dimanche 23 décembre 2012
Le cinéma de Raymond
dimanche 11 novembre 2012
Lettres d'amour en cinéma
Revu avec délice "Lettre d'amour en Somalie" de Frederic Mitterrand. Plusieurs délices se mélangeant.
Celui du 16mm, sa restitution de la dynamique de la scène, sa matière colorée et dense, ses écarts de balance des blancs.
Celui de la beauté de l'écriture, si émouvante et pourtant sans pathos.
Celui de la voix de F. Mitterrand nasale et lente, voix maîtrisée mais où parfois l'émotion du réel effleure la narration, échos subtils du souvenir.
Celui de l'entrelacs de deux malheurs celui d'un pays et celui d'un amour perdu.
Celui d'un cinéma pur, qui loin des mouvements de camera alambiqués (tyrannie actuelle du slider, de la grue et du drone) se construit avec de large aplats de plans fixes, à la parfaite composition, où nul ennui survient, car les mots et l'image, se donnent, s'offrent au regard, à la pensée. Car le plan fixe est à la prise de vue ce que le cut est au montage, la pureté extreme de l'expression, la forme du juste regard.
Celui de la voix off, une scansion continue et changeante, enveloppante de présence, cette présence qui fait de nous ce pays, qui fait de nous cette douleur.
Celui du mélange d'écritures, celle des mots et celle des images, tissages des sensations, intrication des sentiments.
dimanche 2 septembre 2012
Route One / France
jeudi 9 août 2012
Simple is beautiful
Du juste.
dimanche 15 juillet 2012
CAMEFLEX MKIII
mercredi 6 juin 2012
François, Raymond et les hautes lumières
jeudi 31 mai 2012
Cinéma instantané
dimanche 27 mai 2012
La Lumière est matière
Ayant passė (enfin !) à Resolve, merveilleux logiciel, avec une "Color Sciençe " puissante et belle, j'ai validé différents worflows : Red, Alexa Pro Ress Log C, Canon Log C , Cinena DNG, Canon 5D Cinestyle.
Ces validations ayant été réalisées d'une manière rapprochée, j'ai pu réellement ressentir la matérialité de la lumière, tant les spectres de ces cameras avaient une réponse différente à une même modification. L'un résistait, l'autre s'étalait, un troisième se dispersait, chacun avait sa vie propre, aucun n'était similaire.
C'est cela connaitre sa camera, faire corps avec le sien à la prise de vue et à l'étalonnage faire corps avec sa lumière qu'elle a capté. Car la lumière doit se comprendre, se ressentir avant de se voir et de s'offrir, enfin, au sens.
Nuit et Brouillard
Je traverse une phase (rare, belle et cruelle mais aussi jouissive) de réelle écriture automatique, où le conscient abjure sa résistante par fragment, par instant, par absence, à l'inconscient et les mots s'écrivent sans leur gangue d'intelligibilité, matière brut de sens, à la fois obscur et lumineux, lointain et proche, étrange et banal.
Lors d'une écriture, N&N (Nach und Nebel / Nuit et Brouillard) s'est inscrit à la place de N&B. N&N était le nom de la directive Allemande concernant le traitement des résistant(e)s en pays occupė, elle stipulait :
« A. Les prisonniers disparaîtront sans laisser de trace.
B. Aucune information ne sera donnée sur leur lieu de détention ou sur leur sort.»
La disparition. L'effacement. La perte. Comme si mon désir de noir et blanc était un appel du passė, une résurgence d'autres vies, où infiniment sensible, je le vivais comme l'écho de cette perte. Ou alors la disparition de la couleur, dans la nuit et le brouillard du sens, comme seul possible d'une image porteuse de sensation.
dimanche 20 mai 2012
Le plaisir de l'absence
Coup sur coup à quelques semaines d'intervalle est apparu la camera S16 Ikonoskop Panchromatic et le Leica M Monochrom, deux machines qui ne font exclusivement que du Noir & Blanc. Au delà de la problématique de prix (le Leica est à 6800E !!! ), l'apport de la qualité d'un capteur N&B (abandon de la mosaïque de Bayer et du traitement associé) est indéniable et la tentation est grande d'utiliser ces appareils.....
On peut se laisser bercer par le rêve d'un boitier full frame avec un dos/capteur interchangeable....Le Ricoh GXR avec ces modules indépendants combinant capteur/objectif ou combinant capteur et une monture M, pourrait proposer cela, par exemple le GXR Mount A12 en version Monochrome.
dimanche 22 avril 2012
N'être que lumière
Peintre en cinéma
Bien sûr il faut voir ce que donne cette camera (bruit, mise au point, aide à l’exposition, ergonomie, workflow......) mais le fait qu'elle soit associée par essence à un logiciel d'étalonnage est le signe de la compréhension du cycle de l'image, ( tout en étant lucide que chez Black Magic Design ce ne sont pas des philanthropes...), de la compréhension que l'image numérique intègre les approches, les compétences, que l'image numérique est un ensemble indissociable Captation/Etalonnage. L'image numérique est une. Il y a de la peinture dans cette approche.
