jeudi 2 mai 2013

Debord et les Autochromes

















Beauté de Autochromes des frères Lumière...Peu contrastés, peu saturés, les Autochromes  ont un rendu logarithmique auquel on aurait appliqué une LUT très douce, contrastant et saturant à peine... Etrange beauté de ces photographiques au rendus  de couleur si naturel et avec aussi une étonnante plage dynamique...

Pour les marketers la beauté  c'est contrasté/saturé, reflet de l'esthétisme des plateaux télé, de l'idéologie marchande de la beauté. Les clichés de nos compacts formatés par la marchandise  font pâles figure devant ces Autochromes, lumière  d’âme.

lundi 15 avril 2013

Digital Road Movie














Les annonces de BlackMagic Design au NAB 2013 ont de quoi énerver... Ils annoncent la Black Magic Production 4K /global shutter/ capteur S35 alors que la BCC que je viens d'avoir, après six mois d'attente, a un capteur plus petit (plus grand que le S16 / plus petit que le 4:3).. Donc à titre personnel, je suis un peu frusté  ; mais cette caméra d'une telle qualité à 3000 euros, c'est encore un coup de maitre. Pour me consoler je pense à ceux qui ont investis dans une C300 ou même une C100 ils ont de quoi déprimés :-), déjà que la BCC que j'ai, surpasse en qualité la C300...

L'autre annonce de BlackMagic qui énerve, c'est celle de la Pocket Camera une BCC miniaturisée avec un capteur S16. Personnellement je suis enchanté de cette annonce et j'en ai deja pré-commandé une, mais elle doit énerver les Canon, les Nikon, les Panasonic, les Sony... Même format, même dynamique RAW et PRO RESS QT Log, le tout sur cartes SDHX avec un prix a 900 euros, voila qui redéfinit le segment de  camera légère et ouvre l'ère du S16 numérique, du digital road movie. Couplé avec un MacBook Pro Retina qui avec sa puissance permet le montage et l'étalonnage, voila le studio nomade, l'image on the road. Ce n'est plus la caméra au poing, je vois / je filme mais camera à l'âme, je ressens / je filme. Il est fort à parier que cette camera va être l'outil d'un renouveau cinématographique et elle en parfait accord avec la démarche  L.E.S.S.

Les grands constructeurs se sont enkystés dans leur marketing avec  l'obsession de la segmentation et de leur  surenchère technologique pour créer de nouvelles sources de business (le 3D, le 4K), ils manquent depuis bien longtemps d'imagination, et ont abandonnés le désir de créer des outils, pour se suffire de vendre des produits. Pour les constructeurs de caméra de cinema, le marché du prosumer, le documentaire, l'institutionnel ne les intéressent pas (pourtant pendant longtemps Arriflex était le roi du 16 et du S16 en complément du 35). Il aura fallu, comme Apple en son temps à lancer le Macintosh, qu'un outsider créatif et osons le mot, visionnaire, comme Black Magic Design pour apporter aux gens d'image (du moins une partie !) leurs outils de création.

Avant de partir sur la route avec cette Pocket Camera, je continue l'exploration de la BCC. Si elle simple d'usage il faut maitriser son exposition, les "trucs" de sa mise en oeuvre, l'étalonnage  des rushes en terme de qualité, les workflows.  Je serai fin prêt pour assurer la formation prévue avec 5Formation du 10 au 14 juin avec un design du support de formation très "constructiviste" pour être en phase avec cette caméra de/pour l'avant garde ! :-))

D'ici là je  me repaît  de la beauté des images de la BCC, une beauté émouvante qui caresse l'âme, et avec laquelle le N&B devient somptueux, surpassant la réalité.

Site de 5Formation  : http://www.5formation.com
L.E.S.S ; http://blognotedunvideaste.blogspot.fr/2011/11/less-leger-engage-sobre-subtil.html

mardi 2 avril 2013

La peau, enfin...













Depuis une semaine la BlackMagic Cinema Camera  trône chez moi...premières images....des d'images d'essais pas encore des image de sens, mais déjà éblouit  par les résultats... La  Black Magic a  une dynamique impressionnante (13 EV annoncé, 10 assurés)  et grâce au 422 10 bit Pro Ress HQ ou Raw, une latitude  phénoménale à l'étalonnage, les masques HSL  qui se font comme par magie (noire bien sûr !),  et une peau qui est enfin une peau.....

ll y a de l'Apple dans cette camera,  quant a son ergonomie : 4 menus avec 5 items chacun. Rien d'autre, mais il y a tout. 
La BCC n'est pas  exempt de défauts : tous les objectifs EF ne sont pas compatibles, batterie un peu faible,  écran peu visible, saisie laborieuse des meta data, obligation d'ajout de poignée entre autre... mais avoir cette qualité d'image  pour 2500 euros cela vaut le coup de passer outre ces défauts qui sont pour la plupart des défaut de jeunesse  du produit.

