samedi 15 septembre 2018

Qu’avons nous faits de vos victoires ?
















Ces victoires, ne sont pas celles des troupes Soviétiques et Américaines ni celles des Résistant(e)s, des Partisan(e)s, mais les victoires de ceux et celles qui sont revenues de la géhenne concentrationnaire Nazie. 

Français(e)s, Allemand(e)s, Soviétiques, Tchèques, Norvégien(ne)s, Polonais(e)s, Tziganes, Hollandais(e)s, Espagnol(e)s, Grecs, Italien(ne)s, Suédois(e)s, qui avec mille ruses, milles chances, mille entraides, mille volontés de vivre, milles combats dans les luttes internes pour la survie, ont survécus à l'internement, aux marches de la mort de ce début 1945 où le III Reich s'effrondait mais encore plus dément que jamais, les forçait à un exode vers l’Ouest.

Ô qu'aurais je aimer vous connaître Micheline, Charlotte, Paul, Elie, David, Zalmem, Piotr, Eugen, Primo, Chil, Pierre, Anne-Lise, Ruth, Robert... Vos premiers jours de liberté si longtemps rêvé, désiré, furent le plus souvent  à la fois beaux et plein de désarroi, de désenchantement, car se passant dans le dénuement du no man’s land entre l'abandon des SS et la venue des Soviétiques, pour la plupart d’entre vous, ou des Américains. Désenchantement aussi lors du retour dans vos pays, dans vos familles, chez vos amis. L’impossibilité de transmettre, l’impossibilité d'être compris. Restait le silence, les rencontres entre camarades qui s'espaçaient peu à peu. L'ostracisation de la Société également, "nous aussi ont a souffert sous l'occupation" disaient ils, sans savoir, sans vouloir savoir, ce que vous aviez été au delà de la souffrance, au delà de la mort. Parfois, vous avez mis, 10 ans, 20 ans, 40 ans, 50 ans pour écrire votre témoignage. Moi enfant de l'après guerre, ils me reste que vos mots pour vous parler.

Dans ce monde en décrépitude, presque (à peine ?)  75 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, qu'avons nous fait de vos victoires, de vos retours ? Presque rien. Ou si peu. Il me semble que nous sommes doublement fautif : de vous avoir oubliés ;  d'avoir laissé faire nos gouvernements qui ont détruits le monde pour lequel vos victoires était faites. 

Par nos dérisoires combats de petits bonheurs de progression sociale, de libertés superficielles nous avons abdiqués vos souvenirs. Alors voilà, nous avons construit un présent sans passé et cette maison sans fondation, qui auraient dû être faite de vos victoires, se fissure, s'écroule, s’effrondre. Nous aurions dû revendiquer comme nôtres, vos chemins de souffrance, mais les Beatles, Mais 68, si nécessaire soient ils, clôturaient une époque et la nouvelle qui s'annoncait faite de plaisirs, de jouissances, de présent exacerbé, vous rejetait dans le néant de l’oubli. Au moment où peut être nous aurions eu le plus besoin de vous, nous vous avons effacés de nos mémoires. Qu'avons nous faits de vos victoires ? Bien peu de choses par rapport à ce qu'elles ont représentées pour vous. Alors, entamant  la dernière portion de mon chemin, je veux mettre en image vos mots, qu'ils résonnent de nouveau à nos oreilles, à nos yeux, à nos âmes, comme un chant dernier, pour dire que vos victoires ont existés et qu'un jour elles seront récompensées. Pour que dans les nuits qui viennent, semer votre lumière. 

mardi 11 septembre 2018

AUBE


L'aube féconde entra en moi. M'envahit.
Rugueuse et belle. Froid et douce
Elle me submergea de sa lumière
Moi l'enfant humble et fragile
Je péris presque de ses vagues funestes
Alors endoloris par ses jasmins d'avenir 
Je fus un instant ce que le monde a été
Déporté dans des lieux aux nuits immondes
Moi frêle instant de vie ballotté par la nuit
En haillon grelottant aux vents des rêves gris
Je sentis l'aube hardie me laver
Par ses lumières tenues et tièdes
Moi, souvenir errant dans mes obscurités hurlantes, 
Moi l'homme en haillon, n'ayant que la vie sur les os
J'entendis l'aube se lever au lointain
Enhardis par la lumière naissante
J'osais regarder la nuit bêlante aux monstres passés
Moi l'enfant nu et maigre je naissais de la nuit dévorante
La lune reine du noir blessant
S'effaçait, s'affaissait, vieille et rabougrie
La lune aux souvenirs glaiseux
Fuyait devant mes yeux 
Sur l’eau noire qui me portait
En tumultes féconds je faisais silence
Moi, mots  indistincts, images flétries missionnaires de mes démons
La lumière naissante caressait mes émois indolents
Ma peau pourpre et violente se laissant couvrir  de ses ondes
Mon corps en famine se rassasiait
De ses grains de lumière glanés aux cieux si souvent haïs
Les phares au loin s'éteignaient
Leur lumière ne saignaient plus de ses terres lointaines
Et je fus un instant ce que l'homme ne fut pas
Je rejoignais les passés en dévorant l'avenir qui venait au devant
Esquisse frêle aux bois nacrés
Aux voiles songeuses  je tutoyais la nuit
J' arrachais ses ténèbres, perpétuel fléau, et ses lambeaux d'obscurité 
Maintenant pourrissaient dans les nasses des souvenirs terreux
Moi le lointain, celui qui ne devait pas venir, je portais la lumière à l'horizon
Vous mes âmes oubliées dont, obstiné, je portais le deuil
Vous voilà ce matin libérées de vos supplices 
Et buvant la nuit jusqu'à la lie,  je savourais vos devenir sereins
La lumière étouffa la nuit
L'aube féconde entra en moi. M'envahit.