Le Grand Palais, à l’occasion de l’exposition Monet, propose dans sa «Boutique Monet», son lot de merchandising sur Monet, avec un mug à 9,50 E la RMN assure ainsi son avenir financier (qui en 2001, avant le passage à l’euro donc, aurait payé un mug 62,23 F ?????).
Calendriers, boucle d’oreilles, foulards, bougies, posters, montres, cravates, bagues, bracelets, colliers, sacs, longue liste à la Prévert de ces babioles culturelles qui transforment une Oeuvre en Marchandise.
Cette pratique de la Marchandise, est de bonne guerre (commerciale), et cela ne gène pas la RMN, antre culturelle si il en est, mais cette fois çi, elle a poussé le bouchon encore plus loin. Sur le site dédié à l’exposition (monet2010.com), il est proposé un «Voyage» qui permet de parcourir de l’oeuvre de Monet à travers «une expérience digitale unique» dixit le site.
A part le bel effet de révélation des toiles, (comme une tache se répandant sur l’écran en une jolie progression fractale), mais quand même un peu lassant à la x ième vision, cette «expérience digitale unique», permet, en cliquant, de faire envoler la Pie sur le tableau, «La Pie, effet de neige», sur un autre tableau de faire onduler l’eau, sur un autre d’enlever le brouillard, sur un autre de faire tourner les ailes d’un moulin, et enfin de faire carillonner les cloches de la cathédrale de Rouen...
Quelle créativité ! Quelle interactivité ! On se croirait dans les années 1990, où l’on pensait que cliquer c’était faire interagir l’utilisateur... Et puis, ces interactions vides de sens qu’apportent elle à l'utilisateur comme connaissance de l’oeuvre de Monet ? C’est un pur produit marketing, du graphisme pour le graphisme, avec une esthétique maniérée de publicité. D'ailleurs l’agence qui a réalisé ce site est une grande spécialiste des sites produits en Flash (Jean Paul Gaultier, Oasis (la boisson..), Lancôme, Karl Lagerfeld.....). On comprend mieux le traitement infligé aux oeuvres de Monet, dans la lignée de la » Boutique Monet» de la RMN, ils ont fait fait le site du produit Monet.
Louis Gillet, critique d’art, a écrit en 1927, «Trois Variations sur Claude Monet» (Éditions Klincksieck). Ces textes font partie des plus beaux écrits sur l’oeuvre de Monet, ils nous apportent une compréhension sur le travail de Monet, sa nouveauté, sa profondeur, son ancrage dans l'Histoire de l’Art, le tout dans une écriture belle et attirante. Ici pas «d'expérience digitale unique» mais des mots, rien que des mots ; du sens rien que du sens ; de la réflexion rien que de la réflexion ; de la beauté, rien de la beauté.
Même si l’image est mon métier, mon moyen d’expression, devant l’image marketing, je me replonge dans les mots. Et dans les mots de Louis Gillet, je rencontre Monet.
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