
Le plan n'est pas figé dans un carcan d'une image industrielle, mais il est dans le mouvement de l'image, de la vie. Le steadycam donne une image rigide, un mouvement froid, aseptisé, dépourvu d’aspérité. De réalité. La caméra est dissociée du corps, de l'esprit, c'est une image robotisée. Les plateaux de cinema ressemblent alors aux usines de construction d'automobiles où les robots sont omniprésents, où on n'y crée pas des images mais on les fabrique.
C'est un film "sola imago », par l'image seule, il n'y a quasiment pas de dialogue, pas d'histoire à proprement parlé, mais une situation et son déploiement, son développement dramaturgique. Et pourtant que d'émotion, de tension, d'implication. Une grande beauté émane de ce film.
Et puis le merveilleux noir et blanc du film argentique des années 60. Et puis cette lumière. Cette lumière ; ce perpétuel clair obscur dans la forêt, avec ses trouées lumineuses, ses puits d'obscurité, ses rebonds de lumière, ses éclats d’ombre ; une lumière aux multiples aspérités, difformités, rugosités, plus matière qu’éther. Peut être est ce la perception Slave de l'espace, de la lumière ? Les Japonais aussi ont un rapport particulière à la lumière, à son absence. Le cinéma industriel, lui n'est pas dans la perception de la lumière, mais dans une volonté de la maîtriser totalement, une domestication si servile que le regard se meurt par cette lumière morte a force d’être parfaite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire