Pour être présidentiable faut il avoir un regard vide, regarder le spectateur sans le voir, fixer le lointain du vertige, être à ce point figé dans l'absence ? On ne peut que se poser ces questions à la vision de la photo de F. Hollande sur la couverture du Point illustrant les bonnes pages de son livre programme "Le rêve français".
De Hitler à Pétain, en passant par Staline, F.D Roosevelt, de Gaulle, Mitterand, Sarkozy, le regard de l'homme politique s'affiche. Etonnante similitude entre ces regards et ceux absents des comédiens (?) et comédiennes (?) du roman photo de "Nous deux" ("Nous Deux" est sur Ipad et iPhone et 290.000 ex papier, excuser du peu, sont vendus (2,90E) chaque semaine…)
Expression figée, statuaire, monumentale, presque mortuaire. En détournant R.Vaneigen on pourrait dire que ceux qui parlent de révolution et de luttes des classes sans se référer explicitement à la vie quotidienne sans comprendre ce qu'il a de subversif dans l'amour et de positif dans le refus des contraintes ceux là on dans le regard un cadavre.
Ces expressions sans vie dénotent dans l'imagerie actuelle fait de Lofi, de partage, d'instantané, de décalé, de retouché. Le réel est mouvement, le sens est réticulaire. Et le politique s'enfonce dans l'immobilisme funéraire des erzats des clichés du Studio Harcout. L'image des hommes politiques nous permet de saisir visiblement ce qu'ils sont explicitement : des incarnations vieillissantes d'un temps passé, d'un ancien monde, scories d'un langage visuel aujourd'hui agonisant. Ils ne sont pas le futur, mais juste les revenants du monde mort de l'absence.
Le roman photo de "Nous deux " est imminent politique en terme d'image et de discours (tout fini bien, le bien et la morale triomphent ; les poses figées, le regard fixe, visant le néant). Certes "story telling" fait plus sérieux, plus intellectuel, plus tendance mais il est indéniable que le roman photo est à l'unisson du discours pathétique des programmes politiques, comme si on avait le temps de rêver avant d'agir. C'est en réalisant nos désirs que nous les ferons connaitre.
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