Ce nouvel outil me convient car il matérialise une philosophie, contient une proposition au contraire de Canon qui matérialise qu’une étude de marché, vide de vision. Dans le monde de l'image Black Magic Design est l'Apple et Canon le Microsoft, avec le même impact sur la création. Et les créateurs/créatrices.
mardi 10 avril 2012
Temps numérique
Depuis une quinzaine d'années, depuis que j'ai un portable, j'avais abandonné la montre. L'objet devenait inutile face aux fonctions du portable, même si l'accès au temps était ralenti. Et puis j’imaginais une montre numérique malléable, changeante au grès des souhaits. Dans les années 70 les montres bon marché Kelton avec pour slogan " Vous vous changez, changez de Kelton"...hélas le choix était restreint et le budget pouvait devenir conséquent. Dans les 80/90’s Swatch reprit le flambeau, le marketing et le design aidant la montre devenait accessoire de mode, de look, on pouvait changer de montre selon son activité, son humeur. Mais la montre restait une montre, et petit à petit le port d'une Swatch périclita.
A part quelques court écart temporaire, mon poignet restait nu, hors du temps en quelques sorte. Depuis quelques jours j'ai renoué avec le temps après avoir découvert que l'iPod nano avec son appli montre et un bracelet adéquat faisait une montre dont on pouvait changer le look instantanément. Une Kelton virtuelle, une Swatch immatérielle.
Certes sur les 18 cadrants proposés, seul 5 me plaisent, mais on peut rêver qu'Apple lors de la nouvelle version de la mouture IOS pour iPod nano en propose plus, voire qu'à travers une web application les designers peuvent en créer et les mettre en vente sur l’Appstore. Comme son lointain cousin le iPhone, dont la fonction téléphone n'est plus qu'une fonction parmi d'autres, la montre iPod nano est aussi une radio, un lecteur de mp3, un album photo. C'est le propre du numérique cet anéantissement des frontières fonctionnelles. Le temps numérique au poignet, j'égrène mon time code.
vendredi 9 mars 2012
De l'esthétisme du pignon fixe
Voyant ces cyclistes urbain pédalant sur leur "fixie" (vélo à pignon fixe comme ceux des pistars) à gros braquet, je me disais que cette ascèse de l'effort, tant mécanique qu'esthétique (beauté simple de ces vélos dépouillés de tout superflu y compris de freins !), était une forme d'écho sémantique et d'engagement esthétique identique à celui de filmer avec un objectif fixe, de préférence un 35 mmn.
Le zoom c'est le dérailleur de la photographie. Objectif tout terrain / toute vues mais sans regard. L'objectif fixe, comme le pignon fixe, c'est une vision, un engagement, une esthétisme particulière. Une écriture. Dans un cas visuelle, dans l'autre corporelle. Une démarche où l'on propose une vision du monde, et non un monde nous imposant une vision. Un choix.
dimanche 26 février 2012
Le cinéma immobile
La Grande vadrouille, Bienvenue chez les t'chi, The Artist, Intouchables, comme disent les journaleux, le cinéma français se porte bien. A pleurer.
Le cinéma, c'est a dire le nombre d'entrées, se porte bien, mais la créativité, l'image, (rendons justice au beau travail du chef opérateur de The Artist, Guillaume Schiffman ), la recherche, le complexe, qui s'en préoccupe ? C’est le cinéma marchandise, le cinéma TF1 qui assène ses (anciens) records d’audimat comme seul justificatif de la qualité de ses émissions. C'est le cinéma immobile.
Petit milieu clanique du cinéma commercial français et international qui s'auto congratule, s'auto promeut dans une sorte d’inceste perpétuel qui amène la dégénérescence intellectuelle car dire que The Artist est le meilleur film n’est ce pas là un signe annonciateur de la défaillance du sens ?
Ou bien ceux qui sacrent Omar Sy meilleur acteur l’auraient il fait si Intouchable n'avait pas fait 19 millions d’entrées ? Leurs critiques sont dénués de sens, et montrent leur propre incompétence, pour une même prestation d'acteur (encore faut il penser qu’il joue bien) dans un film a 50.000 entrées l'auraient ils, ne serait ce que repéré ?
Les Césars, les Oscars, le Festival de Cannes, nous traversons la période annuelle du deuil de l'image. Faut il perdre son temps à enculer ce cinéma français là comme l'énonce Mathieu Kassovitz ?
Non, il nous faut continuer à avancer, à créer, à imaginer, à désirer, à partager, à échanger, à construire, à diffuser, à expérimenter autrement, dans une alternative non pas naïve mais juste et forte, belle et émouvante.
L'indicible analogique
Tombant par hasard sur les photographies d'Anders Petersen "Café Lehmitz, 1967-1970", un café de Hambourg lieu de rencontre de prostituées, junkies, marginaux....
