dimanche 18 mai 2014

La caméra amoureuse


















Si la forme d'India Song, le beau film de Marguerite Duras, tranche avec le cinéma standard, le cinema narratif, si le texte a une grande beauté propre, l'image reste d'une beauté académique (pourtant c'est Bruno Nuytten qui est à la caméra), une image  ampoulée d'une esthétisme convenue, une image bourgeoise dans son essence et sa forme. 

Le premier plan échappe à cela, sa beauté qui pouvait laisser augurer une grande mélopée visuelle, est orphelin. Il est seul. Comme abandonné.

Certes on peut imaginer que la réalisatrice a souhaité, cette rigueur, cette distance, ces compositions larges, ces plans comme des tableaux, pour "dépeindre" ses personnages, cette atmosphère. Mais si l'entité film est déconstruite, celle de l'image conserve un classicisme aux audaces étriquées. La déconstruction de l'image par le flou, les valeurs de plan, par une caméra organique, une caméra amoureuse des peaux et des regards reste, encore aujourd'hui, une lutte à mener. Un désir à assouvir.

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