jeudi 8 août 2013

La réalité m'indiffère













En errant dans Thumblr, découverte de Lee Hengki...très beau travail mélangeant flou et N&B. Cette combinaison n'annihile pas la réalité, elle remplace la perception de formes par celle du ressenti. Représenter des formes c'est représenter la réalité vulgaire, l'abstraction c'est la réalité subtile, celle du sens. De l'émotion.

Si la peinture à depuis longtemps conquis l'abstraction, le film comme média est encore dans les temps obscurs de la réalité primaire. A nous, par nos expérimentations, nos erreurs, nos ambitions de mener le film à l'abstraction pour accéder enfin, à la réalité de nos sens.

Le site de Lee Hengki : http://hengkilee.1x.com/

dimanche 28 juillet 2013

Lumière d'ombre







La Black Magic Cinema Camera, c'est la camera  des cathédrales, des ombre naissantes, des aubes hésitantes, des zéniths toujours recommencés,  des corps en dérives, des lumières d'ombre. 

Par manque de culture, par préjugés, par bêtise, j'ai jamais aimé Ingmar Bergman, mais aujourd'hui, par mon attrait du N&B, je  deviens sensible ( enfin !) à son travail avec son Chef Opérateur, Sven Nykvist, et je suis impressionné et ému par leur maitrise de la lumière, de la composition, de l'usage du N&B. 
L'image est le film. Le film est l'image. 
Une sorte de symbiose unitaire les unis.  L'image est le fruit de leur collaboration, de leur relation, de leur partage. C'est là que naissent les vraies images,  dans cette union. Ils font oeuvre commune, alors que dans la plus part des films réalisateur et chef opérateurs font produit commun, dans la logique du cinéma marchandise.

C'est pas  du RAW, ni du 4K, ni du 48 fps, ni du steadycam, ni du HMI, ni du relooking et encore moins du compositing ou du 3D, c'est une sorte d'image pure, une image d'âme, une image qui jaillit, qui s'impose, comme une vision. C'est beau, profond, émouvant. Envoûtant.

dimanche 7 juillet 2013

Désintoxication marketing








Un effet de bord bénéfique de l'usage de la BMCC est une diminution notable à l'emprise du marketing des marques. 

La simplicité d'usage, du a un design réfléchi,  tourné vers l'essentiel, c'est a dire la qualité d'image et un workflow simple, permet de se détourner, de la segmentation marketing, des différences cosmétiques d'un modèle à l’autre,  de l'écœurement  des fonctions secondaires, des menus sans fin, de l’acné boutonneuse des réglages.... Cela dit, la BMCC n'est pas exempte de  défauts (petits)  entre autre l'incompréhensible absence de vu mètre audio.... 

Mais l'essentiel est là et parfaitement là : 13 diaghrames de dynamique / 4:2:2 / 10 bits / Pro Ress HQ - Raw / une color science magnifique / des réglages ultra simples. Alors Il ne reste plus qu'a filmer, qu’à capter l'émotion, car la BMCC est une caméra par un produit.

dimanche 16 juin 2013

cinémAmour
















Dans son film "Afriques, comment ça va avec la douleur ?" R.Depardon  parle de l'hôtel  «Croce del sud» à Mogadiscio en Somalie. Evoquant  le tournage de " Une femme en Afrique"   il dit : «J'ai aimé faire du cinéma ici"...à sa manière de le dire on pourrait comprendre «j'ai aimé faire l’amour ici".
Je crois à cette ambivalence entre le plaisir de l’Amour et celui de l’Image. Pas l’image industrielle de nos films de consommation, mais celle de nos films d’amour, de nos films de vie. Ill faut être amoureux de l'image pour capter la vie. C’est une image de combat.

vendredi 24 mai 2013

La caméra peinture



Je continue, avec délice, la découverte de la Black Magic Cinema Camera...

On pouvait imaginer qu'avec son «petit»1600 ISO et son manque d'expérience dans l'ingénierie du traitement du signal d'un capteur, la BMCC serait en retrait par rapport au Canon 5D MII/III et autre C300  en terme de gestion en basse lumière.... Mais surprise c'est tout le contraire !  Ses 10 bits/ 4:2:2 / Pro res HQ ou Raw, ses 13 diagh de dynamique  et sa capture logarithmique donne un faible bruit, très esthétique (loin des pâtés informes de pixel  que l’on peut avoir sur le Canon 5D ) , et surtout passé au  debruiteur comme Neat Video on obtient une image de grande qualité quasiment sans bruit visible. Là aussi la qualité des rushes est primordiale , le debruitage de rushes canon 5D  me laissait insatisfait quant à la qualité résultante, je comprends mieux maintenant pourquoi !!!


