dimanche 26 décembre 2010

Slow Vision



Comme si il voulait être à l’unisson de ces temps d'agape, ces temps du trop, du gras, du surplus, de l'excès, le Grand Palais innove en ouvrant (en janvier) 24H/24H l’expo Monet.

Si il est à l’unisson de ces temps
où on se baffre, se gave, ingurgite, s’empiffre, il est à contre courant des mouvements «slow» : Slow Food (www.slowfood.fr) ou Slow City (www.cittaslow.net) qui milite respectivement, pour une nourriture de goût et responsable des impacts de la consommation et l’autre pour un rythme de vie et de développement des villes plus réfléchis, moins tournés vers l'efficacité industrielle.


Face à l’abondance visuelle, à l'outrance de l'image, à la saturation de la vision par la culture de masse, peut être serait il temps de lancer un mouvement de «Slow Vision» axé sur un accès raisonné à l’Art, une vision lente et réfléchie d’une oeuvre qui serait exposée avec langueur ? En évitant ces expositions massives, ces expositions où l’on se goinfre d’Art, ces expositions qui à force de vouloir avoir le plus grand nombre d’entrées ne sont qu’elles même leur propre produit dérivé. Une marchandise que l’on achète, puis un déchet que l’on jette. Une purulence visuelle, qui aveugle. Monet est lent.

jeudi 23 décembre 2010

Le nénuphar lumineux



Il y a quelque chose de surréaliste (si je peux dire..) dans le fait que l'exposition Monet sera ouverte 24H/24H durant ses 4 derniers jours. Obscénité dans ce désir de voir, de faire voir, coûte que coûte, à tous prix, à tout moment, le plus possible, sans interruption. Comme une publicité. Pourquoi ne pas carrément mettre les tableaux dans le métro, entre les 4X4 de pub à la pauvre esthétique glamour des parfums, et celle carcérale des hypermarchés ?

Les gens qui sortiront de l'exposition à 3H du matin dans la nuit froide de janvier, penseront ils aux soleils de Monet ?

Que ce soit dans "Impression soleil levant", ou dans une variante du Charing Cross Bridge, ou dans "Boulevard St Denis Argenteuil effet de neige", ou "Etretat coucher de Soleil", Monet peint de la même manière le soleil : un petit rond de couleur, perdu dans le ciel trop grand pour lui. Un rond dont la matière est traitée comme les nymphéas, une sorte de nénuphar lumineux qui flotte sur notre regard. Il passe de tableau en tableau, se retrouvant aussi dans la représentions des phares des locomotives à St lazare. Comment le voir, ce vagabond de lumière, dans la nuit triste de la culture marchande ?