lundi 26 juillet 2010

Le flou de la Redoute


Je feuilletais récemment le Catalogue de la Redoute. Dans la partie habillement, les mannequins Hommes et Femmes sont photographiés avec une faible profondeur de champs, ils se détachent sur un fond flou (rues, café, ..). Mais ce flou n’a pas d’apport esthétique, il n’est que technique, normatif. Pure artifice. Il ne construit pas, ne structure pas. Il est vide. L’image est transparente. Elle est marchande.


En écho de «Peinture / Photographie / Film « de Laszlo Moholy-Nagy résonne Ombre / Forme / Flou / entrelacs mirifique, trinité merveilleuse, lacis enchanteurs où passent et repassent mes photographies. Sans fin. Le flou est de l’ordre du regard. Du désir. Il doit être travaillé, ciselé. Patiné. Changer de diagramme, de distance focale, de mise au point. La matière sur laquelle il s'applique doit être choisie, repérée, étudiée, tout ne se prête pas au flou, ultime refuge de la vision.




Nous ferons taire la nuit.

mercredi 7 juillet 2010

Dichotomie de l'émotion



J'ai étalonné dernièrement le film de James Nicholson " Nobody Knows My Name". C’est la seconde fois que je travaille pour ce jeune réalisateur franco-américain dont les images, sa manière de filmer m'avaient tout de suite attiré. C’est est si rare ce talent de cadrage, de composition. D'avoir créé sa propre écriture cinématographique, sans artifice technique ou d'effet. Une écriture au service du sens.


Dans Nobody Knows My Name (un docu fiction sur un membre des Black Panthers qui en 72 détourna sans violence un avion vers l'Algérie et qui depuis plus de 35 ans vit en exil en France), vers la fin du film, le personnage principal regarde Paris depuis les hauts de Belleville, une larme coule sur sa joue.


Quand le film a été projeté à l'Elysée Biarritz, cette image m'a émue.

Mais au temps de l'étalonnage pas d'émotion ; pourtant je l'ai vu plus d’une vingtaine de fois ; pourtant en l'étalonnant j'ai peaufiné son rendu pour que la lumière contribue à cette émotion. Mais à ce moment là l’image n’était que lumière, matière. Elle n’était qu’image et non sensation. Plus tard lors de la projection elle sortira de sa gangue technique pour devenir émotion.


Etrange dichotomie qui a la fois sépare et assemble, éloigne et rapproche. Plaisir de vivre cela.



Nous sommes les descendants de nos futures visions



jeudi 1 juillet 2010

L’iPhone, le Leica du numérique



Apple, en 1994 avec la gamme QuickTake s’est essayé, sans succès, au marché de la photographie numérique grand public. Avec l’iPhone (le 3GS et maintenant le 4) Apple trace (sans trop le savoir !!) le chemin de la Nouvelle Photographie en associant matériel et applications.


Le numérique ne signifie pas que numérisation du média mais aussi, mais surtout, logiciel. C'est a dire traitement de l'information. L’iPhone propose une base matérielle (photographique + communication) pilotée par des applications offrant un environnement créatif sans précédent.


Mon iPhone n’est pas «un» appareil photo mais plusieurs :

«Joiner Camera» pour faire des collages dadaïstes temps réel et du bout des doigts, «Snapy» pour déclencher sur un mouvement et développer une esthétique du filé, «iMotion» pour développer celle du stop motion....

Sans compter les possibilités de communication permettant des cadavres exquis planétaires mélangeant photographies, mots, sons, comme un peu ce que propose «Collage Fantasy» qui fait de l’iPhone un outil du hasard, un outil Dadaïste.


Comme le Leica M en son temps, par son petit format, créa une nouvelle vision, une nouvelle esthétique, l’iPhone est en train de créer une nouvelle photographie par son intégration numérique.


Bien sûr la "photo" traditionnelle n'est pas (encore) morte et coexiste mais le processus est engagé et dans 30 ans nous regarderons les canon 5D MK II ( et les autres ) comme aujourd'hui on regarde les chambres photographiques de Daguerre et les cameras 35mm à manivelle : comment pouvait-on faire des photos ou des films avec "ça" ??


Depuis Daguerre on prenait des photographies aujourd'hui avec l'iPhone on capture l'instant. Et nous passons ainsi de la lumière à la création.




Nos images aveuglantes ne nous méprisaient pas.