dimanche 23 décembre 2012

Le cinéma de Raymond

















Il y a 2 ou 3 ans voulant filmer New York, j'avais voulu visionner le "New York" de Raymond Depardon. Ne le trouvant pas d'une manière unitaire, j'avais du acheter le pack complet "Depardon Cinéaste" chez Arte Video...... Quelle déception au visionnage de  ce film : 9 mins  / 3 plans / Départ de Manhattan en  fin de journée  par le Roosevelt Island Tramway / Interminable plan fixe de gens  dans la rue/  Retour Manhattan par le Roosevelt Island Tramway de nuit. Et la voix off  de Depardon qui nous apprend qu’il n’est pas arrivé à filmer cette ville. et qu’il n'a  conservé  que ces plans...Ces 3 plans qui pour les critiques intello-cinephiles étaient sublimes, of course.

J’ai pris en grippe ce coffret et ne l'ai plus consulté,  jusqu'à dernièrement à la suite de «Lettres d’amour en Somalie" de F Mitterrand,  j’ai regardé « Empty quarter / Une femme en Afrique «  de Raymond Depardon, ce film me semblait en résonance avec celui de F Mitterrand. Divine surprise, le visionnage de ces images  fut une révélation. Si Je n’aimais pas  le cinéma de Depardon, (trop de flagorneries culturo-intellectuelles, trop d'encensement aveugle, trop de maniérisme), le cinéma de Raymond est beau et attirant.

Pourquoi filmer en Afrique ? pour l'ombre assurément, le lacis des pénombres...
Le cinema de Raymond n’est pas celui de la narration, il est celui de la lumière. La lumière est au service de la narration. La narration est la ponctuation de la lumière, des pénombres, des interstices lumineux, des glissements d’obscurité. Ses films ne sont pas à regarder, mais a ressentir, à percevoir. A regarder avec l'âme.


Elle. Elle s’appuie sur la jeep. Ensablée. Elle. Elle est verticale. La jeep est penché vers l'avant. Tout est immobile. La composition est celle d'une photographie. D'un tableau. Seule la robe bouge au vent. Doucement. Et ce mouvement est celui du sens.

dimanche 11 novembre 2012

Lettres d'amour en cinéma















Revu avec délice "Lettre d'amour en Somalie" de Frederic Mitterrand. Plusieurs délices se mélangeant.
Celui du 16mm, sa restitution de la dynamique de la scène, sa matière colorée et dense, ses écarts de balance des blancs. 

Celui de la beauté de l'écriture, si émouvante et pourtant sans pathos. 


Celui de la voix de F. Mitterrand nasale et lente, voix maîtrisée mais où parfois l'émotion du réel effleure la narration, échos subtils du souvenir. 


Celui de l'entrelacs de deux malheurs celui d'un pays et  celui d'un amour perdu. 


Celui d'un cinéma pur, qui loin des mouvements de camera alambiqués (tyrannie  actuelle du slider, de la grue  et du drone)  se construit avec de large aplats de plans fixes, à la parfaite composition, où nul ennui survient, car les mots et l'image, se donnent, s'offrent au regard, à la pensée. Car le plan fixe est à la prise de vue ce que le cut est au montage, la pureté extreme de l'expression, la forme du juste regard.


Celui de la voix off, une scansion continue et changeante, enveloppante  de présence, cette présence qui fait de nous ce pays, qui fait de nous cette douleur. 


Celui du mélange d'écritures, celle des mots et celle des images, tissages des sensations, intrication des sentiments.


