dimanche 18 mai 2014

La caméra amoureuse


















Si la forme d'India Song, le beau film de Marguerite Duras, tranche avec le cinéma standard, le cinema narratif, si le texte a une grande beauté propre, l'image reste d'une beauté académique (pourtant c'est Bruno Nuytten qui est à la caméra), une image  ampoulée d'une esthétisme convenue, une image bourgeoise dans son essence et sa forme. 

Le premier plan échappe à cela, sa beauté qui pouvait laisser augurer une grande mélopée visuelle, est orphelin. Il est seul. Comme abandonné.

Certes on peut imaginer que la réalisatrice a souhaité, cette rigueur, cette distance, ces compositions larges, ces plans comme des tableaux, pour "dépeindre" ses personnages, cette atmosphère. Mais si l'entité film est déconstruite, celle de l'image conserve un classicisme aux audaces étriquées. La déconstruction de l'image par le flou, les valeurs de plan, par une caméra organique, une caméra amoureuse des peaux et des regards reste, encore aujourd'hui, une lutte à mener. Un désir à assouvir.

jeudi 1 mai 2014

La tête dans les images





















Découverte d’Olivier Smolders aux court métrages attirants, avec une vraie démarche esthétique et un parti pris du non narratif.  Son recueil de court métrages en DVD qui s'intitule « Exercices Spirituels » est une gourmandise visuelle, à l’exquise saveur poétique. Du cinéma. 
Son unique long métrage « Nuit noire » est moins attirant, moins convaincant comme si la durée diluait son talent. Pour Ingmar Bergman  son talent se dilue dans l'espace qui n'est plus clos (maison, île, couple, névrose). « L’oeuf de serpent » ou « La honte » sont, à mes yeux, des films faibles, vides. Ce n'est pas tant l'espace qui perd I.Bergman mais c'est un territoire qui ne lui convient pas,  où il est étranger. Une âme errante. Il n'est plus dans ses terres mais dans celles du conventionnel, de l'attendu, dans celle de la doxa narrative marchande. Il nous faut être ce que nous sommes.

Le festival de Cannes approchant, je commence à me protéger du déluge médiatique qui va s’abattre  sur nos têtes, et plus que jamais,  je reste la tête dans les images…