La BMCC, et  encore plus sa version Pocket Camera, est aussi un appareil photographique qui fournit des  fichier RAW DNG de très haute qualité, certes de 5 millions de pixel, "seulement" mais avec une dynamique et une "color science" qui en fait une référence...

Et puis le passage en N&B est un vrai plaisir, des vrais noirs profonds, des hautes lumières détaillées, un velouté, une densité  offrant un esthétisme puissant.


Camera peinture, la BMCC a une "Color Science" qui fournit non pas des images mais des tableaux sur lesquels je m'extasie, ému devant le rendu...Une camera qui donne envie de filmer, d'écrire.

lundi 20 mai 2013

Le roi RAW









Dans le landerneau technique de la video numérique, le hack de Magic Lantern permettant du RAW en vidéo sur le Canon 5D MKIII, défraie la chronique, et la plupart des blogeurs patentés ne jurent plus que par cette "innovation". 

En premier lieu ce hack est la preuve de la cupidité marketing de Canon qui nous a assommé avec ses produits à 15 KEuros sans que les performances et fonctionnalités soient à la hauteur de ce prix, mais de là  à faire du RAW en vidéo le nirvana absolu de la qualité, l’alpha et l'omega du vidéaste est une vision parcellaire et  partiale...

Un workflow en Pro Ress 422 HQ  422 10 bit logarithmique  offre une alternative qui en terme  de rapport qualité / stockage / puissance de la station de travail est sans équivalent  (les petits et moyens  budgets en long métrage tournés en Alexa le sont en Pro Ress 4444  12 bits logarithmique et la qualité est si bonne que la sortie est agrandie au format 2K pour la diffusion).... Le RAW du Canon 5D MKIII hacké est linéaire, et la dynamique du capteur reste de 5 ou 6 diaphragmes même si l'échantillonnage passe de 8 à 12 bits. Le RAW ne fait sens que lorsqu'il est encodé en  logarithmique  c'est a dire quand  la  quantification numérique est prépondérante sur les basses lumières et les tons intermédiaire et non sur les hautes lumières où l'oeil (qui capte la lumière lui aussi d’une manière logarithmique) est peu sensible à des apports faibles de lumières. De plus la «Color Science», cette alchimie électronique du traitement du signal propre à chaque fabriquant  est aussi un facteur à prendre en terme de rendu de l’image.

Le RAW  s’impose quand la nécessité d’une image non compressé est prépondérante, par désir esthétique ou nécessité technique :  VFX, incrustations ( bien que le PRO Ress 4444 est loin d’être de la bouillie ). Mais pour le cinéma indépendant, ce n'est pas le RAW qui est la révolution, c’est le logarithmique,  car il offre un rendu de la lumière proche du  film argentique n’en déplaisent aux  Aficionados  de la technique qui palabrent ad nauseam  sur la qualité du 1/4 du demi pixel en haut à gauche  et  se gargarisent de surenchère technique, en oubliant quelque peu l’image à créer, l’instant à saisir, le regard sur la vie.

samedi 11 mai 2013

Satori














Au détour d'un plan (celui où Germaine et Marcel Challaye sont dans l'étable) de "la vie moderne"  de Raymond Depardon, compréhension instantanée, fulgurante, que la  lumière naturelle  est la  lumière juste. Qu'on ne peut que la capter. Car la lumière avant d'être matière, est une émotion.

Ce plan a la beauté d'un tableau en "lumière flamande", mais il est avant tout un regard posé sur le réel, une émotion saisie. La lumière  léchée du film "La jeune fille à la perle"  (une fiction autour du tableau  éponyme de Johannes Vermeer, réalisé par Peter Webber) n'émeut pas, car elle a le goût du factice, de l'émotion reconstituée à partir de l'esthétisme lyophilisée du peintre. Là on est dans le cinéma, chez R.Depardon on est dans l'image.