"Lettres d'amour en Somalie",   comme une leçon de cinéma  épuré des scories de la marchandise et si une douleur d'amour peut donner cette beauté, alors elle vaut d'être vécue.

dimanche 2 septembre 2012

Route One / France























J'ai revu " Route One / USA" de Robert Kramer. Réactiver mon regard. Revenir aux sources. Se ressourcer. Un peu de désespérance aussi à voir qu’en 22 ans, l'Amérique ( le monde ?) n'a pas réellement changé : misère, ségrégation sociale, WASP dominateurs, conservateurs fanatiques, travail aliénant.... Mais ce qui est poignant c'est les rencontres de ces pépites Humaines qui, dans la fange du Monde Capitaliste, font briller la solidarité, l'espoir, l'entraide, le partage, et si le monde ne changera pas, du moins elles auront ouvert des brèches de bonheur, apporté des brisures de lumière.


Beauté des plans et beauté de l'image. Filmé avec une Aaton super 16  (et gonflė en  35 MM),  l'argentique nous offre sa grande dynamique, et surtout et surtout sa matière. Cette espèce de densité de lumière, ce coulis  de couleurs, cette viscosité de la réalité, qui rassasie le regard. Image organique,  minérale, vivante, porteuse d'émotion. L'image numérique reste, à mes yeux,  moins goûteuse, plus rêche, plus sèche.


En comparaison le film " La pluie et le beau  temps» d’Ariane Doublet (film qui fait partie de sa belle  «Suite Normande «) tourné en XDCAM je suppose, offre une image vide, voire distante alors que l'on filme des gens, leur histoire. Au delà de l'absence de profondeur de champs et de la faible dynamique,  cette image vidéo semble plate, frêle, fragile ;  on ne la croit pas capable d'étayer le propos, de soutenir  l'histoire. Comme une absence elle se greffe sur le regard. Le média et l'image sont intimement liés,  leur union est la matière du regard.


Par curiosité et intérêt j'ai regardé, analysé «Route One / Usa»  sous Résolve 9 ( bien que sachant que  j’étais loin, très loin des originaux...). 
Mon premier étonnement  est qu’aucune balance des blancs est juste. Ce n'est pas des gros écarts,  juste une petit dominante, mais face à la précision chirurgicale que l'on peut avoir en étalonnage numérique, cela surprend....et quand je la rétablis et bien 8 fois sur 10 le décalage était plus plaisant ! Comme quoi l'imprécision est porteuse d'esthétisme...

Autres étonnement, l’image très peu saturée et pourtant les couleurs ont une belle présence. Jamais de noirs écrasés, jamais de blancs clippės ( le wavefom du 5D souvent me désole, car la  moindre d'erreur donne des noirs écrasés), et puis des niveaux jamais élevé toujours autour de 70%  (est ce le processus de masterisation ? ) et pourtant l'image n'est pas sombre et contrastėe juste ce qu'il faut....
Du mal à revenir au 5D....peut être que la BMD ou la C100 (à défaut d'Alexa !!!! ) me soulagera de ce spleen argentique ?


Avec l'ami Raymond (Depardon) un parcours en France, se solde par des belles photos léchées, faites à la chambre grand format. Un rien figé, un rien maniérė,  la Touche Culturelle Française je suppose, cette espèce de suffisance Française qui voit le monde au travers d’un désir esthétique prétentieux et donneur de leçon... Contraste avec «Route One», vision dynamique d'une société, analyse en mouvement, sans pédantisme. Montrer. Juste montrer. Bâtir la réalité à partir du regard et non de son interprétation. Donner à voir l'illusion du monde, et non donner l'illusion de voir le monde. Peut être  aussi que si il y avait 5000 km entre le nord et le sud de la France, nous aurions des Kramer plutôt que des Depardon. À nous de tracer cette route d'images.

jeudi 9 août 2012

Simple is beautiful





Le blog de de Frédéric Kroutchev «Planet Photo» est une véritable mine pour voir le travail de centaines de Photographes... Au hasard de la découverte j'en choisis un, puis un autre, et puisque encore un autre, comme une dégustation de grand crus, on goute, et parfois le palais s’émerveille et les saveurs restent...C'est ainsi que j'ai découvert Nick Brandt un photographe animalier qui photographie en noir et blanc au Pentax 67 avec deux focales fixes. Ce dénuement technologique, cet engagement pour être au contact, donnent  des photographies d'animaux émouvantes, touchantes qui tiennent plus du portrait humain que de la photographie animalière. Troublant.

