lundi 13 septembre 2010

La mort du clair-obscur


Le posemètre / spotmètre à main a pour moi définitivement remplacé la mesure d’exposition faite par l’appareil (Canon 5D MK II)

Sans parler de la mesure incidente, et même sans charte de gris, le spotmetre permet en faisant une mesure multiple, associée à une moyenne de ces mesures, de concevoir, de créer sa propre lumière en modulant les mesures en hautes et basses lumières sur un nombre choisis d’endroits dans la composition.On est loin de la rigidité technique et créative de la prépondérance centrale en interne de l’appareil sans parler de la mesure matricielle reine de l'interprétation et de falsification de la lumière.


De mes multiples essais, il apparaît que les algorithmes de appareils photos sur exposent la photographie. Sur-expose n’est peut être pas le bon terme, les algorithmes lissent la lumière, rien ne doit rester dans l’ombre, tout doit se voir, tout doit être montré. Alors on rehausse les basses lumières, on égalise, on gomme la pénombre, l'exposition technique tue le clair-obscur.


Ainsi donc depuis 60 ans (depuis les années 50 où les Japonais ont, de fait, le monopole de la fabrication d'appareil photo), notre regard a été éduqué, déformé à une perception lisse, sans altérité, une expositions sans accro. C’est un procédé technique qui répond à un besoin marketing : une lumière plus simple à décoder, plus accessible à chacun, apte à satisfaire le plus grand nombre. Une lumière qui éclaire mais ne trouble pas, une lumière morte, qui ne donne pas à penser, seulement à voir.


Alors, il faut revenir à la singularité, composer la lumière comme on compose le cadre. Et devant cette altération de la perception, il faut ressusciter le Clair-Obscur. Le renouveler.


Passer au posemètre à main, c’est se réapproprier la lumière, c’est passer d’une lumière technique et marketing à une lumière créative et personnelle. C’est créer tout simplement.

Réintégrer à l’intérieur de soi la perception, avec un regard lumière et un regard de composition, et encore et toujours revenir à la peinture. Exposer comme Le Caravage peint.


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