Certainement prises au Leica. Certainement prises avec du Tri X. Ces photographies ont une densité de vie sur ces visages burinés par le malheur, une sorte de patine, un rendu particulier de la pellicule qui fait sens. Il y a le regard du photographe. Il y a l'objectif Summicron. Il y a le rendu de la Tri X. Trilogie sainte du sens et qui dégage une humanité profonde, prenante.Troublante.
En regardant ces photos un doute m'envahit. Je ne sais pas si aujourd'hui, avec un Canon 1DX ou une Alexa nous pourrions capter cette densité, cette matière, cette abstraction de vie que l'électronique ne sait pas capter ou traiter. Et que tous les plateformes d'étalonnage ne savent pas simuler, leurs algorithmes étant aveugle à l'imperfection.
Nous sommes peut être rentré dans un monde d'illusion où l'indicible est lissé. Entre les pixels de nos images, il y a l'absence.
lundi 23 janvier 2012
R.I.P Johannes Gutenberg
Apple vient de mettre à disposition "iBooks Author", pour créer des livres électroniques interactifs, avec comme cible plus ou moins visée : les professeur de l'éducation nationale.
<< Rewind de 25 Ans...
En 1987, Apple sortait Hypercard le premier environnement de développement informatique orienté objet et interactif avec son langage Hypertalk. On pouvait developer des piles de cartes (sorte de livre) avec une interface interactive mélangeant texte, image, son, video ( du moins à l'époque de Director, des animations) et des liens hypertexte. On développait des applications informatiques, tranquillement dans sa salle à manger, d'une manière intuitive, simple et puissante. Une révolution.
Gros succès chez les professeurs (modulo le prix des Mac à l'époque), des milliers de "piles pédagogiques" développées, échangées. Comme à son habitude Microsoft proposera 3 ans plus tard Toolbook, une pâle copie d'Hypercard.
iBooks Author a la même approche, en terme technologique (simplifier l'accès à la complexité de l'OS) mais propose deux nouveautés de taille. La première, est la métaphore utilisée ; celle ci n'est plus déconnectée de notre quotidien, de notre culture, on passe de la pile de cartes, au livre, avec toute les implications que ce changement de paradigme apporte en terme d’habitude d'usage et d'attaque de front de l'objet culturel par définition. La deuxième nouveauté, est le moyen de distribution. Loin des réseaux artisanaux d’échange des années 1980/1990, le book/app store d'Apple offre, potentiellement, aux auteur de iBooks le marché des possesseurs des iPad/iPhone.
De quoi susciter des nouvelles initiatives, de nouveaux talents, de nouvelles structures éditoriales.
Mais aussi, mais surtout, de pouvoir créer de nouveaux concepts d'écriture, de créer dès maintenant une forme d’écriture totale et de dépasser, enfin, J.Gutenber et son écriture linéaire, misérable. Infertile.
dimanche 8 janvier 2012
Web 0.0
Dans la famille Royal-Hollande nous avions déjà tiré le web de "Désir d'avenir" qui fut la risée, à juste titre, de tout le monde tant sa médiocrité en terme de design était grande, et surtout aux antipodes du discours de Mme S.Royal, quant à sa modernité et aux usages des réseaux qu’elle vantait.
Tombé par hasard sur le site de Mr F.Hollande (www.francoishollande.fr) j'ai été surpris par un design d'une grande ringardise, du genre de ces sites qui proposent de gagner 2000E/jour en devant trader, ou ceux vantant un régime miracle qui fait perdre 15 kg en 2 semaines.
Ces sites, pour crédibiliser leurs discours, adoptent un design neutre, propret, sans aspérité, une esthétique du rien, un désir de terne, une éloge du commun. Je n’ai pas entendu de levée de bouclier quant au design du site de M F.Hollande. Libération trouve «sobre» la vidéo de voeux de ce candidat où, avec une incruste assez dure, il apparaît sur un fond rosâtre, fadasse, une sorte d’apothéose du vide comme esthétisme. Comme si le «normal» cher à ce candidat devait être triste.
Pourtant, (lui comme les autres) lors de discours enflammés pour galvaniser les troupes, il n'hésite pas à parler de " patriotisme productif", de "France de l'excellence", de « fierté industrielle à retrouver" et termine un discours devant de jeunes militants du PS en parlant de "la jeunesse de France"...Etrange paroles qui résonnent comme un air connu de cette chanson à la gloire de P.Pétain, où peut être ne faut il que changer le premier mot : "Président nous voila ! / Devant toi, le sauveur de la France / Nous jurons, nous, tes gars / De servir et de suivre tes pas...»
Opposition troublante entre la volonté d'être moderne, les promesses de changement, la volonté de faire d'internet et des réseaux sociaux un levier démocratique et cette matérialisation qui offre un immobilisme conceptuel, une esthétisme normée pour les masses. Un web zéro.
Mr.F Hollande parle de "Rêve Français", au vu de son site (et de ces grandes chances de devenir président pour 5 ans), le rêve semble étriqué, la petitesse des désirs ne créera que de bien piètres jouissances et à l’aune de la tristesse de son site, on risque surtout de s'ennuyer ferme.