Le plus grand regret  est que la BCC ne sera jamais une caméra d'épaule, même avec de dispendieux rigs, dans  ce domaine le seul recours possible serait qu’AATON sorte une D Minima....

Loin des tests bricolés, des laborieux comparatifs,  des discussions sans fin des forums, un chef opérateur américain, Ryan E. Walters, qui utilise et maîtrise 3 caméras (ALEXA / RED / BCC), indique sur son blog  que pour lui la matière, la texture de l’image de la BCC est proche de celle de l’ALEXA, un beau compliment pour cette caméra...

Dans le domaine du film institutionnel, où petitement j'oeuvre, le Canon 5D MKII avait donné la profondeur de champs à ces films a petit budget apportant une nouvelle esthétisme. La Black Magic Cinema Camera ouvre un nouvel univers créatif, et avec sa texture d'image proche du celle du cinema,  l'humain va s'en trouvé mise en valeur..


Le blog de Ryan E. Walters qui regorge d'informations techniques, d'explications  sur l'exposition, la  dynamique des capteurs, de profils Sekonic et plein d'autres choses ! : http://www.ryanewalters.com
La photo est de Sébastien Godefroy


dimanche 20 janvier 2013

La caméra dans les étoiles



Dans le numéro de Télérama du 5 janvier 2013 (1) JP Beauviala parle de sa nouvelle caméra Aaton Penelope. On y apprend que le capteur qui équipe cette caméra est réalisé par une société canadienne dont les capteurs équipent les sondes Curiosity de la Nasa  pour explorer Mars, la Nasa  devant avoir une grande précision dans la colorimétrie...

La Black Magic Camera  a aussi un capteur qui a un rapport avec les étoiles, car  utilisé dans une gamme de téléscopes. Jolie filiation, du ciel à la terre,  de la lumière morte des étoiles  à celle vivante de la terre, que nous captons du même regard.

Dans les années 80  on parlait des caméras Aaton dans "Les Cahiers du Cinema" ( à relire les  fameux entretiens entre  Beauviala et Godard au sujet de l'Aaton 8/35 dans les  Cahiers du Cinéma N° 348 et 350 de 1983 ),  aujourd'hui c'est dans Telerama.... étrange  glissement du cénacle de la Nouvelle Vague,  à l’agora 2.0 du web...


(1) http://www.telerama.fr/cinema/aaton-la-camera-qui-redonne-du-grain-aux-images,91462.php

dimanche 23 décembre 2012

Le cinéma de Raymond

















Il y a 2 ou 3 ans voulant filmer New York, j'avais voulu visionner le "New York" de Raymond Depardon. Ne le trouvant pas d'une manière unitaire, j'avais du acheter le pack complet "Depardon Cinéaste" chez Arte Video...... Quelle déception au visionnage de  ce film : 9 mins  / 3 plans / Départ de Manhattan en  fin de journée  par le Roosevelt Island Tramway / Interminable plan fixe de gens  dans la rue/  Retour Manhattan par le Roosevelt Island Tramway de nuit. Et la voix off  de Depardon qui nous apprend qu’il n’est pas arrivé à filmer cette ville. et qu’il n'a  conservé  que ces plans...Ces 3 plans qui pour les critiques intello-cinephiles étaient sublimes, of course.

J’ai pris en grippe ce coffret et ne l'ai plus consulté,  jusqu'à dernièrement à la suite de «Lettres d’amour en Somalie" de F Mitterrand,  j’ai regardé « Empty quarter / Une femme en Afrique «  de Raymond Depardon, ce film me semblait en résonance avec celui de F Mitterrand. Divine surprise, le visionnage de ces images  fut une révélation. Si Je n’aimais pas  le cinéma de Depardon, (trop de flagorneries culturo-intellectuelles, trop d'encensement aveugle, trop de maniérisme), le cinéma de Raymond est beau et attirant.

Pourquoi filmer en Afrique ? pour l'ombre assurément, le lacis des pénombres...
Le cinema de Raymond n’est pas celui de la narration, il est celui de la lumière. La lumière est au service de la narration. La narration est la ponctuation de la lumière, des pénombres, des interstices lumineux, des glissements d’obscurité. Ses films ne sont pas à regarder, mais a ressentir, à percevoir. A regarder avec l'âme.


Elle. Elle s’appuie sur la jeep. Ensablée. Elle. Elle est verticale. La jeep est penché vers l'avant. Tout est immobile. La composition est celle d'une photographie. D'un tableau. Seule la robe bouge au vent. Doucement. Et ce mouvement est celui du sens.

dimanche 11 novembre 2012

Lettres d'amour en cinéma















Revu avec délice "Lettre d'amour en Somalie" de Frederic Mitterrand. Plusieurs délices se mélangeant.
Celui du 16mm, sa restitution de la dynamique de la scène, sa matière colorée et dense, ses écarts de balance des blancs. 

Celui de la beauté de l'écriture, si émouvante et pourtant sans pathos. 


Celui de la voix de F. Mitterrand nasale et lente, voix maîtrisée mais où parfois l'émotion du réel effleure la narration, échos subtils du souvenir. 


Celui de l'entrelacs de deux malheurs celui d'un pays et  celui d'un amour perdu. 


Celui d'un cinéma pur, qui loin des mouvements de camera alambiqués (tyrannie  actuelle du slider, de la grue  et du drone)  se construit avec de large aplats de plans fixes, à la parfaite composition, où nul ennui survient, car les mots et l'image, se donnent, s'offrent au regard, à la pensée. Car le plan fixe est à la prise de vue ce que le cut est au montage, la pureté extreme de l'expression, la forme du juste regard.


Celui de la voix off, une scansion continue et changeante, enveloppante  de présence, cette présence qui fait de nous ce pays, qui fait de nous cette douleur. 


Celui du mélange d'écritures, celle des mots et celle des images, tissages des sensations, intrication des sentiments.


"Lettres d'amour en Somalie",   comme une leçon de cinéma  épuré des scories de la marchandise et si une douleur d'amour peut donner cette beauté, alors elle vaut d'être vécue.

dimanche 2 septembre 2012

Route One / France























J'ai revu " Route One / USA" de Robert Kramer. Réactiver mon regard. Revenir aux sources. Se ressourcer. Un peu de désespérance aussi à voir qu’en 22 ans, l'Amérique ( le monde ?) n'a pas réellement changé : misère, ségrégation sociale, WASP dominateurs, conservateurs fanatiques, travail aliénant.... Mais ce qui est poignant c'est les rencontres de ces pépites Humaines qui, dans la fange du Monde Capitaliste, font briller la solidarité, l'espoir, l'entraide, le partage, et si le monde ne changera pas, du moins elles auront ouvert des brèches de bonheur, apporté des brisures de lumière.


Beauté des plans et beauté de l'image. Filmé avec une Aaton super 16  (et gonflė en  35 MM),  l'argentique nous offre sa grande dynamique, et surtout et surtout sa matière. Cette espèce de densité de lumière, ce coulis  de couleurs, cette viscosité de la réalité, qui rassasie le regard. Image organique,  minérale, vivante, porteuse d'émotion. L'image numérique reste, à mes yeux,  moins goûteuse, plus rêche, plus sèche.


En comparaison le film " La pluie et le beau  temps» d’Ariane Doublet (film qui fait partie de sa belle  «Suite Normande «) tourné en XDCAM je suppose, offre une image vide, voire distante alors que l'on filme des gens, leur histoire. Au delà de l'absence de profondeur de champs et de la faible dynamique,  cette image vidéo semble plate, frêle, fragile ;  on ne la croit pas capable d'étayer le propos, de soutenir  l'histoire. Comme une absence elle se greffe sur le regard. Le média et l'image sont intimement liés,  leur union est la matière du regard.


Par curiosité et intérêt j'ai regardé, analysé «Route One / Usa»  sous Résolve 9 ( bien que sachant que  j’étais loin, très loin des originaux...). 
Mon premier étonnement  est qu’aucune balance des blancs est juste. Ce n'est pas des gros écarts,  juste une petit dominante, mais face à la précision chirurgicale que l'on peut avoir en étalonnage numérique, cela surprend....et quand je la rétablis et bien 8 fois sur 10 le décalage était plus plaisant ! Comme quoi l'imprécision est porteuse d'esthétisme...

Autres étonnement, l’image très peu saturée et pourtant les couleurs ont une belle présence. Jamais de noirs écrasés, jamais de blancs clippės ( le wavefom du 5D souvent me désole, car la  moindre d'erreur donne des noirs écrasés), et puis des niveaux jamais élevé toujours autour de 70%  (est ce le processus de masterisation ? ) et pourtant l'image n'est pas sombre et contrastėe juste ce qu'il faut....
Du mal à revenir au 5D....peut être que la BMD ou la C100 (à défaut d'Alexa !!!! ) me soulagera de ce spleen argentique ?


Avec l'ami Raymond (Depardon) un parcours en France, se solde par des belles photos léchées, faites à la chambre grand format. Un rien figé, un rien maniérė,  la Touche Culturelle Française je suppose, cette espèce de suffisance Française qui voit le monde au travers d’un désir esthétique prétentieux et donneur de leçon... Contraste avec «Route One», vision dynamique d'une société, analyse en mouvement, sans pédantisme. Montrer. Juste montrer. Bâtir la réalité à partir du regard et non de son interprétation. Donner à voir l'illusion du monde, et non donner l'illusion de voir le monde. Peut être  aussi que si il y avait 5000 km entre le nord et le sud de la France, nous aurions des Kramer plutôt que des Depardon. À nous de tracer cette route d'images.