vendredi 13 avril 2018

Le jeûne

Le corps est en jachère. Le corps est en silence. Le corps est en écoute, il rentre en résonance avec le temps, avec l’espace. Sensation d’habiter pleinement son corps, que son corps soit pleinement dans l’espace qui l’entoure. Qu’il retrouve sa juste place, sa densité première. Il n’est plus chair, il est être. Sensation d’habiter mon corps et que mon corps m’habite. Se construit, ou réapparaît serait plus juste, une continuité oubliée entre le corps et l’espace, l’un n’est plus étranger à l’autre. L’unicité renaît. La dissociation s'estompe, celle entre corps et esprit mais aussi entre intérieur et extérieur. Mon corps s'intègre dans l'espace, il est l’espace où il se meut, pense. La discontinuité du temps elle aussi s’efface peu à peu. Le temps est unitaire, simple entité, plus sphérique que linéaire. Le temps se propage, et le corps est à l’unisson de ce mouvement. Le temps ne passe plus, il s’écoule. Il s’écoute. 
Cohabitation joyeuse, apaisée et sereine entre temps et espace. Le corps au repos, mon attention se développe dans l’extérieur, les matières acquièrent une densité, une présence nouvelle. Je perçois ce qui m’était caché : un brin de lumière sur le mur, l’arrondi d’un livre, un reflet dans la fenêtre, le pli sur la main. Ma vision devient plus sensorielle que visuelle, une perception à la fois fragmentaire et globale des éléments de mon espace, mes sens sont un zoom qui m’offre, selon mon désir, une vision large ou restreint des choses, de l’espace, du temps. Retour à la granularité de la réalité, au plaisir de l’atome, mais perçue et accepté dans son entièreté.

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