samedi 14 mai 2011

L'oeil danse aux (loga)rithmes de la lumière



La deuxième révolution sur le Canon 5D apres le mode manuel, est la capture logarithmique. Technicolor ( ex Thomson) vient de signer un partenariat avec Canon pour développer des outils permettant à la gammes EOS de s’intégrer plus facilement dans des workflows de film et de télévision. Un premier produit issu de ce partenariat est un Picture Style (Appelé Cine Style) qui permet de capturer d'une manière logarithmique sur un Canon 5D MK II (et sur toute la gamme EOS).


Avec la capture logarithmique, le capteur ( et son électronique de traitement) s'humanise, il devient oeil...

En effet, l'oeil perçoit la lumière d'une manière non pas linéaire mais logarithmique. Il perçoit des rapports de luminosité plutôt que des incréments. Imaginons une pièce où on allume une à une 16 lampes de même puissance. A la 16 eme l'oeil ne percevra pas pas une luminosité 16 fois supérieure entre la 1ere et 16 ème lampes, mais seulement 4 fois et qui plus est, la différence de luminosité entre 1 et 2 lampes, 2 et 4 lampes, 4 et 8 lampes et 8 et 16 lampes est identique pour l’oeil...


Donc notre oeil perçoit plus les différences dans les basses et moyennes lumières que dans les hautes lumières, et cette perception s'effectue sous forme de rapport égaux déclenchée par des apports lumineux de plus en plus grand.


Du côté d’un capteur numérique, c’est une tout autre histoire, car il réagit d’une manière linéaire : plus il y a de lumière pluis la «tension» en sortie est importante. Si la lumière double, la «tension» de sortie double, et donc on va doubler aussi sa quantification numérique. ce qui a pour résultat que l'on va attribuer une grande quantité de bits pour les hautes lumières, et très peu pour les basses lumières et les intermédiaires. (entre le noir et le gris dans une capture linéaire sur 14bits, on va accorder 4% des 16384 valeurs, tandis qu’en log 10 bits cette plage va être représenté par 40% des 1024 valeurs )

Donc, en linéaire, (àl’inverse du film), adieu, les nuances, le subtil, les dégradés onctueux.



Ainsi donc une capture logarithmique va améliorer la dynamique du capteur ( on quantifie les données importantes, les blancs seront pas clippés, les noirs pas écrasés), et aussi l’ algorithmie du traitement du signal va donner de la réserve pour les blancs et les noirs noirs pour l'étalonnage. Car l’image obtenue est non saturée, non contrastée impropre à la vision. Il va falloir "étirer» les données via une LUT ou par les outils Lift/Gain/ Gamma d’un logiciel d'étalonnage. Car l’étalonnage est obligatoire. D’abord pour redonner du contraste et construire l'image avec une latitude sans commune mesure avec une image captée en lineaire (IUT 709). Ensuite, l'étalonnage (re)devient une étape décisive dans la finalisation d’une l’image, avec un matériau numérique qui est une veritable réserve de lumière.



Evidement le Canon 5D MKII encode en 4:2:0 / 8 bits, compresse en H264 et a une dynamique de 5 à 6 diaph, c'est à dire qu’il cumule tous les inconvénients !!!!! Donc sa capture logarithmique sera bien en deçà de la capture logarithmique d’une Viper, d'une Genesis, d'une F35 , d'une F3 , d'une Alexa ou d'une RED ( en post prod) car ces cameras ont déjà des dynamiques extrêmement élevés ( de l'ordre de 13 diagh hormis la F3) et la capture logarithmique se fait sur 10 bits, mais c’est toujours mieux qu’en linéaire.



En espérant que Canon intègre sur son futur 5D MKIII ou camera super 35 mm son propre mode logarithmique, une sorte de «C_Log". Dans cette attente mon Picture Profile est bloqué sur "Cine Style" car, la capture logarithmique, fait la part belle aux tons intermédiaires, aux basses lumières, tout en maitrisant les hautes lumières, c'est a dire le fondement de la subtilité. De la beauté.


www.technicolor.com/CineStyle.


mardi 10 mai 2011

Affiche(s)


Deux affiches se font concurrence dans le métro Parisien. L'une pour l'organisme "Visit Finland' et l'autre pour le 64 eme Festival de Cannes. L’affiche pour «Visit Finland» utilise des photo N & b du photographe Américain, né en Helsinsky Finlande, Arno Rafael Minkkinen. Magnifique travail de composition, d'éclairage, de tirage. Photographies empreintes d’âme, d'une grande force esthétique, d’une pureté éclatante.

A côte de ces oeuvres exposées dans les galeries souterraines du métro, l’affiche du Festival de Cannes fait pâle figure, peine à se montrer. C'est l'esthétisme bourgeois dans toute sa splendeur, sa pédanterie, sa pesanteur. C'est une création infertile, inerte, qui n'émeut pas, car construite sur l'absence. Une création issue de la marchandise et non du désir. Une affiche qui reflète bien ce Festival de Cannes, un festival de produits et non de films, un festival de pellicule mais pas d'image. Alors, par la Finlande, je me laisse envahir. Envelopper.


www.arno-rafael-minkkinen.com

dimanche 1 mai 2011

Silence visuel



Une journée sans voir. Vivre une journée de silence visuel. Pas d'image. Juste le noir. Le silence. Ne pas voir. Etre en soi. Se voir, en intérieur. Dans l'obscurité caressante. Se mouvoir dans l'absence d'image. Se nourrir du noir. Etre dans son vide. Ascèse mémorielle. Ne pas se souvenir. Ou juste des formes. Des ombres. De la laitance de la lumière. Effleurer la lumière. Imaginer le blanc. Se détacher de la perception. Pour renaître aux couleurs.