Dans son film "Sur la route", Walter Salles nous livre une adaptation ennuyeuse, scolaire, hollywoodienne du livre de Jack Kerouac. Comment peut on filmer l'intimité avec 200 personnes ? ( comme d'habitude j'ai regardé jusqu'à la fin le générique, ma manière à moi d'exprimer mon respect pour les sans grades qui font un film). Quelques (beaux) plans abstraits de routes, de paysages défilants, mais utilisés comme plan de coupe. Pourquoi ne pas avoir transposer en écriture cinématographique celle de Kerouac, sa prose instantanée ? Difficile avec autant de monde de faire de la création, de se sentir près du texte, près des acteurs, près des paysages. Près de l’écriture.
On a le droit à un découpage laborieux, un film lent, long. Sans idées. Kerouac a écrit le manuscrit de " Sur la route" sur un rouleau de 35 m de feuilles mises a bout, ne pourrait on pas imaginer un délirant plan séquence qui durerait tout le long du film, qui serait l'image de ce rouleau/route, structurée de scènes en prose d'image instantanée tout en abstraction de sens, en dérive d'émotions, en instantanée de sentiments ?
Evidement on se heurterait au mur de l'intelligibilité standard, mais au lieu de comprendre sans émotion, ne vaut il pas mieux être ému sans compréhension ? Aller plus profond dans le cerveau, dépasser la compréhension par la logique pour la compréhension par le sens, l'émotion générée.
Peut être que pour adapter «Sur la route», il faut suivre les 30 principes de la prose moderne édictés par Kerouac. Car Walter Salles nous montre qu'un film est une écriture et non une suite de plans plus ou moins bien joués, plus ou bien bien filmés, plus ou moins bien montés. Sur la route du cinéma poétique, l'horizon est encore loin.
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