Autre découverte Vivian Maier qui durant les années 50 faisait du «street  photography" avec  son Rolleiflex bi objectifs. Inconnue jusqu'à sa découverte récente et par hasard (achat lors d'une vente aux enchères, pour une bouchée de pain, de plusieurs millier de négatifs) de son travail  au regard si humain ; on la devine légère dans les rues, presque transparente. (L’usage même du Rolleiflex  fait que ses portraits sont en légère contre plongée, renforçant, sans excès, la dramaturgie de la prise de vue.)

Simple is beautiful pourrait le point commun à ces 2 photographes. Loin du Leica M 9, du Fuji X Pro 1, du Sony Nex 7, estampillés appareils à « street photography», Vivian Maier shootait avec son gros Rolleiflex bi objectif. Et Nick Brandt, loin des téléobjectifs sophistiqués de 600  ou 800mm stabilisés, des boitiers 24x36 avec des modes rafale à 12 images/s, fait des portraits animaliers avec un 6x7 et des petits télés.

Dans un autre ordre d'idée un archer Coréen,  Im Dong-Hyun, quasiment aveugle ( 1/10 à l’oeil gauche et 2/10 à l’oeil droit ) arrive à un niveau international bien qu'il voit la cible comme un tableau impressionniste, des masses de couleur aux contours flous qui s’entremêlent,  comme si la visée ne dépendait pas du regard, mais d'une  perception intérieur du centre.
Du juste.

Le regard photographique c'est peut être cela, voir avec son âme, percevoir avec son désir. Alors, l'outil photographique peut être simple.

Le blog de Frédéric Kroutchev
http://theworldofphotographers.wordpress.com

dimanche 15 juillet 2012

CAMEFLEX MKIII
























Choix cornélien  pour remplacer mon Canon 5D MKII... La Digital Cinema Camera de Black Magic Design est tentante avec son Raw / Pro Ress 422, sa dynamique de 13 diaph,  son packaging avec Résolve et Ultrascope, son prix....mais je suis trop dans l'esthétisme du full frame en terme de profondeur de champ pour accepter un capteur S16. Et puis comme son nom l'indique cela doit être une camera de cinéma, c’est à dire qu’elle doit être à l’aise qu’avec un paquet de lumière (elle doit plafonner a 400 ISO en terme de qualité  de gestion du bruit), donc pas trop faite pour du documentaire (sa construction aussi ne semble pas la destiner à des environnements et /ou situations trop exposées..)
La Sony FS 700 ... capteur S35, dynamique de 12 diaph mais je suis trop dans le rendu Canon pour changer et en plus est elle moche.Vraiment moche.
Bien sûr la C300 serait (presque) l'optima capteur S35, gestion des hautes sensibilités, 422, capture logarithmique, 50 mbps, sa pris en main agréable mais son prix de 15.000 E la rend inaccessible, d'autant plus qu’au vu de ses caractéristiques et de sa construction elle est bien trop cher, son juste prix  serait plutôt de l’ordre de 7000E (prix de la FS 700)  Mais bon entre la gamme C, le haut de gamme EOS, le moyen gamme EOS  il faut bien que les marketeurs segmentent....ils ont joués le positionnement cinéma, il aurait pu jouer le positionnement "Indy" avec une C300 à 7000E, Canon  en aurait vendu comme des petits pains....
Le canon 5D MKIII est une sorte de 5D MKII tel qu'il aurait du  être, avec une électronique   actualisée...C'est cher payé pour cette "mise a jour", mais bon sa robustesse, son capteur Full Frame,  ses qualités de gestion en basses lumières, sa compacité, en font quand même un incontournable...en attendant une C200 ouune Aaton D-Minima..
La sortie du 40 mm «Pancake» a basculé la donne pour moi. Sa légèreté, sa compacité (quel contraste avec mon 35 / 1.4 ! ) font que l’on a plus que le poids du boitier à porter. Etrange sensation. Cet objectif sur mon Canon 5D MKII  ( et certainement mon  MKIII...), avec ma petite poignée Sony, le viseur Zacuto, me fait une config de cinéma ultra légère, une sorte de Cameflex du XXI eme siècle, avec juste ce qu’il faut de technique numérique, pour  me laissé porter par la poésie de la sensation, l’émotion de la perception. Et créer des images fait d'un mariage entre la sensibilité d'un Bernard Plossu, le cut-up de William Burroughs, et la prose instantanée d'un Jack Kerouac.

mercredi 6 juin 2012

François, Raymond et les hautes lumières

























Etrange portrait que celui de F.Hollande tiré par R.Depardon. Sans parler de la posture figée, du président, c'est le rapport disgracieux entre les basses lumières du premier plan et les hautes lumières de l'arrière plan qui dérange. A l'arrière plan  surexposé la perte de détails se fait déjà sentir, comme si il s'effaçait devant le premier plan, celui d'un Président omnipotent, qui par sa seule présence constituerait  la photographie.
Cette photo doublement laide est appréciée des intellos, car du Depardon c'est obligatoirement beau, c'est évident. Pourtant le roi de la lumière naturelle en plus d'un réflecteur (pratique naturelle) a utilisé un bon gros HMI avec diffuseur pour sortir de l'ombre le Président  et tenter d'équilibrer les basses et les hautes lumières.
 A cette triste photographie, s'ajoute une autre tristesse, pour les journaleux leur critique s'exprime en soulignant l'aspect "instagram" de la photographie, comme quoi à l'heure d 'Internet  et de la diffusion tout azimut de la culture, les référents de la photographie semble avoir régressés. Et nous voila donc pour 5 ans contraint de regarder cette photographie à la laide normalité.

jeudi 31 mai 2012

Cinéma instantané




















Dans son film "Sur la route", Walter Salles nous livre une adaptation ennuyeuse, scolaire, hollywoodienne du livre de Jack Kerouac. Comment peut on filmer l'intimité avec 200 personnes ? ( comme d'habitude j'ai regardé jusqu'à la fin le générique, ma manière à moi d'exprimer mon respect pour les sans grades qui font un film). Quelques (beaux) plans abstraits de routes, de paysages défilants, mais utilisés comme plan de coupe. Pourquoi ne pas avoir transposer en écriture cinématographique celle de Kerouac, sa prose instantanée ?  Difficile avec autant de monde de faire de la création, de se sentir près du texte, près des acteurs, près des paysages. Près de l’écriture.
On a le droit  à un découpage laborieux, un film lent, long. Sans idées. Kerouac a écrit le manuscrit de " Sur la route" sur un rouleau de 35 m de feuilles mises a bout, ne pourrait on pas imaginer un délirant plan séquence qui durerait tout le long du film, qui serait l'image de ce rouleau/route, structurée de scènes  en prose d'image instantanée tout en abstraction de sens, en dérive d'émotions, en instantanée de sentiments ?
Evidement on se heurterait au mur de l'intelligibilité standard, mais au lieu de comprendre sans émotion, ne vaut il pas mieux être ému sans compréhension ? Aller plus profond dans le cerveau, dépasser la compréhension par la logique pour la compréhension par le sens, l'émotion générée.
Peut être que pour adapter «Sur la route», il faut suivre les 30 principes de la prose moderne édictés par Kerouac. Car Walter Salles nous  montre qu'un film est  une écriture et non  une suite de plans plus ou moins bien joués, plus ou bien bien filmés, plus ou moins bien montés. Sur la route du cinéma poétique, l'horizon est encore loin.

dimanche 27 mai 2012

La Lumière est matière






















Ayant passė (enfin !) à Resolve, merveilleux logiciel, avec une "Color Sciençe " puissante  et belle, j'ai validé différents worflows : Red, Alexa Pro Ress Log C,  Canon Log C , Cinena DNG, Canon 5D Cinestyle.

Ces validations ayant été réalisées d'une manière rapprochée, j'ai pu réellement ressentir la matérialité de la lumière, tant les spectres de ces cameras avaient une réponse différente à une même modification. L'un résistait, l'autre s'étalait, un troisième se dispersait, chacun avait sa vie propre, aucun n'était similaire.

C'est cela connaitre sa camera, faire corps avec le sien à la prise de vue et à l'étalonnage faire corps avec sa lumière qu'elle a capté. Car la lumière doit se comprendre, se ressentir avant de se voir et de s'offrir, enfin, au sens.

Nuit et Brouillard





















Je traverse une phase (rare, belle et cruelle mais aussi jouissive) de réelle écriture automatique, où le conscient abjure sa résistante par fragment, par instant, par absence, à l'inconscient et les mots s'écrivent sans leur gangue d'intelligibilité, matière brut de sens, à la fois obscur et lumineux, lointain et proche, étrange et banal.

Lors d'une écriture, N&N (Nach und Nebel / Nuit et Brouillard) s'est inscrit à la place de N&B. N&N était le nom de la directive Allemande concernant le traitement des résistant(e)s en pays occupė, elle stipulait :

« A. Les prisonniers disparaîtront sans laisser de trace.
   B. Aucune information ne sera donnée sur leur lieu de détention ou sur leur sort.»

La disparition. L'effacement. La perte.  Comme si mon désir de noir et blanc était un appel du passė, une résurgence d'autres vies, où infiniment sensible, je le vivais comme l'écho de cette perte. Ou alors la disparition de la  couleur, dans la nuit et le brouillard du sens, comme seul possible d'une image porteuse de sensation.

dimanche 20 mai 2012

Le plaisir de l'absence




























Coup sur coup à  quelques semaines d'intervalle est apparu la camera S16 Ikonoskop  Panchromatic et le Leica M Monochrom, deux machines qui ne font exclusivement que du Noir & Blanc. Au delà de la problématique de prix (le Leica  est à 6800E !!! ), l'apport de la qualité d'un capteur N&B (abandon de la mosaïque de Bayer et du traitement associé) est indéniable et la tentation est grande d'utiliser ces appareils..... 

Si en argentique passer en N&B coutait le prix de la pellicule, en numérique, paradoxalement, pour l’instant il  faut changer d'appareil !  
On peut se laisser bercer par le rêve d'un boitier full frame avec un dos/capteur interchangeable....Le Ricoh GXR avec ces modules indépendants combinant capteur/objectif ou combinant capteur et une monture M,  pourrait proposer cela, par exemple le GXR Mount A12 en version Monochrome.
Revient en moi, le désir de retrouver la subtilité des lacis des gris, la profondeur des noirs, l'envolée douce des hautes lumières. Appréhender la joie de l'abandon de la couleur, jouir du plaisir de son absence. Le Noir & Blanc comme révélateur de sens, de  la perception pure, où la vérité se noie dans l'image.  

dimanche 22 avril 2012

N'être que lumière


























Dans le domaine de l'image différente, des propositions créatives d’outils, Ikonoskop annonce  sa «A-cam DII Panchromatic Edition Carl T. Dreyer».  Une caméra avec un capteur dédié au noir et blanc, avec laquelle j'aimerais tourner. 

Une sorte de vision pure. Une jubilation de se couper de la couleur,  de ne percevoir que les variations de gris, les dégradés d’ombres, les lacis de nuances. De n'être que lumière.

Peintre en cinéma


Alors que Canon snobe les indies qui ont fait le succès du Canon 5D MKII en offrant un MKIII plus cher avec juste une mise à jour de l'électronique sans un gain notable en terme de dynamique du capteur et se coupe du marché des petites productions avec une C300 a 12.000E bien trop chère pour ce qu'elle est,  un 1D C à 7000E avec du 4:2:2 pour le 4K mais du 4:2:0 pour le HD, sans parler de la C500 à 30.000E....
La stratégie de Canon semble être orientée par les lumières d'Hollywood, comme si c'était la centre mondial de la création, de l'original, du talent et avec un regard dédaigneux pour les prods indépendantes : alors que Canon à créer le marché d’une nouvelle image vidéo il semble qu'il ne l’a pas compris. Canon reste un fabriquant de matériel ( il faut voir la pauvreté de ces logiciels photos ou video) avec une vision purement matérielle du marché,  une perception purement hardware des besoins, des tendances.  
A l'opposé de ce positionnement, de cette cécité marketing, Black Magic Design crée la surprise en proposant sa Cinema Camera pour 3000E avec un capteur d’une dynamique de 13 diagh et surtout livré avec  une copie de Resolve et de Ultrascope. 


Bien sûr il faut voir ce que donne cette camera (bruit, mise au point, aide à l’exposition, ergonomie, workflow......) mais le fait qu'elle soit associée par essence à un logiciel d'étalonnage est le signe de la compréhension  du cycle de l'image, ( tout en étant lucide que chez Black Magic Design ce ne sont pas des philanthropes...), de la compréhension que  l'image numérique intègre les approches, les compétences,  que l'image numérique est un ensemble indissociable Captation/Etalonnage. L'image numérique  est une. Il y a de la peinture dans cette approche.  


Ce nouvel outil me convient car il matérialise une philosophie, contient une proposition  au contraire de Canon qui matérialise qu’une étude de marché, vide de vision. Dans le monde de l'image Black Magic Design est l'Apple et Canon le Microsoft, avec le même impact sur la création. Et les créateurs/créatrices.

mardi 10 avril 2012

Temps numérique


Depuis une quinzaine d'années, depuis que j'ai un portable, j'avais abandonné la montre. L'objet devenait inutile face aux fonctions du portable, même si l'accès au temps était ralenti. Et puis j’imaginais une montre numérique malléable, changeante au grès des souhaits. Dans les années 70 les montres bon marché Kelton avec pour slogan " Vous vous changez, changez de Kelton"...hélas le choix était restreint et le budget pouvait devenir conséquent. Dans les 80/90’s Swatch reprit le flambeau, le marketing et le design aidant la montre devenait accessoire de mode, de look, on pouvait changer de montre selon son activité, son humeur. Mais la montre restait une montre, et petit à petit le port d'une Swatch périclita.



A part quelques court écart temporaire, mon poignet restait nu, hors du temps en quelques sorte. Depuis quelques jours j'ai renoué avec le temps après avoir découvert que l'iPod nano avec son appli montre et un bracelet adéquat faisait une montre dont on pouvait changer le look instantanément. Une Kelton virtuelle, une Swatch immatérielle.


Certes sur les 18 cadrants proposés, seul 5 me plaisent, mais on peut rêver qu'Apple lors de la nouvelle version de la mouture IOS pour iPod nano en propose plus, voire qu'à travers une web application les designers peuvent en créer et les mettre en vente sur l’Appstore. Comme son lointain cousin le iPhone, dont la fonction téléphone n'est plus qu'une fonction parmi d'autres, la montre iPod nano est aussi une radio, un lecteur de mp3, un album photo. C'est le propre du numérique cet anéantissement des frontières fonctionnelles. Le temps numérique au poignet, j'égrène mon time code.

vendredi 9 mars 2012

De l'esthétisme du pignon fixe




Voyant ces cyclistes urbain pédalant sur leur "fixie" (vélo à pignon fixe comme ceux des pistars) à gros braquet, je me disais que cette ascèse de l'effort, tant mécanique qu'esthétique (beauté simple de ces vélos dépouillés de tout superflu y compris de freins !), était une forme d'écho sémantique et d'engagement esthétique identique à celui de filmer avec un objectif fixe, de préférence un 35 mmn.


Le zoom c'est le dérailleur de la photographie. Objectif tout terrain / toute vues mais sans regard. L'objectif fixe, comme le pignon fixe, c'est une vision, un engagement, une esthétisme particulière. Une écriture. Dans un cas visuelle, dans l'autre corporelle. Une démarche où l'on propose une vision du monde, et non un monde nous imposant une vision. Un choix.

dimanche 26 février 2012

Le cinéma immobile


La Grande vadrouille, Bienvenue chez les t'chi, The Artist, Intouchables, comme disent les journaleux, le cinéma français se porte bien. A pleurer.


Le cinéma, c'est a dire le nombre d'entrées, se porte bien, mais la créativité, l'image, (rendons justice au beau travail du chef opérateur de The Artist, Guillaume Schiffman ), la recherche, le complexe, qui s'en préoccupe ? C’est le cinéma marchandise, le cinéma TF1 qui assène ses (anciens) records d’audimat comme seul justificatif de la qualité de ses émissions. C'est le cinéma immobile.


Petit milieu clanique du cinéma commercial français et international qui s'auto congratule, s'auto promeut dans une sorte d’inceste perpétuel qui amène la dégénérescence intellectuelle car dire que The Artist est le meilleur film n’est ce pas là un signe annonciateur de la défaillance du sens ?

Ou bien ceux qui sacrent Omar Sy meilleur acteur l’auraient il fait si Intouchable n'avait pas fait 19 millions d’entrées ? Leurs critiques sont dénués de sens, et montrent leur propre incompétence, pour une même prestation d'acteur (encore faut il penser qu’il joue bien) dans un film a 50.000 entrées l'auraient ils, ne serait ce que repéré ?


Les Césars, les Oscars, le Festival de Cannes, nous traversons la période annuelle du deuil de l'image. Faut il perdre son temps à enculer ce cinéma français là comme l'énonce Mathieu Kassovitz ?


Non, il nous faut continuer à avancer, à créer, à imaginer, à désirer, à partager, à échanger, à construire, à diffuser, à expérimenter autrement, dans une alternative non pas naïve mais juste et forte, belle et émouvante.

L'indicible analogique


Tombant par hasard sur les photographies d'Anders Petersen "Café Lehmitz, 1967-1970", un café de Hambourg lieu de rencontre de prostituées, junkies, marginaux....


Certainement prises au Leica. Certainement prises avec du Tri X. Ces photographies ont une densité de vie sur ces visages burinés par le malheur, une sorte de patine, un rendu particulier de la pellicule qui fait sens. Il y a le regard du photographe. Il y a l'objectif Summicron. Il y a le rendu de la Tri X. Trilogie sainte du sens et qui dégage une humanité profonde, prenante.Troublante.


En regardant ces photos un doute m'envahit. Je ne sais pas si aujourd'hui, avec un Canon 1DX ou une Alexa nous pourrions capter cette densité, cette matière, cette abstraction de vie que l'électronique ne sait pas capter ou traiter. Et que tous les plateformes d'étalonnage ne savent pas simuler, leurs algorithmes étant aveugle à l'imperfection.


Nous sommes peut être rentré dans un monde d'illusion où l'indicible est lissé. Entre les pixels de nos images, il y a l'absence.

lundi 23 janvier 2012

R.I.P Johannes Gutenberg


Apple vient de mettre à disposition "iBooks Author", pour créer des livres électroniques interactifs, avec comme cible plus ou moins visée : les professeur de l'éducation nationale.


<< Rewind de 25 Ans...


En 1987, Apple sortait Hypercard le premier environnement de développement informatique orienté objet et interactif avec son langage Hypertalk. On pouvait developer des piles de cartes (sorte de livre) avec une interface interactive mélangeant texte, image, son, video ( du moins à l'époque de Director, des animations) et des liens hypertexte. On développait des applications informatiques, tranquillement dans sa salle à manger, d'une manière intuitive, simple et puissante. Une révolution.

Gros succès chez les professeurs (modulo le prix des Mac à l'époque), des milliers de "piles pédagogiques" développées, échangées. Comme à son habitude Microsoft proposera 3 ans plus tard Toolbook, une pâle copie d'Hypercard.


iBooks Author a la même approche, en terme technologique (simplifier l'accès à la complexité de l'OS) mais propose deux nouveautés de taille. La première, est la métaphore utilisée ; celle ci n'est plus déconnectée de notre quotidien, de notre culture, on passe de la pile de cartes, au livre, avec toute les implications que ce changement de paradigme apporte en terme d’habitude d'usage et d'attaque de front de l'objet culturel par définition. La deuxième nouveauté, est le moyen de distribution. Loin des réseaux artisanaux d’échange des années 1980/1990, le book/app store d'Apple offre, potentiellement, aux auteur de iBooks le marché des possesseurs des iPad/iPhone.


De quoi susciter des nouvelles initiatives, de nouveaux talents, de nouvelles structures éditoriales.

Mais aussi, mais surtout, de pouvoir créer de nouveaux concepts d'écriture, de créer dès maintenant une forme d’écriture totale et de dépasser, enfin, J.Gutenber et son écriture linéaire, misérable. Infertile.

dimanche 8 janvier 2012

Web 0.0


Dans la famille Royal-Hollande nous avions déjà tiré le web de "Désir d'avenir" qui fut la risée, à juste titre, de tout le monde tant sa médiocrité en terme de design était grande, et surtout aux antipodes du discours de Mme S.Royal, quant à sa modernité et aux usages des réseaux qu’elle vantait.


Tombé par hasard sur le site de Mr F.Hollande (www.francoishollande.fr) j'ai été surpris par un design d'une grande ringardise, du genre de ces sites qui proposent de gagner 2000E/jour en devant trader, ou ceux vantant un régime miracle qui fait perdre 15 kg en 2 semaines.


Ces sites, pour crédibiliser leurs discours, adoptent un design neutre, propret, sans aspérité, une esthétique du rien, un désir de terne, une éloge du commun. Je n’ai pas entendu de levée de bouclier quant au design du site de M F.Hollande. Libération trouve «sobre» la vidéo de voeux de ce candidat où, avec une incruste assez dure, il apparaît sur un fond rosâtre, fadasse, une sorte d’apothéose du vide comme esthétisme. Comme si le «normal» cher à ce candidat devait être triste.


Pourtant, (lui comme les autres) lors de discours enflammés pour galvaniser les troupes, il n'hésite pas à parler de " patriotisme productif", de "France de l'excellence", de « fierté industrielle à retrouver" et termine un discours devant de jeunes militants du PS en parlant de "la jeunesse de France"...Etrange paroles qui résonnent comme un air connu de cette chanson à la gloire de P.Pétain, où peut être ne faut il que changer le premier mot : "Président nous voila ! / Devant toi, le sauveur de la France / Nous jurons, nous, tes gars / De servir et de suivre tes pas...»



Opposition troublante entre la volonté d'être moderne, les promesses de changement, la volonté de faire d'internet et des réseaux sociaux un levier démocratique et cette matérialisation qui offre un immobilisme conceptuel, une esthétisme normée pour les masses. Un web zéro.


Mr.F Hollande parle de "Rêve Français", au vu de son site (et de ces grandes chances de devenir président pour 5 ans), le rêve semble étriqué, la petitesse des désirs ne créera que de bien piètres jouissances et à l’aune de la tristesse de son site, on risque surtout de s'ennuyer ferme.