrifices Soviétiques.
Au sein de la Société Allemande et cela est à sa décharge, il y a eu différentes démarches pour souligner cette intégration d’anciens Nazis dans la société et les entreprises d’après guerre. Le « Livre Brun » édité en 1965 par la RDA donnait le nom de 1800 nazis à différents postes dans l’Administration l’Armée, la Justice les Sciences de la RFA. Considéré à l’époque par l’Ouest comme un oeuvre de propagande, cette liste et ces faits se sont avérés évidement exacts…En 1997, l’exposition de l’Institut d’’Histoire de Hamburg « Les crimes de la Wehrmacht » qui récusait preuves à l’appui le mythe d’une Wehrmacht chevaleresque, d’une armée propre sans participations aux crimes de guerre souleva un tollé général …. Plus proche de nous l’article de Peter Jahn de « Die Zeit » en 2007 soulignant le rôle primordial de l’URSS dans la défaite Nazie et rendant hommage aux sacrifices Soviétiques…. et les historiens Allemands qui sans cesse explorent les méandres du Nazisme, de leur Histoire…
On ne peut que saluer ces démarches, en France la Haute Administration un peu, beaucoup, collaborationniste a été aussi recyclée après guerre, comme par exemple Maurice Papon, préfet collaborationniste, qui est devenu préfet de Police à Paris en 1958 et ministre du Budget du gouvernement Raymond Barre (1978 à 1981). Il a fallut du temps pour pouvoir parler du rôle de la police Française dans la déportation des Juifs (Le chagrin et la pitié , 1974) et on attend toujours ( et on peut attendre encore longtemps..) une exposition sur les crimes de la Milice Française et celle de l’Armée de la République en Algérie.
Cette dénazification superficielle, la réécriture de l’Histoire faisant des Américains les vainqueurs du Nazisme et les libérateurs de l’Europe ont fait que le refoulement des crimes resurgit sous la forme de névroses, comme l’attrait, voire la fascination, pour la Wehrmacht, les SS, invincibles guerriers injustement mis au pilori, que l’on peut trouver, sans même aller dans le « dark web » sur certain groupes utilisateurs de Facebook ou des blogs de Tumblr.
Ou bien l’ignorance, certainement en partie idéologique, qui fait que l’article « Génocide » de Wikipedia comporte une entrée pour la « Terreur rouge » des Bolcheviques et une autre pour le massacre des Haïtiens en 1937 en République Dominicaine, mais aucune pour les 13 millions de mort civils Soviétiques, pourtant victimes d’une colonisation génocidaire dans ses objectifs et ses moyens. (La politique de la Famine- édicté par Herbert Bracke, l’Ost Plan, les directives de combat de la Wehrmacht, la planification des actions des Einzagruppen)….
Bien peu de livres d’histoire français évoquent cela (il y a des exceptions, comme le remarquable livre de Christian Baechler «Guerre et exterminations à l'Est : Hitler et la conquête de l'espace vital 1933-1945 » Editions Taillandier), et il faut se tourner vers les historiens Américains, Anglais et Allemands (un comble !), pour y trouver, études, analyses, recherches sur la réalité de la guerre à L’Est.
L’incommensurable sacrifice humain et matériel des Soviétiques, les seuls vainqueurs du Nazisme, est tombé dans l’oubli des consciences et a été effacé de la mémoire des peuples à qui ils doivent la liberté, par un mensonge érigé en dogme d’Etat : les Américains ont vaincus le Nazisme et libérés l’Europe. Les victimes Soviétiques sont ensevelies dans les tombes de l’oubli ; fleurissons les de notre souvenir, qu’elles sachent qu’au delà du temps, nos âmes pensent aux leurs et que nous veillons sur elles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire